Rencontre avec Yoyo Maeght

Commissaire d'exposition

Rencontre avec Yoyo Maeght - illustration 1

Qui de mieux que Yoyo Maeght, petite-fllle du mécène Aimé Maeght et commissaire d'exposition, pour évoquer pour nous l'évolution du marché de l'art et la FIAC ? Yoyo a vécu la foire depuis ses débuts et s'y rend chaque année. Sur son compte Instagram, à mi-chemin entre reporter et influenceuse, elle partage ses coups de coeur arty. Si comme nous vous aimez l'art sous toutes ses formes c'est LE compte à suivre !

1. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre carrière ?

J'ai pris le relai de mon grand-père en privilégiant la maison d'édition, toujours en collaboration avec les artistes. Ce sont eux qui créent, même en multiples. Parallèlement, je m'occupais d'une partie de la communication de la Fondation et du développement de Maeght, de la prospection à l'étranger mais aussi de faire entrer de nouveaux artistes à la Galerie Maeght. 

J'aime être en relation avec les artistes, faire avec eux des multiples, il y a beaucoup de repentir dans le multiple. C'est pour l'artiste la possibilité de revenir sur son oeuvre. La signature c'est l'affirmation qu'il reconnaît l'oeuvre comme sienne et qu'il en est satisfait. Cela amène également les artistes à sortir de leur technique habituelle et à rencontrer d'autres techniciens.

2. Vous êtes la petite-fille de l'éditeur, galeriste et mécène Aimé Maeght. Avez-vous retenu des valeurs de votre univers familial ?

Oui, je ne les retiens pas de ma famille mais de mon grand-père. La passion, l'audace et au delà de tout, le travail. Il faut faire en sorte que nos audaces amènent un succès inattendu, il ne faut jamais les restreindre.

3. Vous avez appliqué cela durant votre carrière, aujourd'hui travaillez-vous toujours avec les artistes ? Comment voyez-vous l'avenir du marché de l'art ?

Je m'occupe de l'artiste Aki Kuroda depuis qu'il a quitté la galerie Maeght, il a une carrière importante et un public attentif. Je ne crois plus dans le modèle de la galerie d'art au sens de “boutique ouverte". L'avenir, c'est de montrer les artistes non pas dans des lieux commerciaux mais dans des musées, des centres d'art... c'est plus être un agent qui se soucie de la carrière de son artiste finalement. La partie commerciale peut se passer sur le web, sur des sites comme Artsper par exemple et par ailleurs, il faut montrer l'artiste, l'exposer, organiser des rencontres autour de lui. 


Rencontre avec Yoyo Maeght - illustration 1
Rencontre avec Yoyo Maeght - illustration 1

4. Vous êtes très connectée et très moderne, dans votre rapport aux réseaux sociaux notamment. Comment envisagez-vous le lien entre l'art et Internet ?

Il faut faire des lieux de plus en plus beaux qui ne soient pas commerciaux mais qui soient à la frontière entre centre d'art, musée et galerie. A côté de ça, la diffusion de l'information doit passer par le web. Aujourd'hui, cela ne me viendrait plus à l'idée d'éditer un catalogue que l'on diffuse à 5000 exemplaires, car seulement 600 personnes vont lire la biographie ou le texte qui est à l'intérieur. Ceux qui pourraient être intéressés n'y ont pas automatiquement accès. Le web est un bon outil pour diffuser l'information que l'on peut mettre à jour en permanence, tout sur l'art y a sa place, y compris la polémique. Je pense que le web permet quelque chose qu'aucun autre support ne permet : la diffusion d'une information critique qui manque aujourd'hui. 

Aussi, si l'on observe l'histoire de l'art, qu'elles que soient les évolutions technologiques, les artistes ont eu besoin de se retrouver dans une communauté (Montparnasse, Ecole de Paris, New York dans les années 1970 etc.). Aujourd'hui aussi, mais ils n'ont plus besoin d'être physiquement ensemble. Le web permet de créer une communauté artistique avec ses échanges. Les artistes ont besoin d'échanger, d'ailleurs les photos mythiques d'artistes ensemble ont lieu dans des bistrots plus que dans des ateliers. 

Pour ma part, je suis ni une galerie, ni une critique, ni une journaliste, je suis presque une influenceuse car je ne parle pas de moi mais des expositions des autres. Je ne suis pas cloisonnée, je parle aussi de films, de théâtre etc. Je parle de mon époque sans le faire exprès, c'est ce qui me passe par la tête, c'est une échappée. C'est ce que je suis. Et je suis très suivie et très étonnée de toucher une certaine catégorie pointue : les conservateurs de musée. Ils s'expriment moins, ils ne s'affichent pas, ne commentent pas mais je sais qu'ils me suivent car ils m'en parlent. 

5. Quels artistes contemporains vous inspirent ?

J'aime profondément la peinture, j'aime les artistes qui, accessoirement, utilisent la peinture. Je remercie les artistes chinois pour l'avoir réhabilitée. Je recherche des individualités d'artistes qui entrent dans l'histoire de l'art car ils font une proposition supplémentaire. C'est d'ailleurs ce qu'a fait mon grand-père, il a exposé en même temps aussi bien Chagall que Calder, aussi bien Giacometti et Tàpies, aussi bien Chillida que Kandinsky. Giacometti a dit quelque chose de génial : “Je me suis mis à la sculpture pour en finir avec la sculpture." Il faut une proposition artistique, une fêlure, c'est ca que je recherche aujourd'hui. 

Rencontre avec Yoyo Maeght - illustration 1
Rencontre avec Yoyo Maeght - illustration 1

6. La FIAC 2019 aura lieu du 17 au 20 octobre. Qu'en attendez-vous en 3 adjectifs ?

Découverte, confirmation - notamment des découvertes des années précédentes - et enfin communauté. Car c'est cela, une communauté, c'est lorsque l'on se retrouve à aimer les mêmes choses.

7. Avez-vous un souvenir marquant de FIAC ?

Je me souviens d'une FIAC où la circulation était totalement bloquée car le Tout-Paris venait au vernissage, les créatrices du Studio Berçot arrivaient habillées de leur dernière création, il faisait tellement chaud que les gens tombaient dans les pommes... J'étais même montée sur les épaules d'un ami avec un cutter pour couper les vellums !

On y voyait tout ce qui était créatif. Je suis de la génération qui a vu naître Gauthier, Alaïa… Il était hors de question d'aller à un vernissage de la FIAC sans porter le dernier Mugler. Lors d'une FIAC , Gauthier m'avait même fait porter une combinaison de plongée en néoprène que je gardais sur mon stand. Notre époque est moins extravagante. 

C'était la fin des années 1980, il y avait New York qui débarquait, le marché européen qui s'ouvrait… tout ce qui était créatif se cristallisait au moment de la FIAC . Il fallait faire découvrir des artistes, le marché allait très bien, il suivait. Il suffisait de montrer, avec de la fantaisie et de l'audace. 

8. Quels seront les stands à ne pas manquer cette année ?

Toujours le premier étage avec les jeunes galeries ! Mais aussi les galeries internationales qui progressivement s'implantent à Paris. C'est intéressant de voir comment elles vont utiliser la FIAC, de leur demander pourquoi elles s'installent à Paris... C'est formidable, certains prétendent que le marché va mal pourtant les galeries rêvent de s'installer à Paris !

9. Collectionnez-vous vous-même ? Avez-vous pour habitude d'acheter des oeuvres lors des foires ?

Oui bien sûr, ça m'est arrivé d'acheter en foire. Je choisis des oeuvres avec lesquelles vivre, c'est très égoïste finalement. En général, j'ai besoin de connaître l'artiste, j'ai besoin que l'oeuvre synthétise sa pensée, qu'elle y fasse immédiatement référence. Une oeuvre d'art c'est comme une relation amoureuse, on ne sait pas pourquoi dans une foule c'est celui-ci qui nous plait. Et ça ne dure que si l'on continue à dialoguer... Une oeuvre d'art c'est la même chose : elle nous accroche et ensuite, il faut qu'il y ait une discussion où se mêle l'histoire de l'art et un contexte. J'ai besoin de l'artiste pour savoir de quoi je vais parler avec cette oeuvre.


Sélection d'œuvres d'art

Photographie, Brigitte Bardot. Saint Tropez, Bert Stern

Brigitte Bardot. Saint Tropez

Bert Stern

Photographie - 33 x 48 x 1 cm Photographie - 13 x 18.9 x 0.4 inch

Vendue

Sculpture, Ikarus, Niki de Saint Phalle

Ikarus

Niki de Saint Phalle

Sculpture - 15.5 x 14 x 7.3 cm Sculpture - 6.1 x 5.5 x 2.9 inch

60 000 €

Édition, Caisse, Bernard Frize

Caisse

Bernard Frize

Édition - 70 x 50 cm Édition - 27.6 x 19.7 inch

360 €

Photographie, Sans titre, Philippe Ramette

Sans titre

Philippe Ramette

Photographie - 100 x 80 cm Photographie - 39.4 x 31.5 inch

10 600 €

Édition, L'Altare, Ettore Sottsass

L'Altare

Ettore Sottsass

Édition - 75 x 55 cm Édition - 29.5 x 21.7 inch

990 €

Édition, Serpent, Claude Viallat

Serpent

Claude Viallat

Édition - 119 x 39 x 1 cm Édition - 46.9 x 15.4 x 0.4 inch

Vendue

Édition, Sans titre n°10, Lee Bae

Sans titre n°10

Lee Bae

Édition - 70 x 52 cm Édition - 27.6 x 20.5 inch

Vendue

Édition, Guernica Redacted (After Picasso's Guernica, 1937), Robert Longo

Guernica Redacted (After Picasso's Guernica, 1937)

Robert Longo

Édition - 152 x 330 cm Édition - 59.8 x 129.9 inch

156 411 €

Édition, Grib, Bernar Venet

Grib

Bernar Venet

Édition - 28 x 38.5 x 1 cm Édition - 11 x 15.2 x 0.4 inch

3 000 €

Édition, Studies into the past (Signed poster), Laurent Grasso

Studies into the past (Signed poster)

Laurent Grasso

Édition - 50 x 60 cm Édition - 19.7 x 23.6 inch

180 €

Édition, Nana Power: Monster I, Niki de Saint Phalle

Nana Power: Monster I

Niki de Saint Phalle

Édition - 76 x 56 x 0.1 cm Édition - 29.9 x 22 x 0 inch

Vendue

Photographie, Classics -  Classical Still Life, 1937, Horst P. Horst

Classics - Classical Still Life, 1937

Horst P. Horst

Photographie - 113 x 89.9 x 0.3 cm Photographie - 44.5 x 35.4 x 0.1 inch

29 327 €

Peinture, La Marseillaise, Claude Viallat

La Marseillaise

Claude Viallat

Peinture - 57.5 x 40.5 x 1 cm Peinture - 22.6 x 15.9 x 0.4 inch

Vendue