Tommy Zen

500 ans séparent Tommy Zen de ses ancêtres potiers néolithiques. C'est pourtant le même genre de bobinage qui se répète et les mêmes pigments qui sont utilisés: terre de Sienne et terre d'ombre, les rouges foncés des vases Hacilar, le noir de jais des céramistes ciliciens.

Les formes de l'œuvre de Tommy Zen puisent aussi dans les origines de l'humanité, à tel point qu'elles ressemblent à des vestiges mis au jour par un archéologue passionné. Amphores émaillées dans lesquelles les marins phéniciens conservaient de l'huile, de la poterie rouge du peuple d'El Ran, d'énormes pots de stockage de la civilisation crétoise, des vases de Ninive aux longues jambes effilées, des urnes cinéraires que l'on trouve dans les tombes tibéto-birmanes, des puits avec des viroles qui jouaient un grand rôle dans le développement des villes de l'Indus ...

Son inspiration peut être diverse, mais elle génère un travail qui porte à chaque fois un étrange et fascinant pouvoir d'évocation. Hiératiques et mystérieux, les grands vases de Tommy Zen dérangent notre subconscient. Ils nous rappellent ces temps anciens où la maîtrise des forces magiques de la nature et de l'univers envahissait chaque événement artistique.

Ce sont des objets qui transcendent leur vocation domestique pour atteindre la cosmogonie: source de vie comme récipients d'eau et de provisions, repos éternel dans les secrets des urnes funéraires. Ce sont les vases de libation qui apaisent les esprits malveillants, les vases offrant de la nourriture aux âmes des morts, les vases rituels des chamans et devins. Certains rougissent comme le cœur des volcans à demi endormis; d'autres font briller leurs flancs comme des armures barbares où se conjurent d'improbables voies lactées.

D'autres encore ont la patine chaude des meubles anciens imaginés dans des pièces sombres parfumées au bois de santal: l'éclat des bleus aigus justement appelés «prussiens», les jaunes qui palpitent au-dessus des rues napolitaines les jours ensoleillés. Ce sont ces objets qui permettent d'échapper à la vie de tous les jours. Les ébénistes - de père en fils, génération après génération - composent la famille vénitienne de Tommy Zen.

Avec le sang du menuisier, il ne peut mentir: à l'émail et au vernis traditionnel, le céramiste préfère les enduits et la dorure des meubles de luxe. Il emprunte les oxydants sur des feuilles de bronze ou d'argent de la Renaissance italienne et, de la Chine ancestrale, les vernis laqués qui créent des nuances profondes dans lesquelles l'œil se perd. Avec la fusion de nombreuses techniques développées depuis plus de vingt ans, des pièces pas comme les autres naissent, des pièces dont les surfaces insondables ne doivent rien aux émaux conventionnels.

Chaque pièce est entièrement poncée à la main et cuite à haute température (2200 ° F), ce qui augmente sa résistance aux chocs. Les tailles varient de 36 à 144 pouces de hauteur et 29 à 60 pouces de diamètre. Côté forme, tout est possible: du planteur de palmiers aux thermes romains; il en va de même pour la couleur - pigments ou oxydants - et la texture de surface.