Considéré comme l'une des 100 personnalités qui réinventent la culture par Les Inrocks, Abdel Bounane est aujourd'hui président de Bright, solution de créations génératives et expériences interactives pour la communication des marques et des espaces.

Chroniqueur sur Canal+ ou encore France Culture, éditeur d'AMUSEMENT, le premier magazine consacré aux cultures numériques mais aussi cofondateur de GALERIES, le premier centre d'art numérique de Bruxelles, Abdel Bounane est passionné par les potentiels de l'art numérique et les expériences digitales, il nous en dit plus sur sa vision pour le marché de l'art et sur ses affinités artistiques.

Artsper : En quelques mots, comment data et art cohabitent selon toi ?

Abdel Bounane : Je considère que certaines oeuvres (« génératives », « data art », etc.) peuvent porter leur message à travers la data. Les données peuvent innerver la forme plastique d'une oeuvre, pour exprimer son sens de manière sensible, esthétique et dynamique. Les données telles que la consommation énergétique d'un bâtiment, l'activité sur les réseaux sociaux, l'utilisation d'un objet connecté… Peuvent être représentées par le prisme d'un artiste pour en révéler la substance.

Ces data peuvent également évoluer en temps réel, comme nous le proposons à travers notre solution pour les marques, ce qui confère un caractère dynamique, vivant et infini aux créations, qui ajoute une couche de poésie et de narration.

Il y a, enfin, dans ces créations quelque chose de quasiment magique : nous révélons des données, par nature invisible, et les rendons tangibles et expressives. Et je considère que pour certaines d'entre elles (consommation énergétique par exemple), le fait de les représenter pour les porter à la connaissance du public, relève presque d'un devoir citoyen.

Artsper : Le lieu culturel que tu adores ?

Abdel Bounane : J'ai plusieurs lieux culturels de prédilection, et ils portent tous le nom d'un hashtag sur Instagram. C'est là que je découvre les esthétiques qui modifient ma perception de la création, que je "m'update" sur de nouveaux courants visuels émergents. Si vous voulez un lieu culturel dans le monde réel, je dirai bien sûr la Gaité Lyrique pour leur programmation pointue et leurs cycles de conférence.

Artsper : Ta dernière découverte Arty ?

Abdel Bounane : Cette vidéo de Gillian Wearing, à la fois publicité et oeuvre d'art, que n'aurait pas renié Warhol. Et cette oeuvre de Rafael Lozano-Hemmer qui utilise nos data biométiques pour produire une oeuvre d'art perturbante.

Artsper : L'œuvre d'art que tu rêves de posséder ?

Abdel Bounane : Celle qui sera produite par la première I.A. dont on aura prouvé qu'elle fait des choix artistique conscients.

Et sur Artsper, je m'achèterai bien cette sublime photographie de Pascale Lander ou ce dessin de Minako Asakura.

Artsper : Est-ce que l'on peut trouver de l'art dans ton appartement ?

Abdel Bounane : Oui, et ayant produit pendant des années Amusement (magazine), une revue qui exposait les liens entre les jeux vidéo et les arts, j'ai d'ailleurs une conception assez large de l'art : chez moi, une affiche japonaise originale d'Eraserhead côtoie du Rafael Rozendal ou des dessins réalisés par le jeune artiste Young Do Jeong.