Claude Torricini

Française, née à Fort de France (Martinique).
Prix de la Jeune Sculpture - André Susse en 1954.
Beaux Arts de Paris.


La pratique de Claude Torricini est diverse. L’argile, le plâtre le bois, la pierre, la terre cuite, le carton, le papier, les rubans et les plumes, l’argent et l’or sont les supports de ses créations. Pour chaque matière : ses outils et son approche.
- pour l’argile et le plâtre, peu d’outils : la main est reine, en contact direct avec la matière, elle peut la modeler en toute liberté et lui donner la vivacité d’un croquis.
- pour le bois et la pierre, le ciseau et le marteau apportent force et précision, mais le bois et la pierre sont des matières vivantes porteuses de leur propre histoire qu’elle soit géologique ou physique, une histoire faite de couleurs, de traces, de cassures, de fêlures, de cicatrices et de mouvements, que l’on gagne à respecter et dont ’il s’agit de tirer parti.
- pour les métaux, au maniement des outils s’ajoute la magie du feu qui rend le support malléable, rend possible la soudure et permet la reproduction de toute oeuvre, quelle que soit la matière.

Les oeuvres en bronze jalonnent d’une manière particulière le parcours de Claude Torricini. Elles sont une synthèse des pratiques multiples de l’artiste. Elles reproduisent en métal des oeuvres initialement réalisées en terre, plâtre, ou bois. Elles figent la trace du ciseau ou l’empreinte de la main dont elles restituent la spontanéité. Elles illustrent l’étendue de l’oeuvre qui s’inscrit à la fois dans le temps bref de l’esquisse, du croquis pris sur le vif, de la fragilité du papier et le temps long lié aux délais de fabrication et à la robustesse millénaire du bronze.

Une étendue qui va de la recherche solitaire dans l’atelier jusqu’au travail collectif avec l’équipe des fondeurs, ces Maîtres du feu, dont le savoir faire mis au service de l’artiste enrichit sa création sans la dénaturer.
De cette variété d’approches nait un univers où se côtoient une réalité transfigurée par le regard de l’artiste et un monde où les rhinocéros s’assoient en croisant les jambes, où les faucons nous regardent tranquillement les bras dans le dos, et où les chevaux et les vaches palabrent entre eux bien posés sur leur derrière.

Ses oeuvres illustrent cette diversité, et dans le même temps rendent compte de sa profonde attention au monde, de son humour et d’une tendresse qui n’exclut pas la vigueur.

Pas de solennité dans le Panthéon de dieux modestes mi animal - mi homme créés par l’artiste. Pas de souci d’exactitude naturaliste dans ses portraits d’animaux, pas d’exaltation ni emphase, simplement la restitution d’une vibration subtile qui donne, quelque soit le support, une âme à chacune des oeuvres de Claude Torricini.

- Michel Moritz