Olfa Chabchoub

Olfa Chabchoub donne libre cours dans sa peinture à l'expression directe de l'émotion individuelle. Une liberté du langage plastique reflétant et traduisant sa personnalité, ses goûts, sa manière d'appréhender le monde.

Il s'ensuit que sa démarche de dérive d'une improvisation qui régit désormais presque la totalité de sa création.
Les notions de préméditation et de référence à un modèle se trouvent définitivement bannis. 

Elle peint ses émotions pour donner une vision intérieure, une expression gestuelle et colorée de son aura.

De ce fait, l'artiste tente d'éliminer toute tentative de signifier afin de mettre le regardeur face à la présence, au surgissement immédiat de ce qui se tient là, une dialectique s'opère entre l'œuvre et celui qui la regarde.

Cette volonté qu'a l'artiste d'échapper aux sentiers battus, voire au pouvoir du sens, en d'autres termes à la réduction de la toile à sa valeur de signes, fait que l'œuvre lui fait faire ce qu'elle veut. 

Comme si la toile s'exécutait en elle même sous les yeux de l'artiste. Le fait est qu'elle est d'autant plus, guidée par « l'œuvre se faisant » que par la volonté délibérée de l'artiste. Ainsi la peinture dans ce sens n'a de référent qu'elle même.

Etienne Souriau décrit l'œuvre tel « un monstre à nourrir ». L'œuvre nous fait faire ce qu'elle veut, tantôt dominatrice tantôt docile, elle arrive non sans peine à voir le jour bravant de ce fait le temps, où il n'est question que d'un flirt entre le regardeur et sa propre existence.

Olfa chabchoub fonctionne d'une façon intuitive, inductive provenant de l'intérieur de soi. Elle ne démarre pas avec une composition préconçue mais plutôt avec l'idée du contraste de deux ou plusieurs couleurs et peu à peu équilibre l'ensemble par un processus graduel, intuitif qui conduit l'œuvre de l'intérieur vers l'extérieur.

Comme tout artiste aux prises avec la matière, elle sait qu'une matière particulière dégage un potentiel que nous pouvons nommer « effectologique » dans le sens où elle donne « certains effets ». Sans intention explicite, ni représentation finale, elle accompagne le processus de la mise en exergue de l'œuvre dans sa logique propre, bien qu'elle crée des séries d'œuvres officialisées et nommées comme telles, ces dernières enfantent un même vocabulaire.

La domination du bleu et ses nuances évoquent dans la peinture de l'artiste d'une part la sérénité, la sagesse et d'autre part le rêve. Le gris en revanche est la résultante d'une modernité, d'un côté avant-gardiste qu'elle revendique en le mettant en valeur gracieusement avec finesse et élégance, conjugué avec les tons de rose, il affirme sa neutralité et sa prestance. D'autres couleurs s'ajoutent sur les toiles de Olfa Chabchoub pour que leurs pétales s'offrent timidement mais surement au genre humain.

Les peintures de Olfa Chabchoub s'apparentent à la brise qui caresse et s'étend sur la toile en un champ de couleurs produisant une symphonie lyrique.

A ce stade, l'œuvre acquiert un certain mystère, une certaine puissance soufflé par l'âme de l'artiste.

Olfa Chabchoub peint désormais son miroir, son double, à chacun sa lecture.

Synda ben khelil