Murielle Bonniec

Les errances solitaires de mon enfance dans la campagne bretonne ont certainement nourri mon goût pour le silence que je retrouve aujourd'hui dans l'atelier. 

Rien ne me destinait cependant à peindre un jour, si ce ne sont les hasards de la vie et les rencontres. 

En 1993, à la sortie du lycée, je m'engage dans des études scientifiques à la découverte du vivant et de l'infiniment petit portée par le seul jeu intellectuel. Six ans plus tard, je m'interroge sur la pertinence d'une vie professionnelle au milieu des micro algues et des béchers radioactifs lorsqu'une mauvaise rencontre fait exploser mon univers déjà un peu fragile. 

Entrainée par le principe de réalité, je me reconvertis dans le secteur social ; moyen pour moi de retrouver l'humain et de me pousser à la rencontre des autres et de l'autre en moi. 

A partir de 2002, j'exerce une dizaine d'année dans ce secteur d'activité. 

En 2006, invitée par le peintre Denys de Solère à l'école Martenot,  je découvre en même temps le dessin, la peinture et la pédagogie Martenot. 

Ce n'est qu'à cette époque qu'une réelle prise en charge spécialisée est pour moi possible. L'ESPT (état de stress post traumatique) bien ancré se réveille brusquement s'accompagnant d'une grave dépression. Troubles anxieux généralisés, troubles dissociatifs et cognitifs se chronicisent. 

Le travail plastique découvert fortuitement me permet alors de découvrir un espace de paix et de liberté au sein duquel mon corps ne se résume plus uniquement à un carcan douloureux mais se révèle un outil précieux.

J'utilise de nouveau le biais professionnel pour accompagner la construction d'un nouveau moi. 

Ainsi, en 2007 je débute la formation destinée aux futurs enseignants de la pédagogie Martenot à l'Atelier D'Art Europe (Levallois Perret). Je me forme aussi à l'art thérapie à l'Université Paris 5. 

J'investis alors pleinement ces nouveaux moyens d'expression qui me permettent d'explorer non verbalement un espace psychique et un corps, devenus tous deux, souffrants, étranges et étrangers. 

Conquise à titre professionnel et personnel, je me tourne vers l'enseignement de la pédagogie Martenot dans divers ateliers de la région Parisienne. 

En 2009, je fonde, avec Sybille Mathiaud, «Les ateliers de la Main d'Or» (Paris 11), atelier d'artiste et lieu d'enseignement. 

En 2016, j'ouvre mon propre atelier à Colombes (92). 

C'est un nouveau départ propice à approfondir un travail personnel en sommeil. 

Travail personnel que je ne souhaite pas uniquement outil de catharsis mais une synthèse de mon parcours, enrichi de mes expériences, des rencontres et du monde qui m'entoure.