En haut : Photographe de Corinne Bensahel, Directrice artistique de Baobab Collection (© Serge Anton) / Collaboration Baobab Collection x Sophie Petetin / En bas : Un soir sous les pins, 2025 par Sophie Petetin / Sophie à son atelier © Georgina Cotineau-Corcy

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Corinne Bensahel, Directrice artistique de Baobab Collection, et Sophie Petetin, artiste peintre reconnue pour son univers coloré et poétique. Ensemble, elles signent une collaboration inédite mêlant design, nature et émotion.

1. Bonjour Corinne, pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et des étapes qui vous ont menée à ce poste ?

Les hasards de la vie m'ont menée à Baobab Collection. Rentrée des États-Unis en 2008, je commence une nouvelle carrière de conseil pour une banque d'affaires française, chargée de dossiers de vente et d'achat de sociétés de luxe.

J'ai eu plusieurs vies : à Paris, très jeune, j'ai travaillé sur les marchés financiers. Ensuite, j'ai créé des collections de vêtements d'enfants sous licence. Aux États-Unis, je suis devenue consultante dans les métiers du luxe, et j'ai eu la chance d'approfondir ma connaissance de l'art grâce à une collectionneuse d'art contemporain à Miami.

De retour en France, j'ai appris le métier de conseil en fusions et acquisitions. En accompagnant des marques dans leur valorisation, j'ai rencontré Alain Lahy, l'un des actionnaires historiques de Baobab.

Je suis alors passée de l'autre côté en devenant actrice de la reprise de Baobab Collection avec un fonds d'investissement. Aujourd'hui, j'assume le rôle de Directrice artistique. Dans la vie, il faut savoir se réinventer !

2. Quel était le rapport des fondateurs de Baobab à l'art, et comment faites-vous perdurer cette tradition ?

Le rapport des fondateurs à l'art était axé avant tout sur la photographie. Ils collaboraient avec de grands photographes pour leurs publicités.

Ensuite, une dimension plus profonde s'est installée. Le storytelling de la marque devait absolument être illustré, et l'art a servi à représenter cette narration esthétique et olfactive.

Aujourd'hui, nous collaborons aussi avec des artistes plasticiens, des peintres ou encore des designers, afin d'enrichir l'univers de la marque au-delà de la photographie. C'est une façon pour nous d'ancrer Baobab dans une démarche artistique globale, en phase avec l'évolution des codes du luxe et de l'art contemporain.

À gauche : Thandiwe Muriu (© Serge Anton) x Baobab Collection / À droite : Sophie Petetin x Baobab Collection

3. Qu'est-ce qui a poussé la marque à collaborer avec des artistes ? En quoi cela transforme votre approche produit ?

Comme je viens de le dire, l'art donne une autre dimension. Faire des photos de produits seules est assez ennuyeux. Mais poser nos objets devant un tableau ou à côté d'une sculpture change tout : cela magnifie nos objets parfumés. Une mise en scène s'opère.

Cela permet aussi au client de se projeter différemment, de percevoir l'objet comme une pièce à part entière de son univers intérieur. Ce dialogue entre art et objet fonctionnel est essentiel à notre démarche. Il crée une émotion, une connivence, et renforce le pouvoir narratif de nos collections. Collaborer avec des artistes sans jamais vulgariser leur art, j'adore.

4. Que recherchez-vous chez un artiste, et qu'est-ce qui vous a séduite chez Sophie Petetin ?

J'ai découvert Sophie Petetin sur Artsper. J'ouvre mon téléphone, ça me calme de regarder des œuvres, et paf ! Je tombe sur ses pins parasols. Ils apportent une vraie légèreté au quotidien. Il y a de la couleur, un trait simple mais très maîtrisé, et beaucoup de mouvement. On ressent immédiatement l'ambiance du Sud.

Je l'ai aimée et je l'ai appelée. Je lui ai expliqué mon idée. C'était un peu confus au début, mais elle s'est prêtée au jeu, ou plutôt, elle nous a prêté des tableaux pour que nous nous amusions le temps d'une collection.

Nous ne sommes jamais propriétaires des œuvres. Nous les louons pour 6 mois, le temps d'une campagne, et nous nous engageons à rendre hommage à l'artiste dans nos communications.

5. Quelle est votre vision des collaborations marque-artiste, de plus en plus centrales dans les stratégies de marque ?

Oui, c'est vrai, j'aime les collaborations. Mais pour moi, il est essentiel de préserver la valeur de l'œuvre. Elle doit rester unique, fidèle à l'artiste. Il existe plusieurs façons de collaborer, mais le plus important, c'est de toujours respecter le travail de l'artiste. C'est ce que nous nous efforçons de faire.

Nous pensons que ces collaborations doivent être pensées dans la durée, avec sincérité et exigence. Ce n'est pas un effet de mode, mais un engagement créatif. Il s'agit d'inventer un langage commun entre la marque et l'artiste, sans jamais trahir son identité ni dénaturer son œuvre.

Sophie Petetin © Georgina Cotineau-Corcy

Nous avons également rencontré Sophie Petetin, l'artiste à l'origine des œuvres ayant inspiré cette collaboration.

6. En tant qu'artiste, comment abordez-vous les collaborations avec des marques comme Baobab tout en préservant votre intégrité artistique ?

J'ai accepté cette collaboration pour plusieurs raisons. Les produits correspondent à mon image du beau et de l' esthétique. Et la société finance Octobre Rose, en reversant une partie des ventes de la bougie "Women" pour sensibiliser à la lutte contre le cancer du sein.

Cette collaboration est née par hasard grâce à Artsper. Corinne regardait une de mes œuvres représentant des pins parasols et m'a appelée, sans me parler de Baobab, simplement pour partager l'émotion ressentie. Elle m'a ensuite proposé un partenariat pour leur collection printemps 2025, autour de quatre œuvres sur le thème du voyage. Ce qui m'a touchée, c'est leur rapport sincère à l'art et aux artistes. Le fait que je vienne du monde de la mode a également enrichi notre échange.

Baobab a sélectionné les toiles qui correspondaient à leur univers pour la future collection raffia La French Riviera, tout en respectant pleinement mon intégrité artistique. Il n'y avait ni commande ni brief, seulement une émotion partagée — et c'est exactement ce que je recherche : peindre pour transmettre une émotion et offrir un moment de bonheur.

7. Comment ce partenariat s'inscrit-il dans votre pratique artistique ?

Ma pratique artistique est centrée sur la couleur. Je suis une coloriste, c'est mon ADN. Il m'arrive même de fabriquer mes pigments. Quand je démarre une toile, j'ai toujours une idée du sujet, mais la couleur prime. Je cherche une harmonie entre formes et teintes, comme une composition musicale. Mes pins parasols sont comme des personnages qui veillent sur le paysage.

Baobab aime aussi la nature : les arbres, les fleurs, les éléments. J'ai aimé cette affinité. Dans la majorité de mes toiles, la nature est centrale. Elle m'inspire à chaque saison. Les bougies Baobab apportent calme et sérénité, en osmose avec ma démarche.

8. Qu'avez-vous retiré de cette collaboration et influencera-t-elle votre travail futur ?

Cette collaboration m'a apporté une belle reconnaissance et, je pense, d'autres opportunités à venir. J'ai commencé à peindre ces pins parasols il y a plus de deux ans, et plusieurs ont déjà trouvé acquéreur. Cette expérience influencera mes choix de formats, de couleurs et de croquis. J'ai toujours été attirée par l'esthétique et l'équilibre.

Aujourd'hui, je rêve de projets de décoration, de formats XXL, de collaborations avec des architectes d'intérieur. Après cette collaboration, j'ai créé une série sur Saint-Tropez, avec des pins parasols flottant au-dessus de la ville, inspirés de mes promenades dans le golfe au petit matin.

Sophie Petetin © Georgina Cotineau-Corcy