Tatiana Levchenko

Une fille potelée, assise sur le sol, dessine avec dévotion une carte du Pays magique avec un chemin en brique d'ambre… C'est moi. Je l'ai toujours dessiné - la carte de mon monde intérieur. La quantité de curieux en nous est inépuisable. J'ai une perception presque corporelle de la connexion totale entre tous les corps physiques, toutes les énergies; avoir la sensation de la continuité de la matière vitale. À partir de formes organiques, de projections d'objets différents et d'idées aléatoires, j'essaye de construire un espace d'expériences, de doutes, de bannissements, de blocages et de réactions subconscientes. Pour moi, le processus de création n'est pas un acte esthétique, mais plutôt une recherche. J'ai cherché ma propre façon de reconstruire le corps spirituel. Depuis des années, j'utilise deux méthodes créatives que j'appellerais, à la suite de Wassily Kandinsky, «impressions» et «improvisation». J'aime travailler à partir de la nature tout en m'autorisant un certain état de liberté par rapport à la nécessité de documenter littéralement ce que je vois, néanmoins ma présence à un spectacle à un moment reste sa grande importance. Wassily Kandinsky, dans son ouvrage Concernant le spirituel dans l'art, appelle ces états des «impressions». Je m'inspire de la texture et de l'énergie du corps humain, de sa grâce et de la pulsation d'une forme biologique. Dans un tel moment, je travaille sous l'impression d'émotions momentanées, en me confiant au geste, à mon humeur et à mon sens de la couleur. La deuxième approche est la plongée psychologique, lorsque je me plonge dans mon intuitif, laissant ma main suivre le spontané et le visualiser. Kandinsky définit cette méthode comme une «improvisation». Pour moi, l'interaction bizarre des stéréotypes sociaux, des modèles de comportement et des réactions naturelles dans la profondeur du subconscient humain reste un mystère. Où est un moi authentique? Combien de «blanc» et combien de «noir» y a-t-il dans ma conscience? Quel est le côté obscur de ma nature? Comment distinguer ma vraie nature d'un produit de l'éducation, des traditions de ma famille, de la société, de l'époque? Peut-être que ce côté «noir» n'est pas si terrible qu'on le suppose généralement, mais, au contraire, le plus précieux le noir doré, le cadeau le plus précieux, et ce «blanc» ne peut pas du tout être considéré comme mon identité, mais à peine comme matrice, moule créé par le système social? Dans ma pratique créative, je travaille à résoudre ce problème principalement pour moi-même en utilisant diverses techniques et matériaux. Même en travaillant en plein air, j'essaie de découvrir la structure intérieure et cachée de l'espace environnant…