Paul Maz

Toute oeuvre sait de nous des choses que nous ignorons d'elle. Paul Maz va à la rencontre de cet inconnu enfoui au cœur de chacune de ses créations et le donne à voir en laissant libre cours à toute interprétation.

Son inspiration naît d'un souvenir, d'une lueur, d'une émotion. Elle est portée par une expression poétique proche de la nature tout en laissant une large part à l'informel. L'aridité des déserts, la mousse céleste, le mystère marin ou les plis de la Terre sont présents dans un espace libre de toute contrainte. Un espace où les lignes, les masses et les couleurs s'installent sans conformisme. Il joue avec les limites ; donne vie à un paysage abstrait qu'il s'empresse de s'approprier pour le réécrire en répondant à l'impérieuse nécessité d'en faire son propre territoire.

Chacun de ses tableaux est le fruit d'un voyage dont le parcours ignore la destination finale. Il se laisse saisir par l'instant, accompagne l'autonomie des couleurs. Les outils - spatule, brosse, éponge ou couteau - prolongent le geste. L'oeuvre prend naissance, toujours surprenante.

Un territoire où se perdre pour imaginer.

Chaque oeuvre de Paul Maz est aussi le lieu, ouvert, où se projeter pour se perdre, ou imaginer, parmi des éléments qui jouxtent parfois une même frontière dont on ne sait si elle sépare ou réunit.

Dans ces espaces où se rencontrent la matérialité et les limites incertaines de territoires intérieurs, l'horizon est présent, souvent. Parfois multiple.

Paul Maz est né en 1952 à Fontainebleau. Journaliste, auteur de spectacles et artiste prestidigitateur il travaille en son atelier du Perreux sur Marne, près de Paris.

Sociétaire de la Fondation Taylor.

Médaille de Bronze de la société académique Arts Sciences Lettres.

Membre du collectif artistique Le Nadir.

Extraits d'une interview de Paul Maz réalisée par Ben et Wilfrid d'ArtEthic Galerie :

Quel est ton parcours ?

J'ai commencé à peindre à l'adolescence, directement à la peinture à l'huile, puis cela m'a quitté.

J'ai eu une vie professionnelle très variée ; j'ai tout d'abord travaillé comme ingénieur dans les nouvelles technologies, puis dans le journalisme pendant une vingtaine d'années.

Ensuite, je suis revenu à l'art dans le domaine du spectacle. Je suis auteur, créateur et interprète de spectacles pour le jeune public.

En parallèle, je me suis remis à la peinture. Depuis une dizaine d'années, j'y consacre la plupart de mon temps.

Quelle est ta démarche artistique ?

C'est avant tout un voyage dont je ne connais ni la destination ni le parcours, je me laisse guider par l'instant, j'essaie de créer en avançant et les accidents qui peuvent survenir sont très souvent des éléments qui viennent enrichir l'oeuvre.

Je cherche d'abord à être surpris ou à me surprendre moi-même. Je comprends qu'à un moment je suis arrivé là où je voulais, même si je ne savais pas ce que je voulais. Ce qui m'étonne toujours, c'est que je sais quand une œuvre est terminée.

Comment travailles-tu ?

Je travaille principalement à plat sur du papier, le papier c'est mon territoire. Je l'ai adopté depuis longtemps, peut-être un peu inconsciemment, ayant eu une longue vie de journaliste de la presse écrite. Le papier est venu à moi ! Aujourd'hui, j'utilise du papier kraft ou du carton et parfois du papier braille.

Ensuite les couleurs s'imposent et même les outils s'imposent. Cela peut être une spatule, un pinceau, cela peut être aussi ce que l'on appelle un sabre mais ce ne sont pas forcément des outils traditionnels.

Puis je laisse venir les choses, les couleurs, les outils, et, toujours, à un moment donné le miracle se produit. Cela demande un certain temps ou quelquefois c'est immédiat ; cela peut être au détour d'une impulsion ou au contraire mûrement réfléchi.

Quelles sont tes inspirations ?

Je propose des œuvres qui sont une forme de paysage abstrait. Je suis très marqué par l'horizon, il y a toujours un horizon dans mes oeuvres, il est multiple parfois ; je suis aussi marqué par la frontière qui peut séparer ou réunir.

Plutôt que de paysages, je préfère parler d'univers dans lesquels chacun peut se projeter, que chacun peut s'approprier en fonction de son imagination.

Qu'est ce qui te rend joyeux ou triste ?

Ce qui me motive avant tout c'est l'envie, l'envie de créer, l'envie de rencontrer, l'envie de voir la vie sous des jours nouveaux. L'art, en particulier l'art pictural ou la poésie, fait partie des choses qui m'animent et qui me rendent joyeux. Etre inspiré est un sentiment extraordinaire car on a l'impression d'être porté par quelque chose qui remplit de joie, et on peut atteindre des sommets dans la jubilation même si on est seul devant son œuvre.

Ce qui me navre c'est de ne pas croire aux possibles, à la puissance créatrice que l'on porte en soit. Voir des personnes qui ne croient pas en elles ou qui pensent que tout est impossible, c'est vraiment quelque chose qui me rend triste.