Présentation

Photographe française, Vanessa Franklin a vécu au Japon de janvier 2011 à octobre 2014. Parmi les nombreuses découvertes de ce nouveau pays, un objet simple, profondément ancré dans la vie quotidienne et auquel les Japonais ne prêtent plus attention, a attiré son attention: une bâche en nylon bleu dont la surface colorée dissimule de nombreuses significations. Présente dans de nombreux moments importants de la vie au Japon, des feux d’artifice à des trousses d’urgences ou à des chantiers de construction, cet objet qui pourrait paraitre insignifiant, est un compagnon fidèle des Japonais, et probablement plus que n’importe quel autre objet. Il incarne un large panel des aspects de la culture contemporaine japonaise.

La couleur bleue de la plupart de ces bâches reste un mystère. Bleu, la couleur du ciel et de l’eau, paradoxalement choisi pour un morceau de tissu artificiel. Bleu, la couleur du paradis et de l’absolu, attribué à un objet aussi peu onéreux. Ce choix est probablement un simple souhait de trouver une couleur agréable, qui se détache de n’importe quel arrière-plan, et qui est la conséquence du caractère répétitif et pratique de la fabrication industrielle. Mais, même si cela n’est pas volontaire, la primauté du bleu sur ces bâches, en liant le trivial au divin, donne une dimension plus poignante à leurs utilisations fréquentes comme un refuge pour un sans-abri, comme un moyen de cacher des éléments indésirables de la vue, ou même comme un espace accueillant où l’on célèbre la beauté éphémère des sakura.

Fascinée par les mutiples métamorphoses du drap bleu, Vanessa Franklin a donc décidé d’explorer ses nombreuses identités, en photographiant ses amies enveloppées dans ce vêtement d’azur, avec la collaboration du styliste Kosei Matsuda. Les décors varient, et chaque image valorise le lien particulier qui se tisse entre le modèle et le drap. En faisant ainsi, l’artiste est allée plus loin qu’un simple portrait, et elle traduit d’importants concepts de la culture japonaise, comme une profonde prise de conscience de la fugacité de la vie, que les fréquentes catastrophes naturelles, mais aussi la beauté fugitive des fleurs de cerisier, rappellent régulièrement aux Japonais. De la religion à la servitude, les images de Vanessa offrent un aperçu du puzzle qu’est la société japonaise, des touches impressionnistes divulguant aux spectateurs attentifs, de nombreux indices sur ce qui fait l’identité du Japon.

Néanmoins, ces photographies ont un aspect plus universel pour les Japonais, et peuvent aussi être considérées comme un portrait d’une génération, la génération des modèles et de l’artiste elle-même.

S’inscrivant dans une série, ces photographies dessinent un autoportrait de Vanessa Franklin et de son monde personnel. Elles parlent aussi de jolies rencontres, entre un photographe et ses modèles, qui sont souvent ses amies, mais aussi dans certains cas, de simples inconnus qui deviendront des amies après la prise de vue.

L’appareil photo apparait comme un lien, un médiateur, rassemblant les énergies et les émotions de plusieurs personnes, pour un moment bref qui peut évoluer en une relation plus profonde. C’est une manifestation d’un heureux hasard, de moments magiques et furtifs qui resteront à jamais suspendus dans le temps. On peut sentir l’engagement des modèles, la façon dont elles se plongent corps et âme, dans la prise de vue. L’appareil photo crée un lien silencieux entre le photographe et son modèle, leur respect mutuel est palpable. Le tirage photographique implique plus tard, une nouvelle rencontre, entre le spectateur, le modèle et l’artiste. Le modèle semble jouer avec ces deux derniers, parfois en feignant de les ignorer, parfois en les regardant audacieusement, les séduisant même. Cette série allie le plan intime et universel, et révèle les personnalités des jeunes femmes, de diverses origines, et la culture de tout un pays, vu à la fois par ses habitants et par des regards étrangers.

Les photos de Vanessa Franklin brisent les frontières entre les différentes catégories de photographies, le portrait, le nu ou le paysage, la qualité de la lumière agit en unificateur. Les images explorent les relations entre le corps humain et son environemment, la façon dont les êtres humains façonnent la nature ou les villes selon leurs besoins, et la façon dont ils se déplacent en elles, vivent avec elles, pour le meilleur et pour le pire. Les jeunes femmes investissent gracieusement leur environnement, l’atmosphère est parfois animée, comme au théâtre, et parfois calme et minimaliste. L’investissement complet des modèles lors de la prise de vue, leur liberté accordée par la photographe, le choix de l’artiste d’utiliser un appareil de type C Hasselblad et son refus de retouche, tout amène à ce sentiment général d’honnêteté et de générosité, de franchise, si rafraichissant dans un monde dominé par l’image artificielle. On ne peut pas rester insensible au regard direct d’une jeune femme nue, ni manquer de sentir la tendresse et l’intensité véhiculées par ces photographies.

L’artiste mélange les stéréotypes de la photographie commerciale et de la mode pour les transcender. Elle semble déformer les notions de luxe et de marque en transformant, en élément de mode, un simple bout de toile en plastique dont l’utilisation n’a normalement rien de glamour. Les modèles pourraient être des princesses de conte de fée, avec leur robe de Cendrillon, qui retrouverait son état de haillons après la prise de vue. En jouant ainsi avec les codes de la mode et de la culture publicitaire, Vanessa Franklin se moque gentiment de son propre monde – le monde de la photographie de mode et publicitaire - mais nous rapelle aussi fermement, que la beauté peut même se cacher dans les choses les plus banales. Cette série met aussi en avant l’importance des uniformes au Japon. Ces tenues conventionnelles effacent la personnalité de chaque individu, les catégorisant selon leur activité. Cela reflète ainsi une disposition symptomatique des habitudes japonaises de définir l’individu en fonction de sa relation avec la communauté. Ainsi, sous la légereté apparente de la plupart de ces photos, émergent des interrogations plus profondes, confirmant que le Japon n’est pas un pays imaginaire, comme beaucoup d’étrangers persistent à croire, et que les préoccupations des gens sont les mêmes partout, qu’importe le pays.

Vanessa Franklin célèbre la beauté de chacun et de tous les aspects de la vie, mais montre aussi sa fragilité. Les contrastes créés entre la bâche bleue et les cheveux roses par rapport à la palette plus modérée des villes japonaises, ou par rapport à la couleur rouge, typique des architectures religieuses, et les nuages doux de la saisons des fleurs, permettent à ces images, visuellement éblouissantes, d’être à la fois remplies de flamboyance et de douceur. Les photographies sont empreintes d’une élégance naturelle et retenue, une tranquillité, une assurance séductive et purement ironique, qui sont la définition de l’iki, un concept essentiel de l’esthétique japonaise durant l’époque d’Edo. Mais à part les nombreuses images associées au Japon, Vanessa Franklin a tenté de saisir les âmes de de ce magnifique pays et de son peuple, et elle a enrichi son voyage par les cadeaux offerts par ses amis japonais.
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