Marie-Jo Lafontaine

Lauréate du Prix de la Jeune Peinture Belge, Marie-Jo Lafontaine questionne le monde à travers la photographie, l’installation vidéo, la sculpture et la peinture depuis les années 70’. Dans une œuvre soignée, elle suggère un regard macro et micro sur notre société, ses mutations et les dualités inhérentes à chacun de nous. C’est bien au départ de l’humain dans sa simplicité physique qu’elle dévoile toute l’ambiguïté de l’humanité et de nos systèmes psychiques. Le sensoriel de nos êtres se décline aux travers de leitmotivs tels que la lutte entre Éros et Thanatos, amour et beauté et violence et destruction. Elle dévoile une fascination pour la beauté terrifiante notamment dans ses portraits de jeunes gens, entre l’enfance et l’adulte dans « Babylon babies » (2001) dont la beauté et la force du regard sont troublantes. L’artiste appose à ses modèles une consistance et une humanité intense en contraste avec les images qui nous entourent au quotidien dénuées d’âme.

L’artiste nous emmène sur des chemins dont les frontières sont floues, elle provoque le jugement et refuse la vision unique. Dans la vidéo « Las cinco de la tarde », la sensualité d’une danseuse de Flamenco se confronte à l’agonie d’un taureau mis à mort lors d’une corrida espagnole.

« Be-Side-Me 2015 », dont est issu la sérigraphie pour S—M—M questionne - dans un diptyque chaleureux et intimiste - l’affluence actuelle de réfugiés vers l’Europe. L’urgence de la situation pousse l’artiste à créer cette série pour exprimer un état du monde avec poésie et finesse. On observe sur la partie gauche, les lignes verticales vibrantes qui évoquent le « streaming », perpétuel mouvement des personnes à travers les continents. A droite, les taches suggèrent l’ensemble d’obstacles et embûches que les migrants doivent affronter.