Joël Naar

Il paraît qu'aujourd'hui on prend plusieurs centaines de millions de photos par jour. N'importe qui possède un appareil photo, dont la technologie est 1000 fois supérieure à celle des appareils photo de Doisneau, Cartier-Bresson ou Robert Capa. Tout le monde prend des photos, faire de la photographie, n'est-ce pas, dans ces conditions, l'art du pauvre, l'art de celui qui ne sait rien faire d'autre qu'appuyer sur un bouton ? C'est oublier que, comme le disait Ansel Adams, l'élément le plus important dans un appareil photo, ce sont les 30 centimètres qui sont derrière. C'est l'artiste qui fait la photo, et au final, si la technique a beaucoup changé, la photographie n'a pas changé depuis son origine, disait déjà Cartier-Bresson.

Après avoir fait tous les métiers, j'ai pu enfin laisser se développer en moi un regard tous les jours neuf, tous les jours surprenant, tous les jours émerveillé. Le monde est là, devant moi, il se montre à moi comme à tout le monde. Mais mon regard, c'est le mien, et en cela, il est unique. La photographie, pour moi, c'est un art, un art unique, un art noble.