Yves Monnet

Inspiration…Expiration ! 

Tout d'abord j'envie les peintres qui expliquent savamment ce qu'ils font ; dans mon cas je ne vois pas comment je pourrais expliquer ce que je peins puisque je ne sais pas à chaque peinture ce que je vais faire ; je constate et j'imagine simplement que ce que je peins est sans doute dû à ma fascination depuis toujours pour l'univers, les planètes et leur composition. 

Et c'est quand j'ai commencé à peindre que j'ai découvert que ma plus grande inspiration venait des minéraux de leur structure, de leurs formes et de leurs couleurs.

Et c'est en les observant attentivement que j'ai comparé et constaté que leurs couleurs et leurs formes se ressemblent de façon flagrante, que ce soit dans le monde du macrocosme ou du microcosme, elles semblent être muées par la même force.

Je me suis alors penché sur le Chaos originel et par conséquent ce qui touche aux volcans et ce qu'il en sort. J'en suis donc arrivé à la conclusion que je peignais sans doute instinctivement, les cicatrices de la terre…la Lave, les pierres qui m'emmènent vers des horizons infinis qui m'amènent jusqu'à découvrir des paysages imaginaires terrestres ou extra-terrestres. 

J'ai donc découvert par hasard qu'une partie de ma démarche correspondait à une philosophie chinoise du "Yin et Yun" basée sur le Chaos Originel, dont voici quelques propos du célèbre peintre chinois "SHI TAO" (peintre du 16èm siècle) sur la naissance des règles du "L'Unique Trait de Pinceau". Je dirais pour ma part que "L'Unique Trait de pinceau" s'applique à la peinture en général et que sa conclusion est plutôt encourageante.

Dans la plus haute antiquité il n'y avait pas de règles : la "Suprême Simplicité" ne s'était pas encore divisée. Dès que la "Suprême Simplicité" s'est divisée, la Règle s'établit et se fonde sur "L'Unique Trait de Pinceau".

"L'Unique Trait de Pinceau" est l'origine de toutes choses, la racine de tous les phénomènes : sa fonction est manifeste pour l'esprit cachée en l'homme, mais le vulgaire l'ignore. C'est par soi-même que l'on doit établir la Règle de "l'Unique Trait de Pinceau". 

Le Fondement de la Règle de "L'Unique Trait de Pinceau" réside dans l'absence de règles qui engendre ainsi la règle ; et la Règle ainsi obtenue embrasse la multiplicité des règles. 

Mon travail est une succession de "formes difformes" nuancées. Dans cette démarche, l'expression est transmise à travers les "formes difformes" pour devenir "une forme d'expression."

Dans mon travail ce n'est pas la représentation mentale de notre monde qui est "formée." je l'ai voulu "déformée" Il n'y a pas d'objets ou des figures qu'on peut identifier dans ces peintures. Les formes difformes ne sont pas vraiment délimitées ou le sont par les couleurs et les textures, soit en fort contraste ou dans des teintes et textures nuancées.

Chaque tableau a sa propre organisation, sa propre personnalité, son propre style harmonique ou disharmonique, sa propre sorte de fragmentation, qui varient d'aigue et angulaire à doucement ou très courbée—tout comme chaque individu a sa propre perspective et vision du monde. 

Par contre, la valeur artistique de ces formes reste ambiguë et toute interprétation particulière reste subjective. Il n'y a pas de sens spécifique ni de symbolisme unique objectivement attribuables à la distribution de ces "difformes" colorées. 

Dans ces peintures, les textures qui capturent et enferment les couleurs différentes semblent être en même temps aléatoires et intentionnellement organisées. Elles sont juxtaposées et superposées, disposées sur une surface de deux dimensions pour créer si possible un effet de trois dimensions. Ces espaces remplis de couleur résistent aux platitudes et défient la prévisibilité, car chaque tableau est construit en une configuration unique avec son propre caractère pour transmettre un état d'esprit "personnel."