Piero Cipolat

Piero Cipolat est un artiste italien qui prend le parti d'utiliser divers matériaux pour trouver de nouvelles solutions techniques et artistiques.

Kandinsky, Malevitch, Mondrian puis le Bauhaus et d'autres mouvements tels l'Art Minimal, l'Art Concret l'ont amené à réaliser des œuvres avec différents matériaux dans une remise en question et une recherche permanente. Profondément Mahdiste, il prône un art libéré de ses carcans, ludique, inventif et toujours en devenir.

L'Afrique, pays de sa naissance, l'a aussi beaucoup influencé : cette culture africaine restée dans son cœur et dont il a été imprégné (tels les tapis Shoowa avec leurs motifs géométriques qu'il considère comme les précurseurs du cinétisme) et lui a permis de créer et de réinventer des formes.

Il a toujours voulu créer cette résonance entre l'Afrique et l'occident, ce choc entre ces deux cultures. L'Afrique l'a influencé, c'est certain ; il en va de même pour la culture occidentale.

Il devait avoir une dizaine d'années lorsque qu'il est arrivé à Venise où il a découvert ce musée à ciel ouvert. Les mêmes sensations se sont révélées à Rome. Dans le domaine de l'histoire de l'art, tout commence avec des artistes comme Giotto, Masaccio puis, bien sûr, la renaissance avec Véronèse, Michel Ange, Léonard de Vinci, Raphaël... qui lui ont permis de découvrir cette beauté de l'art avec un point d'orgue lors de sa rencontre avec une Arlésienne de Van Gogh.   

Le triangle, le carré, le cercle, la ligne et la courbe sont sa palette pour créer un nouveau monde imaginaire, pour transformer l'espace et la couleur. Il travaille sur les notions de transparence, de lumière, de reflets et de distorsions pour altérer la perception et solliciter les sens. Il cherche à trouver un mouvement continu au-delà du visuel, pour déstabiliser la confrontation entre le regard et l'objet, entre le spectateur et l'œuvre, et ainsi créer une interaction entre ces 2 pôles par l'utilisation de structures planes, concaves, convexes, de plans articulés mobiles ou amovibles... 

Pour les sculptures, le travail sur l'espace est assez complexe. L'œuvre doit pouvoir s'intégrer pleinement dans différents lieux, qu'il s'agisse d'une galerie, d'installations en milieu urbain ou dans la nature. Elle doit recréer un espace dans l'espace. Concernant le public, la quête est toujours de trouver et de créer une interaction avec le spectateur afin qu'il puisse s'approprier l'œuvre. C'est l'équation entre le temps, l'objet, l'espace et le spectateur qui donne son existence propre à l'œuvre. Les sculptures « Messages » illustrent parfaitement cette appropriation et apportent une nouvelle dimension symbolique, sociale et participative.

Dans ses œuvres en Altuglass, la lumière intervient sur les objets et leur environnement. Elle n'a plus seulement une fonction dogmatique d'éclairage, mais participe pleinement à la création d'un espace nouveau. Elle pénètre dans les transparences et rebondit sur les signes et les matières. Elle communie avec les objets en créant des espaces clairs et obscurs, colorés et transparents. Elle donne naissance à des ombres portantes, traces de la réalité qui envahissent l'œuvre et empiètent même sur son environnement. Les effets obtenus sont générateurs d'illusion de mouvements et font apparaître l'œuvre en 3 dimensions.

De même pour les œuvres numérisées, il réalise d'abord une matrice qu'il déstructure puis en étudie les formes, les couleurs, les distorsions et les possibles variations pour créer une nouvelle illusion.

La métamorphose s'opère par le mouvement du spectateur, dans son changement de point de vue, pour arriver à deux visions du monde, l'une objective et l'autre imaginaire. Cette confrontation est l'élément essentiel pour donner à l'objet une totale liberté et créer ainsi l'illusion.

Il s'agit de créer, inventer des nouvelles formes, de nouvelles matières, de nouvelles techniques. Élargir cette grande palette de possibilités infinies pour animer la couleur et la forme afin de provoquer une nouvelle esthétique et une nouvelle manière de traiter le réel.

On retrouvera cette démarche dans toutes ses œuvres, qu'il s'agisse des sculptures, des plexiglas, des œuvres numérisées ou des œuvres sur toile travaillées avec matières ou autres.

Pour conclure, Piero Cipolat est le résultat d'un métissage entre l'art occidental et les arts premiers. Toutefois, l'artiste insiste sur le fait que comprendre et chercher à expliquer l'art, n'est pas une raison en soi et il pense qu'il ne faut pas toujours chercher à vouloir dévoiler ce rare mystère de la vie que l'art nous propose et nous laisse en héritage.