
Studies into the past (Signed poster)
Laurent Grasso
Édition - 50 x 60 cm Édition - 19.7 x 23.6 inch
180 €
Portrait de Jérôme Sans © Mathieu César
Jérôme Sans est directeur artistique, commissaire d'exposition et agitateur culturel internationalement reconnu pour son approche pionnière et transversale des nouveaux modèles d'institutions culturelles et d'expositions. Il est notamment le cofondateur du Palais de Tokyo à Paris et a été le premier directeur de l'Ullens Center for Contemporary Art à Pékin (UCCA). Depuis 2022, il accompagne le développement de LagoAlgo, le nouveau lieu d'art à Mexico City. Il a été le commissaire de nombreuses expositions majeures à travers le monde, dont la Biennale de Taipei (2000), la Biennale de Lyon (2005), Erwin Wurm au Musée d'art contemporain de Belgrade (2022) et Noor Riyadh (2023).
1. Bonjour Jérôme ! Merci de nous accorder cet entretien aujourd'hui. Pourriez-vous commencer par vous présenter à nos lecteurs ? Comment votre carrière de commissaire d'exposition et directeur artistique a-t-elle débuté ?
Tout a débuté naturellement. Dès l'âge de 18 ans, je savais que je devais me diriger vers la création contemporaine mais ne savais pas si j'irais plutôt du côté du cinéma, de la musique ou de l'art. Le mot « art » pour moi était quelque chose de complètement abstrait. Je ne savais pas ce que signifiait l'art contemporain, et n'avais aucune relation dans ce domaine.
C'est le jour de ma rencontre avec le critique d'art Bernard Lamarche-Vadel que j'ai compris que l'art contemporain serait le chemin de ma vie et que je prendrais cette direction-là. Je me suis immédiatement plongé dans l'étude de l'art contemporain en suivant les cours de ce critique d'art, un des seuls qui en donnaient à l'époque. À partir de 21 ans, j'ai commencé à écrire dans des magazines d'art et organiser des expositions de manière organique, sans avoir de lieux précis.
Depuis lors, ma vie s'est développée non pas de manière linéaire mais toujours de façon organique, en passant d'une aventure à une autre sans jamais être dans un chemin traditionnel classique. Dès le début des années 80, j'y ai mis toute mon énergie parce que je voulais participer à l'aventure de mon époque, de ma génération. L'actualité à ce moment-là montrait principalement la nouvelle génération de New York, Cologne, Londres, Milan, mais très peu celle de la scène française qui était encore focalisée jusque-là autour du mouvement des années 70 Supports/Surfaces.
J'avais envie de défendre l'actualité de la création contemporaine de la nouvelle génération qui n'avait aucune place, ni dans les médias, ni dans les institutions et encore moins dans les galeries d'art contemporain en France. Mes premières années étaient ainsi exclusivement dédiées à cette ambition. Je cherchais à ce que ma génération puisse avoir une résonance internationale.
En 1983, à 23 ans, j'ai organisé en Angleterre une exposition itinérante « New French Painting » dans quatre institutions (Riverside Studio, Londres ; Modern Art Oxford ; John Hansard Gallery, Southampton ; Fruitmarket Gallery, Édimbourg). Pendant un an, j'ai tourné avec cette exposition comme un groupe de rock, à expliquer au travers de conférences, de workshops, l'art français de ma génération. Cette exposition a eu un certain succès, et à partir de là j'ai commencé à aller intensivement à New York pour y réaliser des projets, ce qui m'a ouvert les portes de l'Europe et de l'Asie.
2. Quels ont été les moments décisifs de votre carrière qui ont façonné votre parcours ?
Chaque jour est un moment décisif. Il n'y pas de moment plus important qu'un autre. Je me réinvente chaque jour. Ce sont plutôt des rencontres improbables et décisives qui ont façonné mon parcours : des moments de partage, des envies de développer des choses nouvelles avec des personnes que j'ai rencontrées ici et là dans le monde. Ce sont ces rencontres qui ont déclenché à chaque fois des étincelles qui ont changé le cours de ma vie.
Toute ma vie a été celle d'une co-construction, d'une collaboration, depuis l'âge de 21 ans et ce, jusqu'à aujourd'hui. De cette manière, j'ai toujours voulu construire de nouveaux outils adaptés à chaque fois à l'époque et à la création contemporaine, pour que celle-ci soit lue, comprise par un public qui est toujours en évolution.
J'ai toujours cherché à questionner, à réinventer le modèle de l'exposition pour qu'il soit pertinent pour son époque, et à ce que l'art soit ouvert à d'autres communautés qui n'ont pas forcément accès à la culture, ainsi qu'à d'autres industries, d'autres domaines. Mon ambition était — et est encore aujourd'hui — de créer du lien entre différents mondes et générations qui se côtoient mais ne se connaissent pas, qui ne se regardent pas alors qu'ils ont des choses à partager.
À gauche : Vue d'exposition, Salt Kisses My Lichens Away, Bianca Bondi, Frieder Burda Museum, 2024 © Nikolay Kazakov / À droite : Vue d'exposition, The Birth of Contemporous Blue Tree, Ernesto Neto, Frieder Burda Museum, 2024 © Nikolay Kazakov
3. Quelles ont été vos influences les plus marquantes dans le monde de l'art, et comment ont-elles influencé votre travail?
Mes influences viennent d'artistes, penseurs, musiciens, écrivains, philosophes, hommes et femmes qui m'ont inspiré et nourrissent ma vision du monde. La rencontre à 18 ans du critique d'art Bernard Lamarche-Vadel, fondateur du magazine "Artistes", a été une révélation. À 23 ans, la découverte de Riverside Studios à Londres m'a ouvert à un lieu interdisciplinaire, libertaire, et vivant. J'avais fui les musées de mon enfance, trop fermés et autoritaires. Milena Kalinovska, directrice des expositions, a partagé son espace et son réseau. Des personnalités comme Daniel Buren m'ont influencé par leur créativité et générosité. Ces rencontres m'ont poussé à favoriser les interviews pour transmettre la vitalité créative. Nous ne sommes que des passeurs.
4. Quelle a été l'exposition la plus complexe que vous ayez organisée, et quelles leçons en avez-vous tirées ?
Toutes les expositions sont complexes par principe. Chaque fois, c'est un contexte, des formes, des personnes, des artistes, des pays, des cultures et des formats différents. J'ai toujours rencontré des challenges divers qui m'ont appris de nouvelles choses. De mes premières expositions que j'ai faites avec des bouts de ficelle jusqu'à aujourd'hui, je me suis remis en cause pour faire en sorte que le projet d'exposition puisse être le plus clair, visible, dynamique, différent, et challengeant pour l'artiste. Chaque projet est une mise en danger, en réflexion, en perspective de ce que veut dire une exposition. Faire une exposition, ce n'est jamais la répétition de la même chose. C'est à chaque fois trouver des systèmes qui soient autre, qui soient des corps vivants, pensants, et non pas simplement des œuvres accrochées à côté les unes des autres sans histoire. A l'instar de la réalisation d'un film, c'est la création d'un système narratif qui doit avoir une cohérence avec ce qu'il y a eu avant dans sa propre production et ce qui va arriver après. C'est écrire une différence dans la continuité et ne pas tomber dans le piège de la répétition. La complexité réside là. C'est arriver à transposer l'idée, le concept en une réalité partagée au moment juste.
5. Pouvez-vous partager une anecdote ou un moment marquant de votre carrière qui vous a particulièrement influencé ?
Rencontrer Eugène Ionesco - un des plus grands dramaturges du 20e siècle - dans les couloirs du Riverside Studios à Londres en 1982. Je n'aurais jamais cru que je rencontrerais un auteur dont j'avais notamment étudié Les Chaises (1951) au lycée. Je voyais la figure de l'auteur comme une personne inaccessible. Sa modestie, sa sympathie, sa créativité m'ont complètement électrisé. Ma vie a été une succession permanente de liaisons improbables, foudroyantes avec des créatifs, des artistes, des personnalités exceptionnels.
6. Quelles tendances émergentes voyez-vous dans la scène de l'art contemporain au cours des prochaines années ?
Une tendance face à la crise que subit le monde aujourd'hui à tous les niveaux, qu'ils soient politique, social, économique et culturel. Une tendance à se réinventer entièrement. Nous assistons à la fin d'un vieux monde qui rentre dans une nouvelle ère complexe. Celle-ci est beaucoup plus fluide dans tous les sens du terme, dans la façon dont les uns et les autres devront travailler. Il s'agit d'un affranchissement des limitations que le monde de l'art a développé au cours de son histoire sans s'en rendre compte. C'est aussi une approche décomplexée vis-à-vis des technologies au général. Une ouverture à 360 degrés.
À gauche : LAURENT GRASSO Future Herbarium, 2023 Site specific 3D animation, LiDAR scans Digital City Towers, Riyadh © Laurent Grasso © Noor Riyadh & Havas, commandés par RCRC et Riyadh Art / À droite : Vue d'exposition, Earth Listens When You Speak, Julian Charrière. Julian Charrière, Vertigo, 2021 © Alum Gálvez
7. Comment intégrez-vous les nouvelles technologies ou les nouveaux médias dans votre pratique curatoriale ?
Les nouvelles technologies ont toujours été présentes dans la pratique artistique. Depuis la nuit des temps, les artistes ont été attirés par écrire de nouvelles écritures. Indubitablement, les nouvelles technologies font partie intégrante de l'histoire de l'art. Toute nouvelle invention, que ce soit la perspective ou Gutenberg, a été au plus proche de la création contemporaine de chaque époque. En un siècle, nous avons vécu une révolution accélérée des technologies et avons perçu un changement d'une vitesse incroyable. La question est moins la technologie, mais ce que les artistes en font. Plus aucun artiste aujourd'hui ne travaille sans le digital, un ordinateur, un téléphone. Même les peintres utilisent aujourd'hui très souvent des ordinateurs. Beaucoup de créateurs se servent aussi de l'intelligence artificielle comme d'un super assistant. De la même manière pour les expositions, il est difficile aujourd'hui de penser une exposition sans l'accompagnement digital, les rendus 3D. Ceux-ci permettent de mettre en perspective les idées de façon immédiate. L'approche de l'exposition et la pratique curatoriale en général ont complétement changé.
8. Quels conseils donneriez-vous aux commissaires et artistes émergents qui souhaitent se faire une place dans le monde de l'art contemporain ?
Travailler d'abord avec sa génération pour comprendre l'aventure de son époque. Il faut être avec à la fois avec sa génération et les nouvelles générations, sans non plus ignorer l'histoire. Il faut vivre avec le passé, en embrassant le présent et l'avenir. Les trois ne peuvent exister les uns sans les autres.
9. Comment conciliez-vous l'intégrité artistique avec les aspects commerciaux de l'industrie de l'art ?
Soyons clair, nous sommes tous des acteurs économiques du marché. Nous sommes dans une communauté complémentaire où chacun - même s'il ou elle est du côté du non-profit (critique d'art, historien, commissaire d'exposition, directeurs d'institution…) - participe à l'économie globale du monde de l'art. Même si nous ne sommes pas un acteur premier du marché, ne participons pas aux ventes, nous sommes tous des acteurs de l'ensemble de la chaîne de toute activité culturelle. Et donc du marché. Si nous ne sommes pas les premiers rôles, nous sommes des figurants. Nous y participons quand même.
Édition - 50 x 60 cm Édition - 19.7 x 23.6 inch
180 €
Photographie - 82 x 100 x 1 cm Photographie - 32.3 x 39.4 x 0.4 inch
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Sculpture - 80 x 80 x 12 cm Sculpture - 31.5 x 31.5 x 4.7 inch
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