Chantaléa Commin

Née en Guadeloupe en 1971, de parents descendants de coolies, d'africains et d'amérindiens, Chantaléa Commin étudie l'Esthétique, la Littérature et le Cinéma expérimental à Paris I-Sorbonne, y vit et travaille jusqu'en 2011.

Elle retourne sur son île natale il y a dix ans pour vivre par et pour les arts visuels. Cet aller-retour a exacerbé ce sentiment particulier de “bipolarité identitaire" des “français au loin", la plasticité cérébrale nécessaire pour être d'ici et de là-bas, l'extrême richesse qui découle aussi de l' appartenance à “tous les Mondes" ! Son travail intègre la pratique du transfert d'un support à l'autre, du copier-coller, frayant une voie à la fusion des disciplines et des idées les plus diverses, créant de nouveaux espaces de réflexion et anticipant de fait notre société Internet et nos formes actuelles de communication et de pensée et de creer. Son travail intègre et identifie les signaux culturels d'un corps social multiple, tentaculaire (critique parfois du Tout-monde de Glissant), où les cultures ne s'embrassent pas toujours, ne s'interpénétrant pas si facilement, pas sans une forme de résistance (générations Woke ou cancel cultur) ou une volonté en tout cas, de se démarquer au sein de la société française actuelle, face à une ghettoïsation de plus en plus prononcée des personnes et des idées, où les « centres » ne sont plus la norme, où le désir de soustraction au réel est de plus en plus palpable et fort ».

Enfin, le climat délétère et insurrectionnel engendré par la pandémie mondiale qui s'étend, nourrit le caractère nomade, “militant" et érectile de son oeuvre mais aussi son aspect inquiétant et inquiet, multipliant les petits personnages sombres enfermés dans leur bulle, observant le jeu de repli, soulignant le recul du “Fear of missing out" engendré pas les confinements répétés (FOMO), et le Fear of going out (FOGO) alimenté par un monde en crise durable.

Artiste aux pratiques expérimentales et protéiformes, entre véritable plaisir, nécessité financière et engagement écologique, comme tout le monde, le créateur devient un Bricoleur de vie, à rafistoler, détourner, à privilégier la beauté diverse et inclusive. L'autonomisation prédominant sur la consommation. elle multiplie les supports et les médiums, (peinture, dessin, vidéo, le textile, l'installation et la peinture numérique) la consommation responsable s'incarne jusque dans l'oeuvre pour dépeindre un monde et des modes de vie changeants, en constantes et profondes mutations …

Par le truchement de ses créations hybrides, elle dévoile un monde désenchanté, parfois sombre ou burlesque où les lignes croisent l'intimité et le collectif, où des pics organiques s'enracinent dans l'humus local ou universel. Le côté suranné que peut prendre ses créations ne dépeignent cependant pas le passé, mais ce qu'il engendre. Elle présente son travail dans la Caraïbe, à Paris, Japon, Suisse, a collaboré à des ouvrages et revues d'art …

Depuis 1993, elle expose collectivement ou individuellement, à titre d'exemple : Art dans la ville, Expo Collective, Bagneux, France, 1993 // Résidence cinématographique au Musée de brousse Kadioute-Boucotte, Casamance, Sénégal, 2005 // … Et plus régulièrement depuis son retour en Guadeloupe où elle se consacre exclusivement à des activités autour de l'art contemporain et sa transmission, on retiendra quelques unes ; Semaine du Cinéma caribéen et des outre-mer, Paris, 2018 // Mutations, Exposition Solo, Médiathèque Yvon Leborgne, Port-Louis, Guadeloupe, 2019 // Numéris Clausus à la Fondation Clément en 2021 //Les Ateliers Wi'anArt 2021, Participation à l'année de la France au Japon, Kyoto, 2021 // Expo PAG avec la Maison de l'architecture Guadeloupe, Mémorial Acte, 2021