Catherine Jansens

Née à Marcq-en-Barœul (France), en 1949. Vit et travaille dans les Pyrénées Orientales. 

• Études d'arts graphiques
• École des Beaux-Arts de Lille, sculpture section de 1967 à 1971
• Résidente de la Fondation Wicar, Rome, Italie,1999

Catherine Jansens est présente dans les collections publiques : FRAC de Picardie, France  [1981], le Conseil Général du Nord, France [1997], le Palais des Beaux-Arts de Lille, France [2000, 2001] et la Mairie de Lille, France [2001]. 

L'œuvre de Catherine Jansens s'origine dans un regard. Elle saisit dans l'objet élu ce qui échappe au commun. Par cet acte fondateur, l'objet démis de ses fonctions utilitaires trouve son existence élémentaire et sa charge picturale. Dès lors, transformé en matériau il vient prendre place dans une chambre d'attente. Ébauche d'une œuvre, il se tient, avec d'autres dans la pénombre, regardant l'artiste, peuplant son quotidien. Il va s'agir, selon Etienne Souriau, de promotions d'existences. Catherine Jansens « a charge d'âme vis-à-vis des êtres qui n'en sont pas encore, d'âme, qui n'ont que la simple et plate existence physique ». Il sera temps ensuite de s'attacher à la disposition : effectuer de fins réglages pour révéler un rapport de formes, de couleurs, de matières, de textures. Dessus ou dessous, à côté, à l'avant ou à l'arrière-plan, ou encore au fond d'un espace cosmique suspendu aux dynamiques internes des objets. Il doit en être ainsi pour que l'œuvre à faire se tienne devant, debout, chaque objet déterminant ainsi un être-forme en attente d'existence. 

Au préalable le dessin, dont les tracés affirment encore un peu plus la disposition qui va hanter la vue et le geste du peintre. Le dessin prend littéralement acte de la mesure, des espacements, des premiers rapports formels et physiques. Il prépare l'engagement du corps – poignet, avant-bras, coude, nuque, buste et tête – et annonce la répétition à la table de travail de l'apposition des couches successives, réalisée dans des conditions d'attention et de réception micrologiques. Passé ce jeu de main silencieux à déplacer, à équilibrer même un dérèglement pour trouver la meilleure configuration, passés les premiers tracés, Catherine Jansens va déplier une intimité picturale. C'est alors qu'elle ralentit l'application de ce qui est pourtant une transparence et une fulgurance : l'aquarelle. 

Le papier est couché sur une planche, serti d'un ruban adhésif, selon un dispositif solide mis en place, moins pour ralentir le débordement que pour retenir les existences encore enfouies, dans l'attente de la juste lumière qui viendra les modeler à la vie. Batailler avec l'eau à force de passages de tons pour traduire la matité d'un carton, d'une couverture ou d'une boite, le bois d'un cheval, le métal d'un globe, la bakélite d'un jouet d'enfant, le tissu d'une marionnette, le papier d'une partition, ou encore, la transparence d'un verre ou d'un reflet. Tel est le geste qui revient tout en cherchant sa mesure au milieu d'un fond nocturne, pour nous rappeler que « rien, pas même nous, ne nous est donné autrement que dans une sorte de demi-jour, dans une pénombre où s'ébauche de l'inachevé, où rien n'a ni plénitude de présence, ni évidente patuité, ni total accomplissement, ni existence plénière ». Fragiles perceptions, fragiles participations à la vie des formes auxquelles nous convie l'œuvre de Catherine Jansens.