De son enfance dans le nord de la France aux catwalks des plus grandes marques, Constance Jablonski a réussi en quelques années à devenir l'un des mannequins les plus célèbres de sa génération. Sa personnalité solaire, sa simplicité désarmante et son goût pour l'art nous ont donné envie d'en savoir plus sur ses influences. Prêts à découvrir le parcours et les inspirations de cette passionnée d'architecture, adepte de JR et amoureuse de l'île de Naoshima ?

1. Gucci, Diane Von Furstenberg, Elie Saab, Dolce&Gabbana, Estée Lauder, Victoria's Secret... Constance, à 28 ans, tu as déjà défilé pour les plus grandes marques ! Peux-tu revenir rapidement sur ton parcours ? Aujourd'hui, quelle(s) émotion(s) ressens-tu quand tu penses à ta carrière ?

C'est toujours difficile pour moi d'y revenir rapidement, quand je raconte mon histoire il en manque souvent quelques chapitres, tant cela a été intense ! Tout a commencé dans le nord de la France à 16 ans lorsque mon grand frère passionné de mode m'a inscrit au concours Élite Model Look. Un mélange de curiosité, de besoin de se révéler, une pointe de narcissisme sûrement et d'admiration pour mon frère aîné me poussent à participer... mais je ne monte pas sur le podium de la finale internationale. 

Deux ans plus tard, avec le bac en poche et inscrite en fac de médecine, je pars à NY avec ma mère pour les vacances d'été. Là bas, je suis repérée par l'agence Marilyn et on me propose de rester pour participer à la Fashion Week qui commence 10 jours plus tard. Subjuguée par l'ambiance new-yorkaise et ne sachant pas réellement vers quel avenir je veux tendre, je décide de rester. Je me lance dans l'aventure. Et devinez quoi, non seulement, je suis restée mais je ne suis plus jamais rentrée ! Aujourd'hui, si je me repenche sur mon parcours, je suis étonnée et ébahie par tous les hasards et les opportunités qui ont jalonné ma route: j'ai grandi dans une famille de médecins. Je ne connaissais rien à l'univers de la mode, ni aux photographes, ni au monde de l'art, avant d'être happée par le tourbillon de Manhattan.

J'ai tout appris en le découvrant, en voyageant… et ce, sans avoir réellement conscience de l'importance de ce qui m'arrivait, ni de la chance extraordinaire d'être la première Française choisie pour devenir à seulement 19 ans l'égérie et le nouveau visage d'Estée Lauder ou de défiler pour les plus grands couturiers. Je réalise maintenant le nombre infime de chances pour que cela puisse arriver à une fille comme moi, issue d'une petite ville de province et n'ayant à la base aucune connexion avec ce milieu de la mode.

J'ai eu de la chance d'avoir croisé les bonnes personnes. Celles qui ont crû en moi !

2. Tu as également eu l'occasion de poser sous le regard expert de photographes comme Mario Testino ou Victor Demarchelier. Peux-tu nous parler d'un shooting qui t'a particulièrement marquée ? Quel univers artistique de photographe apprécies-tu particulièrement ?

Beaucoup de shootings m'ont marqué. Notamment plus spécifiquement ceux qui se sont déroulés dans les endroits les plus insolites. J'aime beaucoup l'architecture et j'adore shooter “chez l'habitant". J'adore découvrir comment les gens vivent, leur univers, ce qui intéresse, qu'ils lisent, que façon d'aménager leurs espaces… J'y trouve toujours énormément d'inspiration. Ça peut être dans des appartements modernes en ville ou maisons typiques pays étrangers. J'ai shooté récemment la fameuse maison Gaudet pour un shooting Etam, une à bulles de l'architecte Antti Lovag. J'aime travailler avec photographes complètement différents ont univers bien particuliers eux-mêmes, ça me permet de transformer et changer caractère chacun d'entre-eux devant l'objectif. 

3. Et sinon, quels artistes contemporains, célèbres ou émergents sont sources d'inspiration pour toi ?

Olala il y en a tellement… Je trouve de l'inspiration partout, dans la musique, le cinéma, la littérature, la mode... JR, par exemple, est pour moi une inspiration sur l'ouverture du monde, les sociétés, les cultures. Il incarne complètement notre multiculturalisme d'aujourd'hui. L'histoire de Frida Kahlo aussi m'a beaucoup marquée, elle nous apprend à tous l'acharnement et la volonté de ne jamais abandonner. D'ailleurs la dernière exposition au Victoria and Albert Museum de Londres sur sa vie était sublime. 

4. Tu joues également du piano et nous avons vu récemment une vidéo poétique dans laquelle tu joues pendant que ton compagnon réalise une chorégraphie grâce à son BMX. Quel est ton rapport général à l'art ? Comment penses-tu que les différentes disciplines (le sport, la musique...) peuvent-elles communiquer entre elles ?

L'art occupe une grande place dans ma vie. Ma culture artistique est pleine de lacunes et je suis loin d'être calée aux questions marrons du Trivial Pursuit. Mais en effet la musique, le sport, le design et le cinéma sont indispensables pour moi. Toutes ces disciplines communiquent entre elles. Elles s'adressent toutes aux émotions, aux sens, à la beauté, à l'intuition… Elles arrivent à nous faire voyager, nous exprimer, à apprendre, à comprendre, à réunir les gens et à avancer… Toutes les disciplines ont besoin les-unes des autres pour s'inspirer. Un sportif s'entraîne sur ses morceaux préférés. Une mannequin peut s'inspirer du cinéma pour recréer des personnages. Un designer peut demander à un artiste-peintre de collaborer sur des décors… il n'y a rien de plus beau que la rencontre entre des artistes aux univers différents.

5. Quelle est la dernière exposition qui t'a marquée et pourquoi ?

Peut-être la dernière exposition Le Nouveau monde de Charlotte Perriand à la Fondation Louis Vuitton à Paris. Je connaissais le travail de Pierre Jeanneret, Le Corbusier ou même Jean Prouvé mais je n'avais jamais entendu parler de cette femme incroyable. Elle a inspiré les plus grands designs de meubles, et est restée dans l'ombre des plus grands architectes. C'est une des pionnières de la création des espaces fonctionnels pour moi. Elle est une innovatrice de la vie moderne. 

6. Quel est ton musée préféré en France ? Et dans le monde ?

Il y en a tellement ! Par amour pour le Nord de la France, je vous dirais le Musée de la Piscine de Roubaix. C'est une ancienne piscine Art Déco des années 30 transformée en Musée d'Art et d'industries. Sinon le musée de Jean Cocteau à Menton est l'endroit où j'ai passé tous les étés de mon enfance. A l'étranger, je choisirais toute l'île de Naoshima au Japon avec le musée Benesse House dans lequel on peut dormir, l'impressionnante architecture de Tadao Ando. Les petites maisons à l'Est de l'île proposent aussi des dizaines d'expériences immersives “The Art House project".

7. Nous nous doutons que tu passes beaucoup de temps en voyage. D'ailleurs, quels pays ont pour toi une énergie bien particulière, une culture qui te parle ou qui t'interpelle ?

Je passe ma vie à voyager en effet et j'adore ça. Pour moi, rien n'égale l'Afrique. Que ce soit pour la nature, ses animaux, sa musique, ses tribus, c'est pour moi l'endroit le plus magique et le plus ressourçant au monde. J'ai eu la chance de découvrir la Tanzanie pour un voyage avec un magazine. C'était il y a quelques années. J'y suis retournée plusieurs fois depuis, pour vraiment la découvrir et notamment pour faire l'ascension du Mont Kilimandjaro. J'adore le Kenya: Samburu dans le nord est sublime. L'Afrique du Sud bien sûr. La Namibie, et la Mozambique aussi que j'ai fait il y a deux ans.

8. Et enfin, en cette période de confinement, on a forcément envie de savoir : quel soin accordes-tu à la décoration de ton intérieur ? Dans quelle pièce de la maison te sens-tu le mieux ?

Je suis confinée dans mon appartement à New York depuis maintenant un mois. Je n'avais jamais passé autant de jours d'affilé ici… J'ai énormément de chance il y a beaucoup de  lumière. C'est la raison pour laquelle, j'ai choisi cet appartement il y a 6 ans. Je passe mes journées dans le salon, c'est ma pièce préférée exposée plein ouest. Toute la journée mon regard traîne sur l'eau du Hudson River. Chaque soir, j'admire le coucher du soleil avec ses couleurs magiques. J'accorde beaucoup de soin à la décoration de mon intérieur. J'ai pu établir toute une listes de choses à aller chiner après le confinement, notamment un petit bureau.