Défiguration-Refiguration-Selfhybridation Précolombienne n°32, 1998
Orlan

Née le 30 mai 1947 à Saint-Étienne, ORLAN est une artiste plasticienne française qui vit et travaille entre Paris, New York et Los Angeles. L'artiste féministe et iconoclaste a volontairement choisi d'écrire son pseudonyme en lettres capitales : ORLAN.

Orlan artiste aux multiples facettes s'exprime à travers différents supports : peinture, sculpture, installations, performance, photographie, art numérique, et même chirurgie esthétique et biotechnologies. Elle est aujourd'hui l'une des artistes françaises les plus connues du grand public en France et à l'étranger dans le domaine de l'art corporel. Son œuvre, qui use de la provocation pour rejeter les codes de la société, est un moyen d'expression de son engagement personnel.

Dès les années 1960, ORLAN interroge le statut du corps, notamment féminin, ainsi que les pressions politiques, religieuses, sociales qui le contraignent et le soumettent. Son travail dénonce toutes les violences appliquées aux corps. Fidèle à son engagement féministe, elle fait de son propre corps un outil de combat et l'instrument privilégié de son œuvre.

En 1978, elle crée le Symposium international de la performance, à Lyon, qu'elle anime jusqu'en 1982. Son « Carnal Art Manifesto » (Manifeste de l'art charnel) est suivi d'une série d'opérations chirurgicales, qui sont à analyser comme des performances, réalisées par l'artiste entre 1990 et 1993. Avec cette série, le corps de l'artiste devient un lieu de débat public. Ces opérations chirurgicales ont été largement médiatisées et ont provoqué une vive polémique, bien qu'elles ne représentent qu'une infime partie de son œuvre intégrale.

Le travail d'ORLAN artiste sur le corps se fait également par le biais de la photographie, rappelant ainsi Cindy Sherman. C'est par exemple le cas dans son installation « Le Baiser de l'Artiste », exposée à la FIAC à Paris en 1976. Dans cette œuvre mêlant sculpture, photographie et performance, l'artiste joue avec les contradictions entre les deux visages habituels de la femme, la Vierge Marie et la pécheresse Marie-Madeleine. Elle-même présente sur cette installation, elle propose aux visiteurs de payer 5 francs pour recevoir un baiser de l'artiste. Une installation audacieuse, qui symbolise son rejet des conventions sociales et de la représentation traditionnelle des rôles féminins, à laquelle elle refuse de se plier. Cette œuvre iconique de l'artiste a d'ailleurs été sélectionnée par Le Centre Pompidou dans son livre « 100 Chefs d'œuvres du XXème siècle ».

ORLAN artiste inspiré également par la photographie comme pour une série de photomontages numériques entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, les « Self-Hybridations ». Dans ces portraits, elle incorpore des traits issus de cultures différentes dans son propre visage, se transformant par exemple en indienne maya, à l'aide de logiciels de retouches.

ORLAN explore également l'utilisation des nouvelles technologies dans le domaine des arts. En 1982, avec Frédéric Develay elle crée le premier magazine en ligne d'art contemporain, Art-Accès-Revue, sur minitel. 

ORLAN tente ensuite d'élargir encore les frontières de l'art contemporain en utilisant les biotechnologies pour créer une installation intitulée « Manteau d'Arlequin », faite à partir de cellules de l'artiste et de cellules d'origines humaine et animale.

Parallèlement, ORLAN enseigne à l'École nationale supérieure d'arts de Cergy-Pontoise. En 2005, elle obtient une résidence d'un an à l'ISCP, à New York, par l'Association française d'action artistique (AFAA), et en 2006 elle est invitée à Los Angeles en résidence au Getty Research Institute, laboratoire de recherche du Getty Center.

En juin 2013, elle porte plainte contre Lady Gaga pour plagiat. D'après ORLAN, la star américaine s'inspire trop librement de ses « hybridations » dans l'album Born This Way, sorti en 2011. Le début du clip de la chanson homonyme montre Lady Gaga fardée et décapitée, ce qui ressemble à son œuvre « Femme avec tête exécutée » de 1996. L'artiste demandera un dédommagement de 31,7 millions de dollars à Lady Gaga mais la justice tranchera finalement en faveur de la chanteuse américaine.

Tout au long de sa carrière, l'artiste a reçu de très nombreux prix, notamment le grand prix de l'e-Réputation en 2013, dans la catégorie arts plastiques, qui récompense les personnalités les plus populaires sur internet, aux côtés de Philippe Starck et Yann Arthus-Bertrand. En 2017, elle a reçu le Grand Prix International de l'Excellence Féminine par le ministère des affaires internationales de Gênes, en Italie, en 2018 le prix des Hundred Heroines de la Photographie de la Société Royale de Photographie à Paris Photo et en 2019 le prix spécial de la Femme de l'année par le Prince de Monte-Carlo. Enfin en 2020, ORLAN a été nommée Présidente de Hundred Heroines à Londres.

ORLAN a fait l'objet de multiples expositions collectives et individuelles, en France comme à l'étranger. Parmi les célèbres institutions qui accueillent ces œuvres, citons Le Centre Pompidou et la Maison Européenne de la Photographie à Paris, The LACMA County Museum of Art et The Getty Museum aux États-Unis ou encore The National Museum of Art au Japon.