Rencontre avec Arnaud Ele

Photographe et réalisateur

Rencontre avec Arnaud Ele - illustration 1

Rencontre avec Arnaud Ele, le talentueux photographe et réalisateur camerounais qui pratique la photographie argentique. Reconnu pour ses photos de mode, ses vidéos et ses documentaires, il refuse de s'installer dans un lieu donné, ayant passé une grande partie de sa vie à voyager. Son identité est enracinée dans cette itinérance et il apprécie profondément l'évasion et l'expérimentation, qui sont essentielles à ses clichés brillamment intimes et élégants.

1. Vous avez suivi une formation en cinéma à Genève, pensez-vous que ce que vous y avez appris a influencé votre façon de faire de la photo ?

Absolument. Ma formation en cinéma a été d'une grande influence. Étudier l'histoire du cinéma m'a permis de mieux appréhender l'image mais aussi d'aiguiser mon œil, et de comprendre la structure de ce médium. C'est d'ailleurs à cette période que j'ai fait de la photographie intensément. Ma pratique et mon processus de création se sont donc développés en parallèle de cette formation de cinéaste. Analyser la psychologie de la personne avec qui je travaille, m'adapter en fonction des contextes, créer des situations, donner vie à un sujet dans un espace donné; la mise en scène en image animée et fixe.

2. D'origine camerounaise, vous avez passé votre vie entre plusieurs pays, aujourd'hui encore vivant entre Berlin, Paris et Lausanne. Pourquoi ce goût pour le voyage ? Pensez-vous que cela influence votre art ?

Le voyage fait partie intégrante de ma vie. Ma définition du territoire et du 'chez soi' est sûrement différente que d'autres destins sédentaires. Je n'ai jamais eu d'attaches fixes. La vie m'a amené à m'adapter à chaque environnement où je suis passé. Ces mouvements ont été motivés par une histoire, mon histoire.

Rencontre avec Arnaud Ele - illustration 1
Rencontre avec Arnaud Ele - illustration 1

3. D'ailleurs, depuis votre voyage au Cameroun en 2015, vos photographies interrogent de plus en plus la notion d'identité. Est-ce que cette itinérance parfois forcée, parfois voulue, est un facteur déterminant de votre construction en tant qu'artiste ?

Ce fut en effet un facteur déterminant en temps que personne, qui a pu m'aider à définir qui je suis et donc mon identité en tant que photographe et réalisateur.

Le rapport que j'ai avec le Cameroun, où je suis né et j'ai grandi les 5 premières années de ma vie, sont de l'ordre du subconscient. Cette culture et ce rapport au sol, aux odeurs et aux couleurs du pays sont - je pense - ancrés dans ma construction.

Ce retour au Cameroun m'a permis de comprendre mon chemin, mon histoire, cette itinérance qui m'a construit, qui a dessiné mon identité. Cet éveil m'a permis de donner du sens dans mon travail.

4. Vos photos sont de véritables odes à l'évasion, la jeunesse et la liberté. Pourquoi ces thèmes sont-ils si importants dans votre travail ?

Nous vivons dans une société remplie de codes et de règles. Selon moi, c'est essentiel de se libérer de cette structure. L'image me permet d'exprimer et de vivre - ce semblant - de liberté.

5. La lumière et les contrastes semblent tenir une place centrale dans vos photographies, leur donnant un hâle irréel tout en douceur. Qu'y a-t-il de si essentiel à vos yeux dans le traitement de la lumière ?

La lumière traduit l'atmosphère, le contexte. Le contraste accentue les choses, cela permet au spectateur de se détacher de la réalité et de percevoir l'image d'un point de vue différent. Leur perception est alors plus proche de l'imagination et du rêve, ce qui permet de lire l'image avec un œil sensible.

Rencontre avec Arnaud Ele - illustration 1
Rencontre avec Arnaud Ele - illustration 1

6. Vous shootez essentiellement à l'appareil argentique. Pouvez-vous nous raconter comment vous en êtes venu à faire ce choix ?

Cela prend origine dans mon enfance. Mon beau-père adorait m'offrir des appareils photo argentiques, des jetables. C'est donc naturellement que j'ai commencé la photographie plus tard en argentique. L'analogue a une particularité : son authenticité et son instantanéité.

7. On a parfois l'impression qu'il y a deux Arnaud : celui qui fait des photos de mode, élégantes et léchées et puis celui qui expérimente. Ce dernier nous sert des clichés saisissants, portés sur le détail et la sensualité de ses modèles. Comment expliquez-vous cette dualité dans votre art ?

La plupart des photographe recherchent l'homogénéité. J'ai l'impression également que la société leur demande de rentrer dans un style spécifique afin d'être reconnu pour 'cette patte'. Personnellement, je suis en permanence en recherche. J'aime confronter les univers. Je n'aime pas les habitudes, les choses conventionnelles. C'est tout simplement moi, je suis désordonné dans la création. Mon processus est effréné, insouciant et curieux. C'est cette oscillation entre plusieurs états qui quelquefois se rencontrent et donnent vie au cliché clé.

8. Du 7 au 10 Novembre c'est la Foire Paris Photo, avez-vous des attentes particulières ?

J'ai hâte de rencontrer la scène créative de la photographie, de m'imprégner de l'énergie de cet évènement et d'échanger entre artistes dans ce lieu magnifique qu'est le Grand Palais. Mais aussi de partager mon point de vue sur cet évènement aux abonnés d'Artsper !


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