Jean-Paul Réti

Jean-Paul Réti est considéré en sculpture comme le pionnier de la « Terre vue du ciel ». En attestent ses premières grandes pièces exposées à Paris en 1975 aux Beaux-Arts et à Rome dès 1982, puis aux US et Japon.

Un prix l’a conduit à la Villa Medici, un « Fulbright, aux USA, et un autre au Japon. Ses pièces sont en Italie, aux USA, en Allemagne, au Japon et bien sûr en France. (François Pinault, Samuel Hoi, Pascal Bonafoux, etc.)

Il s'intéresse à la « racine » des choses et l'exprime à travers des œuvres mi-picturales, mi-sculpturales, avec des thèmes souvent urbains.

Depuis et sans discontinuer, il a construit des pièces le plus souvent murales où sont associées volumes et ombres portées. La combinaison des deux est vue par le spectateur comme en survol. Le souhait du sculpteur est de nous suggérer que dans notre espace réel il n’existe « ni haut, ni bas » (1).

L’horizon s’efface, puisque ce sculpteur nous fait observer la Terre comme elle est : un objet évoluant dans l’espace sans nos repères rassurants comme la ligne d’horizon, la verticale ou l’horizontale.

Ces panneaux muraux sont des échantillons de sols. Même accrochés aux murs on comprend qu’il s’agit du sol, puisque ces panneaux portent des signes reconnaissables ; un arbre, une architecture, voire des sous-sols.

Même les rares sculptures posées au sol reprennent cette vision. Telle la pièce intitulée :
« Ecritoire, table magnétique » (Hommage à Edward Hopper).

Jean-Paul Réti place l’observateur (et lui-même) virtuellement « au-dessus » de la situation observée. Cette façon de voir et faire voir est probablement liée à deux moments marquants de son enfance. Très jeune – dit-il - il a pu observer, grâce au microscope de son père, un monde « vu d’en haut » par l’optique, mais aussi un monde caché. Puis sont arrivées les premières photos de la Terre ronde et entière, dans sa vérité, vue par les satellites. (2)

Ces images micro- ou macroscopiques changent le regard porté au sol, vision renversée pour les uns, naturelle pour les autres. Montrer cela comme une évidence est la voie choisie par Reti.

(1) Giordano Bruno dès le XVIIe siècle a démontré que la Terre flotte dans un espace infini, « sans haut, ni bas » et n’est pas le centre de l’Univers. Cette affirmation l’a conduit au bûcher…

(2) « Le but de l’art n’est pas seulement la satisfaction de besoins personnels, ni même la représentation d’idées philosophiques ou religieuses, mais aussi la création d’un monde synthétique et cohérant avec lui-même à travers des images qui nous disent quelque chose de l'Univers, de la nature, de l’homme et de l’artiste lui-même. » (Edouard O. Wilson, « l’Unicité du savoir »)