Vida Mehri

Les thèmes de la censure et de l'auto censure sont au centre du travail de Vida Mehri (Vida LiZa), une artiste iranienne aujourd'hui établie en Belgique. "Ces thèmes m'obsèdent depuis que j'ai quitté l'Iran, une société rigidifiée par les filtres sociaux et la censure, pour aller étudier les Beaux-Arts en Suède, perçue comme une société libre." Vida est née à Téhéran en 1984. Elle a étudié l'architecture à l'université Azad. En 2009, elle part pour la Suède et décroche un Master en Beaux Arts à l'université d'Umea. Depuis 2011, elle vit en Belgique où elle a obtenu un post graduat en Arts Media Design à Sint Lukas, Bruxelles.

Son travail explore les tensions entre deux identités, sociale et culturelle d'une part, et virtuelle de l'autre, l'impossible définition de l'appartenance et tout ce qui dans la construction sociale peut modeler la personnalité et les comportements des individus.

L'art de Vida Mehri (Vida LiZa) se confond avec sa vie. Toute sa création est irriguée par ses doutes, ses questionnements intimes. Aux souvenirs et émotions qui remontent de ses 24 années passées en Iran se superposent les échos de la vie qui y continue sans elle. La distance n'atténue pas l'urgence imposée par le contexte social et politique, comme par les espoirs, les frustrations de ses proches.

Son travail se déploie sur différents types de supports : dessins, installations, travaux mixed média ou vidéos. Son laptop est devenu une fenêtre sur son pays. Une fenêtre qui crache des photos qu'elle imprime sur toile pour les perforer de trous qui prolifèrent comme la censure.

Les dessins de la série "Let it be" évoquent des scènes entre rêve et la réalité qui laisse ses fils rouges, ses bandes de collant et des bouts de texte en persan. Elle se met en scène croquée d'un trait rageur, frontal et ironique à la limite de la farce avec l'image obsédante des cafards qui grimpent sur les corps ou se multiplient comme une menace incontrôlable. La menace est aussi présente dans son film "My fingers grew and stuck to the asphalt" une métaphore poétique qui respire et rêve avec les habitants d'une ville sous la menace d'un mystérieux et fatal poison.