Róbert Köteles

En contrepoint radical du mouvement figuratif, Róbert Köteles fait partie de ces artistes qui revisitent et s'obstinent à travailler la peinture non figurative. Depuis le début de sa carrière, Róbert Köteles a commencé à travailler avec un tissage en filigrane appelé "Clipa", un terme pratiquement intraduisible du roumain, signifiant "moment immobile" ; il concerne à la fois le temps et l'espace, tous deux actifs dans un état de gestation de nouvelles formes et de moments qui commencent à diverger, à se heurter et finalement à façonner notre réalité. L'artiste teste en permanence et de manière obsessionnelle cet état de la matière qui existe sous la surface de notre perception. Sa recherche est si approfondie, si implacable est l'urgence de ses œuvres d'art, que s'il saisit "Clipa" dans des toiles géométriques complexes, "Clipa" le saisit dans ses infinies possibilités de genèse.

La première série de Róbert Köteles a commencé en 1999, avec son projet de fin d'études qui a ensuite inspiré un dévouement complet à la peinture non figurative, s'inscrivant ainsi dans la descente des expériences artistiques de Timișoara, sur les traces de son professeur à l'Université, le remarquable artiste roumain, Constantin Flondor, l'un des membres fondateurs du groupe Sigma.

"Clipa" était composé de formes et de motifs géométriques, dans des dessins à main levée à l'encre ou à l'acrylique sur toile. L'absence de précision mécanique donne à ses premières œuvres une sensation organique, mais traduit également les mouvements répétés inlassables de la création de modèles de l'artiste, en constante évolution et se faire exister.

Ce qui a suivi a été une période générative, avec des couleurs éclatant du réseau, se fondant dans les contours des tissages et se fondant dans des dégradés d'aquarelle sur les surfaces dessinées à l'encre. Ses œuvres ne se sont pas seulement formées organiquement, mais ont commencé à se tordre, à se bomber et à s'étirer sur des surfaces sculpturales (papier enveloppé, toiles ondulées ou effets optiques sous l'effet de verre coloré ou de bulles de savon).

À partir de 2010, la grille nommée "Clipa" s'est enfoncée dans des formes de couleurs et des constructions géométriques presque parfaites avec de l'encre et de l'acrylique sur toile. N'étant plus visible, "Clipa" a été façonnée par des traces angulaires de couleur en bleu, rouge jaune, noir et blanc, approfondissant l'élan abstrait de l'œuvre de Róbert Köteles.

Sa série la plus récente, Mater explore une nouvelle topographie d'une carte sans son territoire, où la géographie du réel n'explore pas la politique d'un environnement, mais l'environnement lui-même comme ce qu'il est et non comment il pourrait être approprié.

La démarche de Róbert Köteles dévoile ses instruments et les déconstruit jusqu'à leurs éléments constitutifs (le point, la ligne, le trait de couleur). Une fois décomposés, ces signes primaires deviennent les vecteurs d'un raisonnement complexe qui place la spatialité et la temporalité au cœur de son discours.