
Bienvenue dans l'univers de Laure d'Hauteville
Bienvenue dans l'univers de Laure d'Hauteville : Pionnière de l'art du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord

Laure d'Hauteville, fondatrice & directrice de MENART FAIR © irenederosan
Laure d'Hauteville est une figure incontournable de l'art moderne & contemporain des pays du MENA et pionnière dans la promotion de l'art du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Depuis les années 1990, elle se consacre au rapprochement entre les scènes artistiques occidentales et arabes. Fondatrice de nombreuses foires d'art internationales (un total de 38) de Beyrouth à Singapour, Abu Dhabi et Paris, elle a offert une visibilité sans précédent aux artistes de la région MENA. Son engagement s'étend au-delà de l'organisation d'événements, puisqu'elle a également soutenu de jeunes talents, a créé un prix pour la photographie et enseigne à la Sorbonne Université, partageant son expertise avec les nouvelles générations. Au-delà de sa passion pour les arts de ces régions, son fil conducteur est la promotion du dialogue interculturel entre le Moyen-Orient et l'Occident.
1. Bonjour Laure D'Hauteville ! Pourriez-vous vous présenter à notre public ?
Je suis conseillère artistique auprès de collectionneurs, institutions, galeries et artistes. Ancienne journaliste culturelle, je suis active depuis 1991 sur la scène artistique entre la France et le Moyen-Orient. En 1998, j'ai fondé Artuel à Beyrouth, premier salon international d'art moderne & contemporain de la région que j'ai animé et commissionné jusqu'en 2005. Parallèlement, j'ai créé Jabal, dédié à la reconnaissance et à la valorisation des jeunes artistes émergeants au Liban.
En 2007 et 2008, j'installe la foire Artparis-Abu Dhabi (Abou Dhabi, Émirats Arabes Unis) et en 2010, je crée et prend la direction de Beirut Art Fair, suivie de Singapore Art Fair en 2014. De 2012 à 2018, j'ai lancé un Prix au Liban, pour la photographie libanaise et j'ai installé de nombreux photographes sur la scène internationale. En 2021, je conçois et développe à Paris MENART FAIR, la première foire dédiée aux galeries présentant des artistes du Moyen-Orient & de l'Afrique du Nord (Middle East & North Africa - MENA), que j'ai ensuite décliné pour d'autres capitales européennes. Parallèlement, je suis commissaire d'exposition indépendante en France et à l'étranger et enseignante à la Sorbonne Université, spécialisée sur les scènes artistiques du MENA. Au-delà de ma passion pour les arts de ces régions, mon fil conducteur est la promotion du dialogue interculturel entre le Moyen-Orient et l'Occident.
2. Pouvez-vous donner un aperçu de la MENART FAIR et de sa mission, en particulier pour notre public international qui pourrait ne pas être familier avec cet événement ?
Menart Fair est une foire “à taille humaine," boutique-art-fair, internationale d'art moderne et contemporain que j'ai fondé en 2021 avec pour mission de mettre en lumière les artistes du Levant, du Golfe arabo-persique et d'Afrique du Nord à travers une sélection rigoureuse de galeries de premier plan. Depuis ses débuts, Menart Fair est un véritable catalyseur pour une scène artistique en plein essor, dont la production dense et solide est soutenue par de nombreux musées et institutions de renom.
Pour sa 5ème édition, qui se tiendra du 20 au 22 septembre 2024 au cœur du Marais à Paris, Menart Fair portera exclusivement son regard sur la scène artistique féminine du MENA, interrogeant l'héritage des pionnières et mettant en lumière les créatrices contemporaines et émergentes. Une édition 100% féminine qui dépasse largement la question du genre pour sensibiliser avant tout les visiteurs à la richesse et à l'importance de cette scène artistique, souvent méconnue en Occident. L'événement accueillera une trentaine de galeries, dont certaines proposant un focus sur le design, ainsi que 7 institutions. Les artistes exposées viennent de pays dont nous n'avons pas l'habitude de voir les oeuvres : Elles viennent d'Afghanistan, d'Algérie, de l'Arabie Saoudite, d'Egypte, d'Iran, de Jordanie, du Kazakhstan, du Liban, du Maroc, de la Palestine, du Qatar, de Syrie, de Tunisie, des Emirats Arabes Unis, du Yémen, du Koweït, et d'Ouzbékistan.
L'histoire des femmes artistes dans les pays du Moyen-Orient & de l'Afrique du Nord (MENA) s'apparente à une odyssée artistique bouleversante, jalonnée par des périodes riches en créativité et en innovation, mais également par des défis sociaux et culturels importants, méconnus du grand public. Les artistes femmes du monde arabe et perse sont souvent influencées par des traditions artistiques anciennes, comme l'art islamique, l'art chinois, l'art japonais et l'art indien. Les références au passé se révèlent dans des motifs symboliques et le choix de thèmes ancestraux tels que la nature, la spiritualité ou la mythologie. Les techniques et les médium choisis par ces artistes se réfèrent également à la tradition. La peinture à l'encre, la calligraphie et l'utilisation de pigments naturels sur soie ou papier sont courantes. En 2023, les femmes artistes du monde arabe et perse ne représentent que 1,5% des artistes présentés dans les galeries ! Nous avons donc voulu, prendre le parti d'une édition engagée, pour qu'à l'instar des institutions culturelles qui multiplient les initiatives pour leur reconnaissance, le marché puisse s'activer à son tour.
3. Comment votre carrière dans le monde des foires d'art a-t-elle commencé, et comment a-t-elle évolué au fil du temps ?
J'ai créé ma première foire au Liban, en 1998. Cette édition de Menart fair sera ma 38ème foire. Ayant vécu presque 30 ans au Liban, j'ai toujours voulu défendre la création artistique du MENA qui est aujourd'hui, mon expertise.


MENART FAIR © Ronan Nouri - The Social Medium
4. Quelle a été la foire la plus mémorable que vous ayez organisée ?
Il y en a deux : La première, en 2007, a été “artparis-abudhabi". Caroline Lacoste et Henri Jobbé-Duval, propriétaires de la foire artparis, m'ont contacté car ils souhaitaient exporter leur foire dans les pays du Golfe. J'étais la personne idéale pour cela. Ce fut une aventure extraordinaire ! Artparis-abudhabi s'est tenue durant deux années de suite, à l'Emirates Palace, un hôtel 7 étoiles, hors norme. Ce fut les mille et une nuit… Nous avions reçu un grand nombre de visiteurs, au moment même où la Sorbonne venait d'ouvrir ses portes et que les chantiers sur l'ïle de Saadiyat démarraient, avec entre autres, la construction du Louvre Abu Dhabi, par Jean Nouvel. Aujourd'hui, la foire s'appelle Abu Dhabi Art Fair et est organisée par le gouvernement. J'y vais chaque année, c'est une magnifique foire.
La deuxième, en 2019, la 10e édition de Beirut Art Fair. En 5 jours, nous avons reçu 36.000 visiteurs venant des quatre coins du monde. Notre programme dans la foire, les conférences, les soirées dans des lieux magnifiques, tout était magique et les galeries ont très bien vendu ! Tous les collectionneurs du pays ont “joué le jeu" et ont ouvert leurs portes aux VIP. Puis, 3 semaines plus tard, éclatait la révolution au Liban et suivie de l'explosion du 4 août 2020. Depuis, la foire est en “pause."
5. Avez-vous des modèles dans le monde de l'art ? Si oui, pourquoi vous inspirent-ils ?
Dans le monde des foires, oui, j'adore Abu Dhabi Art Fair, Dubaï Art Fair, 1.54 dédiée à l'art africain, et Paris Internationale qui est très cool ! Autrement, je suis une grande fan de la Biennale de Sharjah. J'aime leur programmation, et la facilité avec laquelle l'art est à la portée de tous. Ce sont des événements “généreux" en termes de partages d'idées et en réceptions. Car l'art c'est la vie, c'est aussi les rencontres.
6. En tant que plate-forme internationale de vente d'art en ligne, notre public s'intéresse toujours à l'aspect commercial du monde de l'art. Comment MENART FAIR contribue-t-elle aux aspects commerciaux de l'art contemporain, tels que les ventes en galerie et la croissance du marché de l'art dans la région MENA ?
Menart fair est une foire avant tout, didactique. Elle donne les clefs de compréhension pour ce marché qui intéresse de plus en plus les collectionneurs et les institutions. Nous éditions des publications, nous communiquons sur nos réseaux sociaux en donnant des informations courtes avec de belles illustrations, nous organisons des conférences, des voyages à l'étranger chez des collectionneurs, nous ouvrons les ateliers des artistes, et nous collaborons avec de grandes maisons de vente pour référencer les côtes de ces artistes.
Menart Fair est une foire à taille humaine qui s'attache avant tout à favoriser la découverte artistique, le partage et les échanges féconds entre le public, les galeries et les artistes. Réunissant volontairement une sélection réduite et exigeante, la foire offre un instantané de la scène moderne & contemporaine de la région MENA, divisé en quatre sections, pour permettre aux visiteurs d'appréhender les propositions curatoriales de qualité et de portée internationale. Les œuvres des artistes de la modernité dialoguent avec les contemporaines prometteuses. Cette rencontre unique permet d'appréhender l'évolution de l'art à travers les années et de saisir les liens qui unissent les différentes générations.
La visibilité des artistes femmes arabes est croissante. Nous assistons à une remise en question de nombreuses galeries qui réalisent que, malgré une sous-représentation, le travail des artistes femmes de ces régions est remarquable. Plusieurs facteurs expliquent l'évolution en cours : le talent et la détermination de ces artistes ; l'évolution des attitudes sociales et l'accès croissant des femmes à l'éducation, notamment artistique ; la montée des mouvements féministes et la création de plateformes de soutien leur étant dédiées ; une meilleure communication à l'échelle mondiale grâce aux réseaux sociaux qui leur ont également permis de se connecter entre elles. L'évolution des gouvernements des pays arabes favorise également leur reconnaissance et le développement de leur carrière. Le gouvernement égyptien a par exemple mis en place des programmes d'éducation artistique destinés aux femmes et organise des expositions et des festivals qui mettent en valeur leur travail. Les artistes marocaines peuvent profiter de subventions délivrées par le Fonds d'appui aux arts plastiques créé par le gouvernement. Les Émirats Arabes Unis et dernièrement l'Arabie saoudite soutiennent activement les femmes artistes en leur fournissant de nombreuses aides. Ainsi, 70% des artistes venant des pays du Golfe sont aujourd'hui des femmes !


MENART FAIR © Ronan Nouri - The Social Medium
7. Quelles expériences uniques les participants peuvent-ils attendre de cet événement, comparé à une foire non spécialisée dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ?
Nous prenons le temps de nous occuper des visiteurs, en organisant des visites avec médiations (sur demande), nous leur présentons les galeries, les artistes présents(es), nous organisons des performances de danse, de musique, et aussi un espace culinaire des spécialités de ces régions. Nous aimons faire la fête, et parler d'art dans la joie. L'avantage est que nous sommes une foire à taille humaine, avec la participation d'experts internationaux. En visitant Menart Fair, le visiteur peut mieux appréhender l'histoire de ces pays et l'évolution des peuples. C'est avant tout un voyage artistique à travers le Maghreb, le Moyen-Orient et l'Asie Central. Cette année, vous y découvrirez le travail d'une centaine d'artistes, venant de l'Afghanistan à l'Ouzbékistan, en passant par l'Égypte, l'Iran et l'Afrique du Nord !
8. Enfin, quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui commencent leur carrière, dans le monde de l'art et au-delà ?
Le plus important étant de développer ses connaissances et découvrir ses passions. Pour cela, il faut visiter des musées, les expositions dans les galeries, les foires en France, en Europe et si possible, en dehors de l'Europe, pour développer un œil critique. Il faut aussi assister à des conférences, des débats, et pourquoi pas, en organiser avec leur université ? Faire ensuite, de petits comptes rendus, pour apprendre à analyser les œuvres et identifier leurs caractéristiques. L'idéal serait aussi de s'abonner et/ou lire la presse artistique pour découvrir ce qui leur plaît. Très vite, les jeunes vont se rendre compte de leurs centres d'intérêts (art ancien, moderne & contemporain, figuratif, abstrait, les deux….mais aussi l'art engagé ?).
Il est aussi très important, dès le départ, de se constituer un réseau (personnes qu'ils pourraient rencontrer dans des galeries, auprès d'amis, ou amis d'amis, les réseaux sociaux, créer un blog ou une page spéciale sur les RS, en donnant des informations sur ce qu'ils ont aimé, etc. Peut-être aussi rejoindre des associations artistiques, comme Menart Friends ou d'autres, qui aident les jeunes à se familiariser à l'art.
Pour commencer une collection, je dirai tout simplement : acheter ce que vous aimez et sans vous faire influencer. Cela peut commencer par des affiches, des cartes postales, puis un petit dessin, une petite sculpture, une toile, etc. Dans les maisons de ventes ou bien sur les sites, l'on peut trouver des trésors à très bon marché. Il faut se renseigner sur le parcours de l'artiste. Ensuite, avec le temps, ces jeunes grandiront en même temps que leur « collection » et ils seront alors, dans le marché.
Sélection d'œuvres d'art



God's way on business
Zeina Assi
Édition - 65 x 55 x 1 cm Édition - 25.6 x 21.7 x 0.4 inch
1 387 $US




Pearl in the Oyster
Fatimah Hossaini
Photographie - 62 x 82 x 0.3 cm Photographie - 24.4 x 32.3 x 0.1 inch
4 046 $US