Édition Street art

Comme son nom l'indique, le street art (« art urbain » ou « art de de rue » en français) recouvre tous les types d'œuvres d'art réalisées dans la rue, souvent éphémères et contestataires. Il peut prendre la forme de tags comme de fresques murales monumentales, de collages, stickers, pochoirs et même d'installations. La ville, et surtout la rue, est un espace de création infini. Lieu de passage quotidien, elle permet à l'artiste de toucher son public et de véhiculer son message. Le risque inhérent à cette pratique, est un facteur de motivation pour le graffeur, même s'il l'oblige à travailler dans la précipitation, avec la possibilité d'être interrompu à tout moment.

Les premiers graffitis naissent dans les années 60 aux États-Unis dans la ville de Philadelphie et annoncent déjà les débuts du street art moderne. L'artiste américain Allan Kaprow voit dans cette nouvelle technique picturale le « déplacement de l'objet spécialisé en galerie vers l'environnement urbain réel ». Le street art atteint rapidement la ville de New York, où les artistes s'emparent de la « jungle de béton », des panneaux publicitaires et particulièrement du métro. Puis, le street art se diffuse en Europe au début des années 80.

Avec l'explosion de la pratique et de la vente de bombes de peinture, les lois se durcissent et, très vite, le street art est considéré comme un art vandale et rebelle. Les plus grands noms de l'époque sont Quik, Futura 2000 ou encore Phase 2… En France, Blek Le Rat et Jérôme Mesnager se font connaître.

Depuis ses débuts, le street art n'a jamais cessé d'évoluer. Paradoxalement, il quitte la rue et arrive dans les musées et les galeries. Suscitant de plus en plus l'intérêt des collectionneurs, certains artistes acceptent d'exposer dans des lieux fermés privés, qui leur offrent un processus de création plus serein et appliqué.

La première exposition consacrée au street art a lieu à New York en 1972. Elle sera suivie par de nombreuses autres, dans les plus grands musées d'art moderne et contemporain du monde : le Palais de Tokyo à Paris, la Tate Modern à Londres...

Cette entrée en force du street art dans le marché de l'art divise les artistes. Certains refusent tout vernissage et questionnent l'essence même du mouvement. Une partie d'entre eux craint l'institutionnalisation de leur art (qui se veut par nature non officiel) et par la même occasion la perte de l'interaction qu'ils recherchent avec le public. Mais l'équilibre se crée pour de nombreux artistes qui combinent les supports : la rue et l'atelier.

La rue peut même devenir un tremplin officiel vers la reconnaissance. Désormais, les artistes les plus cotés sont incités à travailler dans l'espace public. Un retour à la rue, qui illustre le boom de cet art autrefois vandale et aujourd'hui puissance motrice du marché de l'art contemporain.

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