Marta Minujin

Marta Minujín est une artiste de performance argentine, née en 1943 à Buenos Aires. Après avoir terminé ses études à l'Escuela de Bellas Artes Manuel Belgrano et à l'Escuela Superior de Bellas Artes, elle se rend à Paris pour représenter l'Argentine à la Biennale de Paris. Elle revient à Paris après avoir reçu une bourse pour étudier la peinture avec les Nouveaux réalistes, en 1963. Marta est une pionnière de l'art de la performance, de la vidéo, des happenings et de la sculpture douce. L'abomination de Minujin envers les objets d'art de collection constitue un paradigme dans son processus de création. Marta poursuit une pratique irrévérencieuse pour démontrer ses sentiments sur la notion d'art préservé, tout en étant très publique. C'est la raison pour laquelle Minujin utilise des matériaux intrinsèquement éphémères, comme le carton, la nourriture ou le tissu, créant des œuvres d'art à la fois fragiles et monumentales. En 1964, l'artiste met en scène des interventions temporaires avec des animaux vivants et, en 1975, elle réalise un obélisque du pain sucré, qui modélise le monument national dans un matériau éphémère. L'installation publique Parthénon des livres de Minujin en 1983 mérite d'être mentionnée après le démantèlement de l'installation, tous les livres ont été donnés au peuple.

Après la fin de sa bourse à Paris, l'artiste avait décidé de détruire toutes les œuvres qu'elle avait réalisées au cours des trois années précédentes. Elle avait invité ses collègues artistes pour une exposition au studio en plein air un début de soirée de juin. Cette performance était à la fois teintée de désolation d'après-guerre et de sentiments extatiques. L'artiste souhaitait détruire ses œuvres avec une force créatrice des autres, c'est-à-dire que tous les artistes invités devaient apporter des éléments de leur propre œuvre, mais pas n'importe lesquels, ceux qui les décrivaient et les exprimaient le mieux. Leur mission était de créer sur des pièces de l'œuvre de Marta, modifiant ainsi son travail, implantant leurs images sur le sien. Avec cette destruction symbolique, Minujín a voulu brûler son identité. Même la simple photo d'elle, alors que la peinture coulait des vêtements de Marta, alignée avec les œuvres d'art à l'arrière, évoquait la notion d'auto-immolation. Il y avait quelque chose de viscéral et de symbolique dans l'apparence de Minujin qui décrivait l'intention de désintégrer sa propre identité et son moi. Paradoxalement, cette fin marque le début de son art, car elle considère les musées et les galeries comme des « cimetières culturels », où l'art va mourir. Emprisonnées dans les murs des musées, les œuvres d'art bénéficient du privilège de l'éternité, auquel Marta n'a aucun intérêt.

Étant donné que Marta n'est pas étrangère à une lignée de protestation argentine contre la dictature, il n'est pas étonnant qu'elle s'efforce de détruire tout ce qui tend à exister à l'infini. L'élite intellectuelle des années 1960 a également influencé son travail. Minujín faisait partie de cercles dans lesquels des sujets tels que la sémiotique étaient des discussions quotidiennes. Les théories psychanalytiques de Jacques Lacan, en tant que post-freudien le plus remarquable, étaient un sujet brûlant. Cette artiste avertie a eu ses expositions personnelles à New York, Buenos Aires, Séville, Paris, Tokyo, Connecticut, et la liste est longue. En 1979, Marta a contacté McDonald's Corporation avec une idée d'œuvre d'art. Elle souhaitait réaliser une réplique en fer de la Statue de la Liberté, la rendre publique à Battery Park à New York et permettre aux visiteurs d'entrer dans la sculpture et de s'y promener. Après dix jours, la sculpture était recouverte de galettes de hamburger McDonald's, grillée au lance-flammes et présentée aux visiteurs pour qu'ils se régalent. Nous devons nous demander ce qui, selon elle, rongeait la notion de liberté.