Léopold Survage

Ancien étudiant des Beaux-arts de Moscou, une rencontre détermine son parcours, celle du célèbre collectionneur russe, Chtchoukine (friand de Manet, Gauguin, les impressionnistes, Matisse…). La découverte de Matisse pousse Léopold Survage a quitté Moscou (la ville où il voit le jour en 1879), pour Paris (là il s’éteint dans la nuit de 1968). La ville des lumières lui livre deux choses : une éducation artistique sous le chef du fil du fauvisme (celle de Matisse), ainsi qu’une inspiration impressionniste (celle de Cézanne).

Une fervente amitié avec le spécialiste des calligrammes, Guillaume Apollinaire lui ouvre les portes du cercle de la baronne d’Hélène d’Oettingen, doublée d’une proximité avec André Salmon, Pablo Picasso, Sonia Delaunay… Ce cercle l’imprègne d’une veine cubiste. Apollinaire salue cette maîtrise : « Nul n'a su mettre avant lui dans une seule toile une ville entière avec l'intérieur de ses maisons. ». Léopold Survage superpose à cet héritage cubiste une tendance surréaliste, symbolique ainsi qu’un classicisme des Ballets russes. Ce mélange d’univers hétéroclites trouve son empreinte sous ses Métaphores plastiques, qui ne sont pas sans évoquer « les transparences » de Picabia. Ses métaphores frôlent la fable philosophique lors de son Homme entre l’ange et la bête de 1952.

Féru d’une peinture à l’émulsion de caséine, il l’use lors de sa première exposition en 1911, et y arbore les principes du « rythme coloré » qui établit une analogie entre la forme visuelle et la musique. Il lance une revue autour de ces « rythmes », éditée par Apollinaire. Il expose, d’ailleurs avec le cercle cubiste lors du salon des indépendants de 1912. Dix ans plus tard, l’artiste multiplie les décorations d’opéras (l’Opéra bouffe de Stravinsky) ou de théâtres sous une commande de Louis Jouvet et de sa réinterprétation de l’Ecole des femmes de Molière. Son champ d’exploration prolifère sous une commande de dessins pour la maison Chanel, une composition d’une crucifixion pour une cathédrale en Finlande et une réalisation de panneaux monumentaux pour le palais des chemins de fer à l’Exposition des Arts et Techniques de Paris.

La date du 12 mars 1963 érige Léopold Survage comme officier de la légion d’honneur.