
Rencontre avec Jérémy Gobé
Quand l’art environnemental rencontre une approche scientifique

Portrait de Jérémy Gobé dans son atelier © Manuel Obadia Wills
Jérémy Gobé est un artiste français engagé. Son projet singulier, intitulé Corail Artefact, est au croisement de la science, de l'art, de l'innovation et de la technologie. Reconnu pour son travail inédit autour des coraux, Jérémy Gobé considère l'art comme un moyen de faire évoluer positivement la vie des communautés. L'idée d'allier une démarche écologique forte à son travail artistique lui est venue tout naturellement. Découvrez avec Artsper cet artiste moteur de changement !
1. Bonjour Jérémy ! Peux-tu nous parler de toi et de ton parcours ?
Je suis né à Cambrai dans le Nord et j'ai fait mes études d'art en Lorraine, à Nancy puis à Paris aux Arts décoratifs. Depuis, je vis et travaille à Paris.
2. D'où vient ta passion pour les coraux et la vie sous-marine ? Plus jeune, te destinais-tu à une carrière dans l'art environnemental ?
En 2010, j'ai découvert des coraux à Emmaüs. Je vais souvent dans des braderies pour y dénicher des objets du passé que j'aime remettre en lumière à travers une création nouvelle. Personne ne savait qui les avait posés là, sous une table, et le plus étrange c'est qu'ils étaient encore humides, comme s'ils avaient seulement quitté la mer depuis peu. Fasciné par ces sculptures de la nature, j'ai décidé de me confronter à la nature comme s'il s'agissait d'un artiste et de continuer à travailler ces coraux comme s'ils étaient encore vivants avec différents matériaux (tricot, chevilles de chantier, porcelaine...).
À propos de ma carrière, je ne savais pas enfant et même adolescent que les études d'art existaient. J'ai toujours aimé créer, mais je ne savais pas que cela s'étudiait et je n'imaginais même pas que je pourrais être moi-même artiste un jour. C'est durant mon année à l'école d'architecture de Nancy qu'une camarade de promo m'a parlé des Beaux-Arts, me disant que moi qui dessinais tout le temps, j'y serai sans doute plus heureux et elle avait raison ! Pendant ces trois premières années d'études, j'ai cherché ce qui serait ma spécificité en tant qu'artiste, ce qui me faisait me lever le matin et créer. J'ai été très touché par les multiples récits que j'entendais sur les usines qui fermaient dans la région et les rencontres avec ces ouvriers sans ouvrages et ces usines en fermeture ont construit mes premières créations. L'écologie est venue naturellement. En créant des projets artistiques qui mettaient en valeur des savoir-faire et en les reliant aux enjeux de notre époque, l'aspect environnemental est venu en toute logique. Tout cela s'est fait par bon sens.


À gauche : Jérémy Gobé imprimant de la dentelle sur du corail © Lionel Pagès L'AGORA DES ARTS 2019. À droite : L'artiste travaillant sur un prototype © Thomas Granovsky.
3. Depuis 2017, tu travailles avec tes collaborateurs sur le projet Corail Artefact : un bijou de science, d'art, d'innovation et d'écologie. Peux-tu nous en expliquer le concept ?
L'idée est de réunir l'art, la science, l'industrie, les savoir-faire et l'éducation afin de développer des solutions concrètes pour la préservation et la régénération des récifs coralliens à travers le monde. L'art est un formidable vecteur de sensibilisation, mais pour ma part, je voulais aller plus loin que la seule dénonciation. Chacun connaît l'état de notre environnement mais peu proposent des solutions. J'ai donc décidé de mettre ma créativité au service d'œuvres pour sensibiliser le public, mais aussi au service de recherches scientifiques et industrielles pour développer des actions concrètes. J'ai aussi voulu y associer un volet éducatif pour que chacun puisse être aussi bien informé de la situation que des manières d'agir pour cette cause qui nous concerne tous.
4. La dentelle est au cœur de ton travail. Tu l'as imaginée comme jouant le rôle de tuteur pour favoriser la régénération naturelle des récifs coralliens. Pourquoi ce tissu ? As-tu fait des recherches particulières sur son héritage et sur sa tradition ?
L'idée est venue lorsque j'ai découvert la dentelle au fuseau et son motif traditionnel appelé le point d'esprit. Il ressemble à s'y méprendre au dessin d'un des coraux que j'utilisais dans mes œuvres. Je savais les dangers qui menacent les coraux et surtout qu'une des manières d'agir est de lui proposer un support pour capter les larves perdues lors des pontes. La connexion entre ce tissu et ce support rêvé s'est faite immédiatement. Ensuite, j'ai testé l'idée et amélioré le principe à travers plusieurs séries d'échantillons.


À gauche : Jérémy Gobé confectionnant une œuvre © Thomas Granovsky. À droite : Illustration © Corail Artefact.
5. D'un point de vue scientifique, le corail est un organisme vital à l'écosystème marin apparu il y a au moins 500 millions d'années ; il abrite la moitié de la biodiversité marine. D'un point de vue artistique, qu'est-ce qui t'a inspiré dans le corail ?
C'est vraiment cette association entre la forme et la fonction. De mon point de vue d'artiste, les coraux sont les plus belles sculptures que j'ai pu voir. Pourtant, les formes que la nature a mise en œuvre pour les façonner sont guidées par la fonction, comme la circulation de l'oxygène, par exemple. De plus, les coraux sont vitaux pour notre survie sur Terre. J'ai toujours aimé les œuvres artistiques qui dépassaient leur rôle premier pour échapper au monde de l'art et avoir un impact direct sur la vie des gens.
6. Lorsque tu exposes, tu portes une attention particulière à ce que les matériaux auxquels tu as recours soient de seconde-main, tu chines de vieux meubles, tu récupères des tissus... La notion de solidarité et de valorisation des gens et des territoires est-elle centrale dans ton travail ?
Oui, c'est ce qui motive chacune de mes créations : tisser du lien entre les différents domaines de la société, créer des cercles vertueux ou tout et chacun y trouve une place juste. Sinon, mes œuvres n'auraient que peu de sens pour moi et je ne me sentirais pas légitime à créer si celles-ci renforçaient les problèmes de notre époque.
7. Au vu de l'urgence climatique, est-ce selon toi aux artistes de trouver des solutions ? Et pour aller plus loin, l'art peut-il sauver la planète ?
Je dirai que c'est à chacun de trouver des solutions, à tous ceux qui ont des idées et les moyens de les réaliser, peu importe de quel domaine viennent ces idées. On a souvent, je pense, sectorisé la création dans des domaines tranchés. Quand je vois des artistes comme De Vinci qui explorait la mécanique, la science et la peinture dans un même élan, je me demande à quel moment les artistes ont été enfermés aux yeux de la société dans leur atelier et dans leurs productions. On parle de la démarche scientifique nécessaire à tout développement d'une idée, mais je dirai pour ma part que la démarche artistique est également vitale pour toute entreprise, peu importe le domaine. La créativité permet de relever tous les défis, de rester compétitif, innovant...
8. Tu as créé une nouvelle matière biodégradable en biopolymère pour permettre aux larves de corail de se fixer sur les récifs et de booster leur régénération. Tu vas enfin pouvoir tester son efficacité fin 2022... As-tu d'autres projets excitants pour cette année ?
Si les conditions le permettent, je vais pouvoir tester les nouveaux prototypes de toutes les solutions en cours de développement. La dentelle en biopolymère, mais aussi les structures en béton écologique, les systèmes de bouturage écologique en impression 3D... Bref, la science suit son cours et de beaux projets d'expositions vont arriver. Le mieux est de suivre les réseaux sociaux de Corail Artefact sur lesquels je mets régulièrement les dernières nouvelles du projet.
Sélection d'œuvres d'art


Pochoir de dentelle #5. Corail Artefact
Jérémy Gobé
Dessin - 76 x 55.5 cm Dessin - 29.9 x 21.9 inch
Vendue

Pochoir de dentelle #7. Corail Artefact
Jérémy Gobé
Dessin - 76 x 55.5 cm Dessin - 29.9 x 21.9 inch
2 000 €

Expansion au pot à lait
César Baldaccini
Sculpture - 14 x 36 x 24.5 cm Sculpture - 5.5 x 14.2 x 9.6 inch
Vendue




Le livre des livres
Maria Helena Vieira da Silva
Édition - 45 x 32 cm Édition - 17.7 x 12.6 inch
800 €


La magie quotidienne (tête de femme)
Alberto Giacometti
Édition - 41 x 28 x 0.1 cm Édition - 16.1 x 11 x 0 inch
Vendue

La magie quotidienne (l'atelier)
Alberto Giacometti
Édition - 51 x 36 x 0.1 cm Édition - 20.1 x 14.2 x 0 inch
3 800 €


La bataille de l'Argonne
René Magritte
Édition - 58 x 78 x 0.1 cm Édition - 22.8 x 30.7 x 0 inch
1 300 €

Imperceptible laughter
Francesca Borgo
Peinture - 20 x 20 x 2 cm Peinture - 7.9 x 7.9 x 0.8 inch
Vendue

Fake abstract yellow on Ingres
Lino Lago
Peinture - 65 x 55 x 4 cm Peinture - 25.6 x 21.7 x 1.6 inch
5 900 €

Dreamscape - Trude
Daniela Pasqualini
Peinture - 76.2 x 121.9 x 2.5 cm Peinture - 30 x 48 x 1 inch
Vendue

Balance of opposites
Krasimira Stikar
Dessin - 42 x 29 x 0.1 cm Dessin - 16.5 x 11.4 x 0 inch
2 400 €

Corail restauration, témoins, Sphère
Jérémy Gobé
Sculpture - 40 x 40 x 40 cm Sculpture - 15.7 x 15.7 x 15.7 inch
4 500 €

Corail restauration, témoins, pyramide
Jérémy Gobé
Sculpture - 40 x 40 x 40 cm Sculpture - 15.7 x 15.7 x 15.7 inch
4 500 €

Corail restauration, variation 16
Jérémy Gobé
Sculpture - 24.5 x 40 x 35 cm Sculpture - 9.6 x 15.7 x 13.8 inch
Vendue

Corail restauration, variation 2
Jérémy Gobé
Sculpture - 15 x 30 x 30 cm Sculpture - 5.9 x 11.8 x 11.8 inch
Vendue

Corail restauration, variation 8
Jérémy Gobé
Sculpture - 39 x 30 x 30 cm Sculpture - 15.4 x 11.8 x 11.8 inch
4 500 €

Corail restauration, variation 10
Jérémy Gobé
Sculpture - 60 x 30 x 30 cm Sculpture - 23.6 x 11.8 x 11.8 inch
Vendue