Les Dudes, 2015
« Tendrement dérisoires, doucement désopilants, voilà les fétiches à quatre sous d'Olivier Sultan. ?Enfin soustraire le sacré, en alléger le monde - que le monde disparaisse et revienne dans ces si petites choses, ces totems faits de bric et de broc, ces trois fois rien qui nous défascinent jusqu'au rire. Là l'artiste est le faussaire qui braque les cultures, les recèle, les décompose, les restitue mais en décalage, en décollage, dans le respect de les reprendre pour les mêler- les oublier les unes dans les autres. Ainsi feindre en finir avec l'Aura - l'aura pas lorsque cligne la présence, que tout est à voir en un clin d'œil, le deuil de tous ces déclins, que s'évanouisse l'assassine « pureté originaire ». Des œuvres comme des peuples.»
Michel Camain
Série des « Dudes « (2015) :
« Les voilà qui partent pour le champ de bataille. Les petits dudes se sont armés de leurs parures étincelantes, de mille petits clous nés de leurs cicatrices intérieures. Nés il y a un temps, les Dudes ont la grâce de mouvements félins et doucement saccadés. Etonnés par leur audace, ils avancent par a-coups, prudemment, en demi-cercles, laissant parfois échapper un petit rire gracieux, comme malgré eux.
A peine ont-ils commencé à grandir, que de grandes questions métaphysiques les ont soudain assaillis: Dieu mérite-t-il notre amour ? Faut-il renoncer au bonheur ? Le rire est-il soluble dans l'espace ?
Ils brouillent, embrouillent les cultures et les religions, usurpent les titres de noblesse. Voyous célestes, les voilà partis . Fiers d'eux, sans peur , et sans reproche. Au volant de leurs belles montures, fraîchement abreuvées et cajolées. Arrivés à mi-chemin, l'un d'eux est soudain pris d'un doute: contre qui vont-ils se battre ? Le stratège de la bande avait certes tout prévu, mais, dans la précipitation du départ, a oublié les plans et le nom de l'ennemi.
Aussitôt, les voilà qui rebroussent chemin, riant de leur bévue.
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