Angelika Kollin

Née en 1976 en Estonie, Angelika Kollin est une photographe basée à Tampa, aux États-Unis, qui s'est imposée comme une voix incontournable de la photographie d'art et de documentaire. Cette autodidacte s'attache à capturer l'essence des relations humaines et de l'intimité à travers l'objectif de son appareil photo. Ses oeuvres explorent différentes thématiques, notamment la solitude et la souffrance, ainsi que les aspects thérapeutiques de la spiritualité. Durant ses huit années passées en Afrique, au Ghana, Namibie et en Afrique du Sud, elle explore les thèmes récurrents de son art à travers le prisme de la diversité culturelle et sociologique. Cette exploration renforce notamment sa conviction que les relations parentales ont un impact profond sur le développement de l'individu. Son travail a été publié dans de nombreux médias renommés, notamment CNN, The Guardian, The Greif, Scientific American, Musée Magazine, PhotoVogue et F-Stop Magazine. L'artiste a été à de nombreuses reprises récompensée. Dernièrement, elle s'illustre comme lauréate du BarTur Award Founders Choice 2023 dans la catégorie Faces of humanity.

Avec son travail photographique intime, Angelika Kollin explore sa relation à la féminité et à sa propre existence en tant que femme. Son approche de ses sujets présente un cas très intéressant de “female gaze", ce regard féminin qui se construit en opposition au “male gaze" qui caractérise une grande partie de la création artistique, créé par et pour un public masculin. Parler de male gaze aujourd'hui, n'est pas seulement une dénonciation, mais aussi - et avant tout - une invitation à produire une autre culture visuelle, une création artistique affranchie des conventions monolithiques, capable de libérer le regard de l'objectif. Les photographies d'Angelika se caractérisent par leur honnêteté et leur franchise, qu'elle équilibre habilement avec une aura d'émotions intimes et de dignité gracieuse. Une grande partie de son travail s'attache à rendre visible les invisibles de nos sociétés, du corps nu d'une très vieille femme sur le point de mourir, à des portraits bruts mais tendres d'employées de maison du Cap. Photographie après photographie, Angelika Kollin se plonge dans la recherche de l'essence de ses modèles, cherchant à révéler leur personnalité profonde, affranchie des masques et des conventions sociales. C'est avec beaucoup de tendresse que son oeil de photographe transperce leur carapace sociale.

Dans “Flight of a dove", Angelika Kollin s'ouvre pour la première fois à l'exploration de la sensualité et de la sexualité humaine à travers le portrait de deux jeunes femmes. Cette séance photo s'est avérée troublante pour l'artiste qui a vu apparaitre une alchimie instantanée entre ces deux femmes qui se sont rencontrées pour la première fois. Leur prédisposition à se montrer vulnérables l'une envers l'autre a contribué à façonner cette image à la fois douce et tendre, malgré le terrain accidenté et le temps orageux. Dans cette ode à la peinture d'un siècle passé, Angelika Kollin s'est uniquement concentrée sur la retranscription du confort ou de la gêne exprimés à l'égard de l'intimité lorsque nous sommes physiquement si proches d'un étranger. Une expérience qui s'est avérée à la fois belle et touchante pour l'artiste qui exprime sa volonté de traiter à nouveau ce sujet dans une prochaine série. L'oeuvre a déjà été récompensée en 2020 par la médaille de bronze dans la catégirue “Fine Art / Nudes" au Budapest International Foto Awards (BIFA).