Rencontre avec Julia Daka : L'architecte et curatrice qui met en lumière la prochaine génération d'artistes

Image de l'exposition de Sadaka « Mémoires des Formes », Émile Kirsch, Brut Collectif à 3537.org © Renaud Labelle

Artsper est parti à la rencontre de Julia Daka, la force créative de Sadaka. Architecte de formation, designer et ancienne mannequin, Julia s'est lancée ensuite dans la curation artistique. Son objectif ? Mettre en lumière les expériences et les efforts créatifs des jeunes talents. En encourageant la jeune génération d'artistes à s'exprimer à travers Mayotte et l'Afrique de l'Est, Julia joue le rôle de soutien précieux et de révélateur pour la création de demain. Découvrez dès maintenant son parcours, sa philosophie singulière et ses derniers coups de cœur !

1. Bonjour Julia ! Tu as commencé ta carrière en tant qu'architecte, avant de travailler dans la mode, et te voilà désormais curatrice d'art. Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?

D'après mes souvenirs, mon rapport à l'art a commencé très tôt. À l'école, j'avais très envie de suivre des cours dans ce domaine. C'est mon professeur d'art qui m'a d'ailleurs fait découvrir l'architecture en me donnant un livre sur le style Bauhaus. L'architecture a été mon premier amour et j'ai tout de suite su que je voulais faire partie de ce monde. Treize années plus tard, mes efforts et mon travail acharné ont porté leurs fruits. Cela n'a pas été facile, mais le rêve est devenu réalité. Mon travail de mannequin a énormément contribué à voyage, car il m'a permis de financer mon master en architecture et design de produits à Paris, diplôme que j'ai obtenu en 2019. Ensuite, j'ai commencé à travailler pour des studios incroyables, tels que « BIG GAME » en Suisse et Constance Guisset à Paris. J'ai finalement lancé mon propre studio et nous voilà aujourd'hui !

2. Tu as fondé Sadaka, ta résidence artistique, en 2020. Quelles sont ses spécificités et qu'est-ce t'a poussée à créer ta propre association de commissaires d'exposition ?

Sadaka (@sadaka.fr sur Instagram) peut être envisagé comme un programme de résidence axé sur des projets artistiques contemporains, explorant des thématiques liées à la photographie, l'architecture, et le design, pour des enfants isolés et déscolarisés de Mayotte (souvent appelé le plus grand orphelinat à ciel ouvert de France). Je souhaite qu'il s'agisse d'un nouveau type de résidence, destiné à de jeunes créatifs engagés, d'une manière plus humaine, plus solidaire et plus créative. Des artistes d'horizons divers ont l'opportunité de partager leur vision et de vivre un parcours créatif atypique, en tissant des liens avec les enfants impliqués dans le programme. J'organise des projets spécifiques pour les artistes les plus motivés et prometteurs, afin d'inspirer les enfants de notre programme. Je veux les encourager à exprimer leur propre identité, à travers leurs styles artistiques préférés. Résultat ? Sadaka regroupe aujourd'hui une communauté incroyablement diversifiée de personnes, avec des forces et des expériences différentes, mais partageant les mêmes valeurs fondamentales. 

Mon choix d'artistes repose sur une vision partagée de l'art comme possibilité éducative, bienveillante, sociale et humaniste, montrant qu'au-delà de l'esthétique, l'artiste a toujours un rôle à jouer et la possibilité d'agir de manière responsable. L'association a pour mission de réunir des créateurs et des talents du monde entier pour créer des programmes de résidence et mettre en lumière la jeunesse de Mayotte. 

Image de l'exposition de Sadaka « Mémoires des Formes », Émile Kirsch, Brut Collectif et Marvin Bonheur à 3537.org © Renaud Labelle

3. Ton expérience en tant que mannequin a-t-elle influencé tes préférences artistiques ? Quels styles de design résonnent particulièrement en toi ?

C'est le mannequinat qui m'a conduit vers le monde de la mode et permis de rencontrer des créateurs de mode et leurs univers artistiques. Yohji Yamamoto m'a particulièrement inspirée. J'ai lu son livre « MY DEAR BOMB » et j'ai vraiment aimé la façon dont il raconte son parcours créatif, dont il transforme ses émotions et ses lignes directrices philosophiques en principes de conception personnels. J'ai souvent l'impression que les créateurs préfèrent ne pas trop s'attarder sur les échecs antérieurs à leur succès, mais Yohji Yamamoto lui est vraiment honnête sur les difficultés rencontrées tout au long de son voyage.

4. Tu habites et travailles à Paris, et tu es originaire de Mayotte. Dirais-tu que ton héritage culturel joue un rôle dans ta créativité ?

Le fait d'être originaire de Mayotte a certainement façonné la plupart de mes valeurs fondamentales et ma façon de penser. J'ai l'impression que la culture de Mayotte tourne beaucoup autour du « partage ». Le sentiment de solidarité est quelque chose que j'ai toujours ressenti en grandissant, et Sadaka en est le résultat.

5. Quel a été ton projet préféré jusqu'à présent ?

Je pense à mon tout premier événement et exposition, « Mémoires des formes », le 5 janvier 2023. J'ai présenté Sadaka à @3537.org. J'ai organisé l'exposition en utilisant des documents qui montraient les expériences et les défis des jeunes de l'île, qui sont trop souvent laissés de côté. L'artiste, le photographe et le designer (respectivement Émile Kirsch, Marvin Bonheur et Kevin Dizami) ont guidé les spectateurs à travers plus d'une centaine d'œuvres, expression collective de la jeunesse de Mayotte, et questionnent les formes d'existence et les normes disparates établies par la France.

Pendant 3 semaines, @monsieurbonheur, @emile_kirsch et @kedizami m'ont suivie à Mayotte et ont partagé leur vision et leur passion avec les jeunes sur place. La résidence « Mémoire des formes » a pour objectif de mettre en lumière l'art sous toutes ses formes. C'est une exploration d'un génie commun, d'un geste collectif. L'envie de transformer la représentation en expérimentation, l'identité en multitude.

De gauche à droite : Julia devant son introduction « Mémoire des Formes », Émile Kirsch, Brut Collectif © Renaus Labelle 

6. Enfin, quel conseil donnerais-tu à un.e curateur.rice d'art en herbe ? 

Deux citations me viennent à l'esprit. « Affamez vos doutes, nourrissez vos rêves » et « Quelle que soit la difficulté, vous devez toujours créer des opportunités ».  

Je pense que dans la vie, il faut agir en fonction des opportunités. Si vous avez la possibilité de gagner votre vie en faisant exactement ce dont vous rêvez, vous devez la saisir quand vous le pouvez. C'est ce que j'ai fait, j'ai vu une opportunité et j'ai choisi de la saisir.


Sélection d'œuvres d'art

Peinture, Can I be seen?, Éric Odartey

Can I be seen?

Éric Odartey

Peinture - 152 x 101 x 5 cm Peinture - 59.8 x 39.8 x 2 inch

Vendue

Peinture, Peace of mind, Éric Odartey

Peace of mind

Éric Odartey

Peinture - 81 x 121 x 5 cm Peinture - 31.9 x 47.6 x 2 inch

Vendue

Photographie, Ekonda Botolo, Delphine Diallo

Ekonda Botolo

Delphine Diallo

Photographie - 90 x 60 cm Photographie - 35.4 x 23.6 inch

5 600 €

Photographie, African Object I, Delphine Diallo

African Object I

Delphine Diallo

Photographie - 40 x 30 cm Photographie - 15.7 x 11.8 inch

1 500 €

Peinture, Lovers, Leikun Nahusenay

Lovers

Leikun Nahusenay

Peinture - 50 x 65 x 0.1 cm Peinture - 19.7 x 25.6 x 0 inch

Vendue

Photographie, Burning, Gabriel Dia

Burning

Gabriel Dia

Photographie - 60 x 40 cm Photographie - 23.6 x 15.7 inch

1 900 €

Design, Hibiscus mon amour rouge, Jean Servais Somian

Hibiscus mon amour rouge

Jean Servais Somian

Design - 182 x 32 x 32 cm Design - 71.7 x 12.6 x 12.6 inch

9 000 €

Design, Us, Aurélien Mole

Us

Aurélien Mole

Design - 160 x 220 x 100 cm Design - 63 x 86.6 x 39.4 inch

8 000 €

Sculpture, Odero IV (Awicho's Oderos serie), Pamela Enyonu

Odero IV (Awicho's Oderos serie)

Pamela Enyonu

Sculpture - 73 x 72 x 5 cm Sculpture - 28.7 x 28.3 x 2 inch

1 400 €

Design, Composition 1, Georgi Velikov

Composition 1

Georgi Velikov

Design - 85 x 23 x 17 cm Design - 33.5 x 9.1 x 6.7 inch

5 500 €

Peinture, Camouflage, Leikun Nahusenay

Camouflage

Leikun Nahusenay

Peinture - 67 x 57 x 1 cm Peinture - 26.4 x 22.4 x 0.4 inch

2 500 €

Design, Amphore faraday 22.17, Hélène Morbu

Amphore faraday 22.17

Hélène Morbu

Design - 21 x 12 x 1.5 cm Design - 8.3 x 4.7 x 0.6 inch

Vendue