L'ABSTRACTION ET LA FIGURATION DANS L'ESPACE
Sculptures de Soto, Otero, Marisol, Negret, Valera, Cárdenas, Zitman, Botero, Valdés, Larraz, Barrios, Medina et Otterness


En tant qu'objet et sujet des efforts existentiels de l'homme depuis l'aube de l'humanité, le travail tridimensionnel, dans toutes ses manifestations, a toujours exprimé une essence conceptuelle. En l'absence de critères historicistes, les artistes créateurs n'ont jamais abandonné leur intérêt pour la nature, tantôt en la mimant, tantôt en la transformant en concepts abstraits avec des principes esthétiques particuliers et des récits qui varient dans les simplifications formelles, les valeurs esthétiques et même dans leurs contradictions thématiques. Comme d'autres manifestations artistiques de la seconde moitié du siècle dernier, la sculpture a développé des propositions spatiales redimensionnées tant au niveau abstrait que figuratif et a inauguré une nouvelle sensibilité qui a rapidement mûri, bien loin des jeux de jonglage intelligents et des ressources mécaniques. Ces œuvres, par leur vitalité d'avant-garde, appartiennent à une époque emblématique du développement de la forme dans l'espace. Jesús Soto (1923-2005), Alejandro Otero (1921-1990), Marisol Escobar (1930-2016), Edgar Negret (1920-2012), Víctor Valera (1927-2013), Agustín Cárdenas (1927-2001), Cornelis Zitman (1926-2016), Fernando Botero (1932), Manolo Valdés (1942), Julio Larraz (1944), Rafael Barrios (1947), Carlos Medina (1953) et Tom Otterness (1952), tous de renommée internationale, constituent un important groupe fondateur de la sculpture contemporaine. L'influence de ce groupe s'est étendue au-delà des frontières pour développer une avant-garde qui conserve encore d'importantes caractéristiques distinctives, telles que la noble élégance dans l'exécution, le respect des matériaux, la frugalité des moyens et une puissante qualité expressive tant formelle qu'esthétique, réordonnant ainsi la prolifération quasi chaotique des tendances typiques des dernières décennies.

Avec treize artistes, cette exposition s'aventure sur des territoires visuels inédits de la sculpture contemporaine abstraite et figurative, revendiquant une place dans l'histoire de l'art actuelle. En commençant par les Vénézuéliens, Jesús Soto et son extraordinaire Murale (1967), dont l'incorporation du temps-énergie comme quatrième dimension et la fragmentation optique de la forme l'ont placé comme le plus important pionnier de l'art cinétique international ; Alejandro Otero présente Abra Solar (1981-1983), une sculpture en aluminium révélant ses explorations de l'espace public ; Víctor Valera présente les premières manifestations de sculpture géométrique abstraite dans le pays, mais dont les titres font référence à l'univers figuratif : Lanzador de dardos et Marilyn mata a un Gallo (1962) ; Carlos Medina dans Fragmento de lluvia (1989) et Círculo Total III (1996) commence ses recherches sur le comportement des formes géométriques dans l'espace ; tandis que les œuvres de Rafael Barrios, Verticale Disloque (2018) et Móvil Espiral Fractal - M596 (2019) démontrent son intérêt continu pour la recherche visuelle optique-cinétique et réel-imaginaire ; la sculpture Magritte II (1998) du grand maître Marisol illustre son importante contribution à la tendance pop ; les trois bronzes de Cornelis Zitman, La Desconocida (1972), Bailarina Descansando (1995) et Divertimiento (1973) ressemblent à des poétiques figuratives, comme celles de l'Américain Tom Otterness, Immigrants Family (2007) et Innocent Giant (2017), sculptures pleines d'humour et, dans une certaine mesure, de critique sociale.

De Colombie, Edgar Negret et ses singuliers assemblages géométriques peints de couleurs vives, Torre Roja (1979), El Sol Rojo (1994) et Puente Colgante (1998), évoquent des formes naturelles et son intérêt incessant pour la machinerie industrielle ; et les deux bronzes de Fernando Botero, Femme au lit (2014) et Ballerina (2015) sont centrés sur la figure féminine, thème traditionnel caractéristique de son travail. Les sculptures Little Horse (1989), Totem (sans date), El Violinista (1989) et La Famille (1990) de l'artiste cubain Agustín Cárdenas sont des formes figuratives, presque biomorphiques, qui font vaguement référence à sa culture afro-cubaine. Enfin, nous avons Manolo Valdés et Julio Larraz. Dans Regina con Sombrero (2006) de Valdés, nous sommes témoins de la fascination de l'artiste pour la sculpture et du réarrangement du médium bois pour construire une sculpture figurative ; et les bronzes The Ark (2020) et Habeas Corpus (2007) imposent le style hyperréaliste chargé de sarcasme social qui imprègne l'œuvre de Larraz.

Le travail créatif de ces artistes, dont beaucoup sont également des peintres, s'inscrit dans une évolution essentielle de l'éthique, de l'esthétique et des beaux-arts, qui trouve ses racines dans certaines des avant-gardes historiques les plus importantes, les bâtisseurs de l'histoire universelle de l'art contemporain.

Bélgica Rodríguez, PhD, critique d'art et chercheuse spécialisée dans l'art latino-américain.

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