Cedric Vardon

La peinture de Cédric Vardon équivaut à une plongée volontaire dans le cosmos. Rien n’y semble jamais dissocié de ce qui l’entoure. Dans cet univers organique, où la courbe prend sa revanche sur la tyrannie rectiligne, chaque forme dessinée s’inscrit comme une cellule vivante dans un ensemble sans limite. Si chaque thème traité utilise un espace apparemment conforme aux conventions de la peinture, le sujet n’est en rien circonscrit à ce cadre et semble s’y épanouir d’une manière autonome, dépassant largement l’écrin qui paraît l’enserrer. Cédric Vardon semble vouloir nous dire qu’en ce monde, tout est relié, dépendant d’un système d’échanges dont nul être ne saurait s’abstraire sans se mettre soi-même hors-je(u). Cela fonctionne un peu comme l’électricité dans les neurones.
Entre scientisme et spiritualisme, quel chemin prendre ? Fier de ses connaissances et des machines qu’il a créées, l’homme moderne s’est cru au-dessus des lois de la vie, pensant qu’il pouvait, sans aucune restriction, annexer la planète qui pourvoyait à sa survie. Nous savons désormais l’impact de son action sur notre environnement. Des équilibres se sont rompus, mainte espèce se trouve menacée et les ressources disponibles se réduisent dangereusement, sans parler de l’état de l’air. Aucun geste humain n’est sans effet sur l’avenir. Mais rien, non plus, ne semble totalement irréversible.
A travers un geste artistique, Cédric Vardon fait affleurer quelques questions qui nous apparaissent essentielles. Il n’a en rien tourné le dos à l’émerveillement de l’enfance. Pour sibylline qu’elle puisse paraître, l’expression poétique dont il accompagne ses « images » se présente comme une multitude de flashes, à l’exemple des sollicitations, souvent contradictoires, que reçoit le néocortex. Cette écriture exige une lecture attentive, effectuée sans à-priori. On y décèle de stupéfiantes formules qui, en bousculant nos habitudes, nourrissent notre imaginaire.
( c ) Luis Porquet ( 2015 )
Critique d'art, écrivain .