Kristina Kostadinova

Formée en illustration et en design, Kristina Kostadinova a choisi de travailler avec différents médias pour transmettre ses idées au-delà du visuel. Dans cette optique d'expérimentation artistique, le médium photographique est ainsi au coeur de son livre de photographies "Amnesia".

A propos de ce livre, elle nous livre les propos suivants : « la célébration d’un anniversaire soulève toujours des questions à propos du passé, du présent et du futur.
Le cliché selon lequel « une nation qui ne respecte pas son passé ne peut pas respecter son passé » est malheureusement vrai. En Bulgaria, il existe plus de 150 monuments construits entre 1945 et 1989 par le parti communiste bulgare. En 2009, nous avons « célèbré » les 20 ans de la « démocratie ». La plupart de ces monuments sont dédiés à l’armée soviétique et aux rebelles communistes. Certains ont été défigurés et mis en pièces par les bombes et les mitraillettes. Ces vestiges gigantesques se dressent toujours, fantômatiques, figures errantes et invisibles. Aujourd’hui, la nation est étourdie, distraite.
Pas de devoir d’entretien…Pas de devoir de mémoire…

Durant un mois, j’ai visité plusieurs monuments et mémoriaux célèbres de Bulgarie. A travers mes photographies, j’invite les spectateurs à regarder attentivement et à participer comme ils le souhaitent. Nul chronologie ou ordre précis. Je photographie ce que je vois, brut et réel. Sans m’impliquer vraiment personellement.

Mais au fil de mon voyage, je suis allée au-delà de la photographie documentaire : le réel et l’imaginaire, la brutalité et la tendresse, l’oubli et le souvenir, l’homme et la femme, l’amour et la haine, dehors et dedans, l’ombre et la lumière, lointain et pourtant si proche. J’ai vu mon pays comme un no man’s land.
La narration est ouverte et encourage le spectateur à écrire une histoire, celle du passé bulgare oublié et du présent de la réalité post-soviétique. »