Présentation

Ce T-shirt blanc, suspendu au cintre d’un grand magasin Parisien, je ne sais pas pourquoi, mais il attise ma curiosité ! Il est là, et ils sont tous là pour lui ! Malgré la chaleur du mois de juin 2011. J’observe, cette valse incessante de personnalités enthousiastes, qui fait la queue derrière la caisse, T-shirt à la main dans ce vacarme difficile à supporter.

Je m’approche du cintre, et je le décroche délicatement. Eh ! C’est un T-shirt est coton, blanc, quel est le problème ? Il est même strictement identique à celui que je porte sauf qu’il n’a pas de marque, pas d’étiquette, et il n’a pas de signes distinctifs.

Et bien Le Problème C'est Son Prix
J’ai beau lire 1623 euros mon cerveau lui, comprend 16 euros 23. Lorsque je vois le nombre de personne T-shirt à la main, je me dis qu'il y a un réel problème! Est-ce l’absence de marque qui est la justification du prix ? Je n’en sais strictement rien ! J’ai ma main qui se tétanise à force de le porter à bout de bras. Je regarde le visage d’un homme à côté de moi, qui me sourit. Il ne perçois absolument pas mon interrogation profonde. Je le fixe et je le regarde passer en revue les différentes tailles de t-shirt.
Je me met à sourire, puis à rire intérieurement.

Mais s'ils avaient raison ? Et si ce T-shirt était plus qu’un T-shirt ? A moins que le t-shirt ne soit pas le problème. J’affiche sur mon visage un sourire béat, que je ne me quitterais jamais plus. Je me dis, c'est génial, et j'entends ce que Dieu aurait pu dire il y a 13 milliard d'années,

Ça Commence Bien !
Je viens de découvrir une nouvelle terre inexplorée où tout devient possible. Je veux moi aussi créer des T-shirts blancs, encore plus incroyables, car les miens seront blancs, mais avec en plus... Une manche à droite et une manche gauche.

Je pense que je vais changer de métier pour pouvoir transférer l'esprit du T-shirt blanc et l'appliquer partout. Je serais Délesteur, pour aider les autres à se débarrasser de tout.

Plusieurs mois d’interrogation après, je décide de quitter mon métier de consultant en organisation des entreprises, après 10 années passées en cabinet de conseils, et je commence un nouveau métier tout en étant marié, avec 3 enfants, bientôt 4, un crédit à, rembourser et sans un sou de côté.

Les craintes familiales forment des turbulences d’autant plus fortes que mon explication de la raison profonde n’a pas de sens pour eux. Il n’y a pas de remise en question de ma vie, il n’y a pas de burnout, il n’y a pas de crise de la trentaine, mais il y a une évidence pour moi, une sorte de synthèse entre mon esprit et ma vision de la vie.

Pour mon entourage, Il est impensable de mettre en danger toute une famille sous prétexte de vouloir explorer une terre inconnue. Mes amis me prennent pour un fou et je me heurte à la rationalité des gens, ce qui a l'effet inverse et me donne encore plus de courage.
La plus part pensent d’ailleurs à une blague, à des histoires, personne ne me croit.

En plus des freins de mon entourage, s’ajoutent les difficultés administratives. Je dois enregistrer ma nouvelle activité, mais Il n’y a pas de case pour moi, il n’y a même pas le cas « autre activité » et on me propose peintre en bâtiment ou coach sportif.
Finalement j’ai trouvé la case « autre activité » mais elle se trouve à la Maison des Artistes et cette case s’appelle... Artiste.

Le 13 novembre 2011 à 20h17 Mohammed M. m’achète en ligne, un T-shirt blanc, qui comporte une manche à droite et une manche à gauche, tel qu’il est présenté sur mon site internet. J’ai peine à le croire. Je pense à une erreur. Je vie à nouveau l’émotion ressentie quelques mois auparavant, dans ce magasin parisien. Je repense à ce que Dieu aurait pu dire en créant l'Univers. "ça commence bien."

Je regarde ma femme pour lui dire qu’une personne que je ne connais pas vient de m’acheter un T-shirt à 1718 euros (en plus d'être blanc, il a une manche à droite et une manche à gauche il est donc plus cher)

Je venais de passer de l'autre coté
Je confectionne le premier T-shirt blanc avec une manche à droite une manche à gauche et l’expédie à mon client. Mon réel plaisir est d’avoir vendu le premier t-shirt avec une manche à droite et une manche à gauche, c’est-à-dire conformément à sa description. Je travaille dur, très dur pour enrichir ma collection et créer des produits et services à partir des demandent de personnalités qui s’adressent à moi par mon site internet, dans un esprit "T-shirt blanc" Pour chaque demande, j’applique les mêmes règles et processus que je mettais en place dans les entreprises pour fonctionner comme une grande entreprise.
Je reproduis rigoureusement, le principe de création du T-shirt blanc, à toutes mes œuvres.

Autodidacte, Je ne suis pas issu d’une école d’art. Je ne connais absolument pas ce milieu, et je ne connais personne. J’entre dans des galeries, pour sonder le marché, poser des questions, mais cela ne m’apporte pas grand-chose. Un jour une petite galerie en bas de chez moi s’installe. Deux passionnés se lancent dans l’aventure et recherche des artistes de quartier. Ils m’expliquent le concept à vouloir privilégier la proximité.

Ils semblent être admiratif par mes recherches, me félicitent et me proposent de présenter mon travail pendant 3 semaines.

Je suis très heureux et cela me dynamise. Régulièrement je les aide également à se développer, fait la promotion de la galerie.
Le premier artiste à être exposé, est une étoile dans l’art qui habite non loin de la galerie. C’est une chance, car il devient le cheval de bataille de la galerie. Lors du premier vernissage, le Galeriste expose ses intentions et énumère les prochaines expositions.

Il faut miser sur les valeurs sures
Je ne figure plus dans la liste. Il faut miser sur des valeurs sures me dira-t-il! D’une main, j’ai été balayé, et je commence à comprendre que pour pouvoir travailler avec une galerie de nombreux problèmes vont être à résoudre.

Je retrouve en un instant, tous les codes, les comportements, les postures que j'ai laissées derrière moi, lorsque je faisais du conseil. Je réalise que l’idée que je me faisais du monde de l’art était fausse.

Mais je continue, et persévère. Je décide de contacter une galerie parisienne, et propose de montrer mon travail, pas nécessairement pour exposer mais pour être apprécié. « Nous n’exposons que les artistes célèbres ou décédés » cela tombait bien, car j’appelais de l’au-delà répliquais-je.

Lorsque l’on avance dans son travail, il n’y a rien de pire que le doute. Je commençais à douter par cette absence de reconnaissance. Je n’ai pas souvenir dans mon entourage d’amis avoir reçu des encouragements. D'ailleurs, cela ne les intéresse absolument pas.

Alors parfois, pour exposer, je place mon travail sauvagement dans des expositions, en plaçant discrètement une œuvre, comme lors d’une exposition réalisée dans le musé des Bernardins à Paris.

Les mois défilent, mes parents m’alertent en me disant que je suis en train de me clochardiser, mais je ne peux plus revenir en arrière. Jour après jour, je développe mes collections, en travaillant chez moi. La peinture à l’huile n’est probablement pas le médium le mieux adapté, l’odeur incommode ma femme. Il m’arrive de terminer mes toiles dans la rue par terre. Parfois dans les squares à Paris. J’entre dans une période où je produis, sans même savoir pourquoi, sans me poser de questions, ou chaque œuvre est accouchée dans la douleur. Je développe d’autres pratiques et commence à créer des applications, véritable interface avec la réalité.
Je n’essaye plus d’entrer en contact avec des galeries, j’ai heureusement internet qui me permet de vendre parfois.

Chaque jour, c’est le même cérémonial. Je consulte mes messages laissés sur mon site internet, qui me servent de base de réflexion dans la construction de mes œuvres. Chaque jour je croise les doigts pour que tout ne s’arrête pas du jour au lendemain. J’y crois. Une vente réalisée agit comme un électrochoc que l’on produit sur un corps inanimé. Mon cœur se remet à battre pour quelque temps. Depuis un an je vie donc sur le fil du rasoir.
Je survie par des ventes réalisées de temps en temps.
Depuis peu pour une trentaine d’euros, je vais jeter des pavés dans la mare que des anonymes me commandent et la logistique n’est pas facile à faire.
Cette fin d’année sera particulièrement difficile. Tout d’abord sur le plan financier, j’ai un redressement fiscal de 30 000 euros estimé pour ne pas avoir déclaré la TVA.

Je ne savais pas que les artistes devaient payer une TVA, mais de combien est-elle lorsque "je dors pour quelqu'un" ou lorsque "je ne vends rien pour 30 euros", en effet lorsqu'un client achète rien, quel taux de TVA appliquer ? 5,5% ou 20% ?

Un véritable cauchemar pour l'administration fiscale et moi, d'ailleurs insoluble, et qui m'a fait perdre six mois de travail entièrement consacrés au fisc. Parallèlement, mon atelier est perquisitionné, par l’inspecteur Christophe B et jean Claude T sous mandat du Ministère de l'Intérieur.
Lorsqu’ils pénétrèrent dans mon atelier, j’ai d’abord cru à une aide envoyée par l'Administration, pour solutionner mes problèmes de TVA.

J’ai très vite déchanté. Deux inspecteurs Experts, en enquête de filières, conduisirent un interrogatoire et une saisie de documents et d’œuvres. Pendant 3 heures nous avons passé en revue toute ma production.
« Lorsque vous jetez un pavé dans la mare, qu’est ce qui nous prouve que vous jetiez réellement un pavé dans la mare ? Vous indiquez que la mare a une superficie de 800 m2, l’avez-vous mesurée ? Fournissez-nous la preuve que vous avez utilisé des produits bios, pour peindre un tableau intitulé 100% bio ? Fournissez-nous les preuves que lorsqu’une personne achète « rien » pour 80 euros elle ne reçoit rien, combien de temps dormez-vous, lorsque vous dormez, pour quelqu’un d’autres ? Quel est la composition de votre suppositoire, car vous comprenez, si quelqu’un l’utilise cela pourrait être dangereux (il mesure 1m70 et pèse 40 kilos)… »
Il me laissèrent 15 jours pour réunir toutes les pièces justificatives, tous les certificats avant de revenir.

J’avais la voie qui tremblait en répondant encore une fois à leurs questions, lors de cette deuxième visite, car pour moi, ils étaient venus me demander de mettre fin à mon activité d’artiste dérangeant, ou me mettre en prison.
« Vous n’avez pas le droit de ne rien vendre, et ce qui nous pose problème c’est lorsque vous installez des distributeurs d’arrêts maladies dans des entreprises »

L’ambiance étant plus détendue en fin d’interrogatoire, Ils m’expliquèrent qu’une demande d’enquête venant de très haut avait été demandée et Ils m’avoueront avoir enquêté pendant une semaine.

« Vous M'avez Mis Sur Ecoute ? »
Pas de réponses.
Ils partirent après m’avoir remis le procès-verbal, en m’indiquant que je serais convoqué pour la remise du rapport. Était-ce la fin de ma vie d’artiste ? Je n’ai toujours pas été convoqué.

Cette aventure inimaginable venait de donner une crédibilité certaine à mon art. Pour beaucoup, ce que je fais n’est pas possible, fait rire ou ne peut pas être compris.

Tout ce que je créé, est réel, et fait très sérieusement, sinon cela n’a pas de sens pour moi, comme l’enquête l’a démontré. Je suis devenu en quelque sorte, un artiste accrédité par le Ministère et cela me donne encore plus d’élan.

Sensible à mon art, un ami me propose de me faire rencontrer une amatrice qui organise des événements entre artistes et collectionneurs lors d’événements périodiques, dans un somptueux hôtel parisien.

Je rencontre cette collectionneuse qui me fait entendre que ce que je fais est « génial » et plusieurs autres rendez-vous sont organisés pour monter une rencontre. Ç’est une opportunité inespérée et je suis heureux de pouvoir présenter, une première pièce lors d’une exposition collective.
Pour la première fois j’ai le sentiment d’avancer.

Lors de cette soirée, beaucoup d’invités me questionnent, et les discussions aboutissent très souvent sur des rires, ou des incompréhensions totales. Un mois après, deux grands collectionneurs viennent me voir spontanément dans mon atelier. Ce que je pensais être une simple visite de courtoisie allait se transformer en rêve.

Je n’imaginais pas le moindre instant pouvoir vendre mon travail directement. Le plus déroutant, a été l’achat spontané des collectionneurs, se comportant comme dans un supermarché. « Je vais prendre ça puis ça…»

J’avais parfois envie de dire « non vous n’allez quand même pas acheter ça, c’est pas terminé ».
Cette scène est pour moi irréelle.
Mais cette rencontre directe n’avait pas plu à tout le monde et surtout pas à l’organisatrice de l’exposition, et même si j’avais indiqué exposer actuellement dans un hôtel parisien, les collectionneurs n’avaient que faire. « Nous faisons ce que nous voulons quand même » Malgré moi, cette rencontre avait conduit à mon éviction, même si aucun contrat n’a jamais été signé ni discuté.

Dans le monde de l’art que je découvre , tout va très vite. Je me retrouve dans une situation incertaine quant à ma possibilité de présenter mes recherches. La situation devient très sombre, et la rédaction de dossier en vue de participer à des concours est ma seule activité. Je travaille jour et nuit pour rédiger des dossiers.

J’envisage un concours dédié à la sculpture en bronze. Je présente Excalibur, un aspirateur, au manche emboîté dans son corps, pour répondre au sujet imposé, de l’Audace.

Pour moi, il est évident que l’élu sera celui qui réussira à extraire le balai d’aspirateur, de son corps. Même si je ne m’attendais à perdre, la tristesse a été de constater personne n’avait respecté le règlement. Aucun des nominés n’avaient respecté les dimensions imposées et le gagnant avait déjà exposé son œuvre en galerie, ce qui était, d’après le règlement « disqualifiant ». Cela a été une incompréhension totale pour moi, et une évidence pour une ancienne Galeriste rencontrée par hasard.

Lorsque l’on vient de nulle part, lorsque l’on a une méconnaissance du monde de l’art et lorsque l’on fait un art qui n’entre pas dans les cases, c’est difficile et les portes vous sont fermées. Je suis complètement désabusé et profondément triste. Je n’attends plus rien des concours.

Les mois passent. J’ouvre mon courrier et découvre que mon œuvre « Cell-ion » est nominée par le jury d’un concours américain organisé en France.
Elle sera exposée à la Cité des Sciences et de l’industrie à Paris.
J’ai peine à y croire, et je relis plusieurs fois le mail. Pour la première fois, j’obtiens une reconnaissance extérieure. Pendant plusieurs jours, mon œuvre est exposée et je me retrouve au cœur de l’action. Je suis heureux d’accueillir le public et d’expliquer mon travail. Il m’arrive de parler pendant des heures avec le public.

Pour moi, le lieu était tout aussi important, car ma démarche artistique est une démarche scientifique.
Cell-ion remporte le premier prix , mais la récompense, est pour moi la réaction d’un chercheur qui s’approchant de moi me glisse à l’oreille un remerciement. « Vous venez de changer ma vie ». C’est une synthèse entre ma vie de consultant tournée vers les autres, et son application à travers l’art.

La fin de l’exposition me fait entrer dans une certaine sérénité, et je suis porté par les milliers remerciements. A cet instant je comprends à quel point l’art peut transformer le quotidien des hommes. J’ai reçu également un beau cadeau, lorsque j’ai remporté un concours aux Etats-Unis. Il m’a été demandé de proposer une œuvre pour aider une petite fille handicapée. J’ai proposé pour « The Malia Project » une adaptation de mon « Grand livre Universel » ( un roman que j’ai écrit à base d'émoticônes) en application mobile, permettant à Malia de communiquer en utilisant des émoticônes.

La même année j’ai jeté mon 3000-ème pavé dans la mare, j’ai dormi 10 950 minutes pour les autres, j’ai fait 18 726 prières, j’ai diplômé 3727 étudiants, j’ai sauvé la vie à deux bonhommes de neige, j’ai recyclé 825 fichiers numériques, j’ai produit 2672 chaussettes sales, j’ai envoyé 13627 messages dans l’univers, j’ai enregistré 7698 demande de date décès, j’ai vendu 23 t-shirt avec une manche à droite et une manche à gauche. J’ai servi 58586 clients, hommes politiques, acteurs, princesse, écrivains, journalistes dont parmi eux, 1537 ont pris des indécisions.

Je suis Le Délesteur.
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L'année de naissance de l'artiste est : 1974