Ses premières œuvres sont un acte compulsif, exutoire, le temps d'expier une « colère » (telle qu'Adrien le décrit) quant à ses années parisiennes, au trait lâché, impulsif et noir. Puis ses œuvres vont devenir un acte fondateur, et de véritable création, donnant lieu à l'apparition de la couleur dans ses œuvres.Ses œuvres donc… Dessins sur papier ou peintures acrylique sur toile… Exclusivement des portraits masculins. Bien entendu, la « claque » d'Adrien, évoquée plus haut, lors de sa rencontre avec les œuvres de Buffet et en particulier ses clowns, n'y est sûrement pas pour rien. Pourtant Adrien Goudier répond « je ne sais pas » quand on lui demande « pourquoi que des portraits ?», « pourquoi que des hommes » . « Mais alors qui sont ces hommes ? » Adrien répond qu'il ne sait pas plus, embarrassé, mais explique que son sentiment est que c'est lui, vous, moi, nous tous… Mais finalement, de sa réponse, il faut surtout retenir le mot « sentiment », et comprenez « émotion »…Le trait d'Adrien a été pendant longtemps automatique, irréfléchi, spontané.Mais toujours sincère car pur de toute recherche esthétique. Ses œuvres sont faites dans l'instant, en une seule fois, sans jamais y revenir. Leur création s'arrête quand son geste s'est épuisé, libéré de l'émotion, du besoin. C'est ce qui en procure toute l'intensité, la force.Mais une fois Paris quittée, la « colère » évoquée plus haut s'amenuise pour laisser la place au plaisir, à l'envie du trait.Et puis la rencontre de l'Amour, un mariage, la paternité, mais surtout deux épreuves familiales qui amènent Adrien à donner de lui-même, aux autres : pour s'occuper de sa mère, jusqu'à ce qu'elle décède d'une longue maladie, puis de son fils qui nait avec une double malformation congénitale qu'il faut soigner. Il est alors dans le partage, s'offre, le dessin change aussi. Il murit, son trait aussi. D'exutoire et compulsif, le dessin devient compagnon et désir, partage. Toujours guidé par l'instinct, l'émotion, le trait est plus généreux, plus arrondi.Et si ses œuvres sont toujours faites d'un trait, Adrien prend plus de temps… va au fond de lui-même, et finit par y mettre de la couleur, non sans crainte : « je suis resté longtemps à regarder la toile avant de me saisir du couteau et d'y poser la couleur… ».Quelques temps plus tard, ses 3 « clowns » naissaient, marquant sa véritable éclosion, de notre point de vue, sans renier ses œuvres précédentes pour autant, mais tel l'aboutissement de ce cheminement lui ouvrant aussi de nouveaux horizons. Plus qu'une anecdote, une précision qui a son importance : chaque œuvre est créée par Adrien après qu'il ait choisi, pour accompagner son geste, un vin dont il déguste un verre, et une musique dont il s'imprègne. C'est un rituel qui est né alors qu'il était sommelier au Fouquet's et qu'il dessinait, chaque nuit, après son service. « C'est une association, une trinité, peinture, vin et musique qui est devenue indissociable ».L'adjectif qui qualifie ses œuvres : la mélancolie. Mélancolie dont il aime la douceur qui anime son trait. « La mélancolie c'est le bonheur d'être triste », citation de Victor Hugo qu'Adrien aime tout particulièrement parce qu'il s'y reconnaît…Pour tout vous dire, nous avons suivi de près cette évolution car Adrien avait contacté Art Traffik une première fois, attirant toute notre attention… Nous avons alors suivi et observé sa production pendant un an jusqu'à découvrir ses clowns. Plus de doutes, plus d'hésitation devant ses dernières œuvres : nous lui proposons d'entrer dans notre sélection et sommes très heureux de lui offrir sa première entrée en galerie et la reconnaissance, comme de vous le présenter.