La sculpture animalière est un style à part dans l'histoire de l'art, il s'agit d'un genre spécifique au même titre que la sculpture de nu, la sculpture en marbre, la sculpture en bronze, ou encore la sculpture en résine.
Cette sculpture met au cœur de sa pratique le modelage de personnages anthropomorphiques, de figures bestiales et de corps d'animaux. En Europe occidentale, elle a pendant très longtemps été considérée comme un genre mineur et vaguement décoratif. Et ce, alors même qu'elle était d'une importance primordiale dès l'Antiquité en Égypte, comme en témoigne la forte présence d'édifices grandioses sur l'ensemble du territoire à l'effigie de félins, ou à l'image de sphinx. De manière générale, l'animal ne trouvait sa place dans les arts plastiques qu'à travers des figures mythologiques qu'il accompagnait ou bien qu'il symbolisait.
Outre cette dimension fantastique, la sculpture animalière monumentale eut par ailleurs énormément de succès auprès des puissances suzeraines qui voyaient dans les massives sculptures de bronze (de lion ou d'aigle) une éloquente démonstration de leur puissance.
Il faut toutefois attendre 1831 pour que le sculpteur Antoine-Louis Barye donne pleinement et durablement ses lettres de noblesse à la sculpture animalière en présentant son œuvre d'art « Tigre dévorant un gavial » au Salon de Paris. Le courant naturaliste, avec sa volonté de représenter la faune telle qu'elle est, remplace peu à peu le courant anciennement majoritaire de l'animal fantasmagorique et décoratif. L'animal mérite enfin d'être copié et reconstitué avec soin tel qu'il est ! La nature se suffit à elle-même et la dimension mystique est alors totalement rejetée au privilège de la fidélité minutieuse aux muscles, au pelage et aux attributs précis de chaque espèce.
Toute une nouvelle vague d'artistes sculpteurs célèbres émerge alors. Parmi ces pionners, on compte Pierre-Jules Mêne, Antoine Aigon ou encore Jean Germain Demay. Avec un certain goût pour la faune « exotique » (serpent, gazelle, éléphant, girafe, hippopotame...), tous s'attellent à mettre en scène le naturel dans des dimensions variées.
Au 20ème siècle l'obsession réaliste s'estompe, s'essouffle, et laisse peu à peu place à une nouvelle frange de créateurs qui font de l'art de la sculpture animalière un laboratoire d'expérimentation. C'est le début de la sculpture moderne.
De nombreux artistes s'essaient à la sculpture animalière et y appliquent leurs nouveaux critères esthétiques. Critères qui font souvent largement échos aux mouvements artistiques contemporains : art abstrait, impressionnisme, cubisme, expressionnisme. Bien loin des créations du siècle passé, un nouveau bestiaire s'invente notamment sous l'influence surréaliste, ainsi qu'à l'aide de figures de renom telles que Pablo Picasso ou Alberto Giacometti, qui marquent une véritable rupture dans la manière de sculpter l'animal.
Dans la sculpture contemporaine, le respect des traits et des proportions du modèle cède à la volonté de faire de la sculpture animalière un moyen parmi d'autres de réinventer radicalement les procédés de représentation du vivant. On n'hésite plus à exagérer tel élément du corps, à en supprimer un autre, voire à hybrider totalement la bête.