Rencontre avec Diane Audrey Ngako

Entrepreneuse créative, galeriste et collectionneuse

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Un portrait de Diane Audrey Ngako © Diane Audrey Ngako

Entrepreneuse créative, cheffe d'entreprise, galeriste et collectionneuse, Diane Audrey Ngako fait sensation sur la scène artistique camerounaise et internationale. Elle passe son temps entre son cabinet de communication, Omenkart, et sa galerie, Logmo + Makon, qu'elle a ouverte en novembre 2022 à Douala, au Cameroun. Nous avons rencontré Diane pour qu'elle nous parle de sa carrière, ses inspirations artistiques et qu'elle nous donne ses conseils aux nouveaux collectionneurs !

1. Bonjour Diane ! Pourrais-tu nous parler un peu de ta carrière, et comment tu êtes arrivée au point où tu en es aujourd'hui ?

J'ai commencé ma carrière journalistique à Paris en 2011 au magazine Roots, au Monde et à TV5 Monde, où j'ai couvert les actualités africaines. En 2016, je suis retournée m'installer au Cameroun, où je suis née. J'ai établi la maison d'édition Baköu au Cameroun, qui a publié deux livres : They Call It Africa, We Call It Home et Letters to Cameroon. Comme l'a dit le photographe malien Malick Sidibe : « Présentez le vrai visage de l'Afrique, de vos frères, car ce n'est pas maintenant que le monde va s'arrêter ! ».

2. As-tu toujours été intéressée par l'art ?

Oui, depuis mon adolescence, j'ai toujours été très intéressée par l'art. J'ai grandi dans la campagne française et je n'avais pas d'accès direct aux musées ou aux galeries d'art, mais mes parents m'offraient toujours des livres et je me suis passionnée pour cela. Vers l'âge de 15 ou 16 ans, j'ai commencé à faire de la photographie. J'ai ensuite continué en commençant une collection de vieux appareils photo, puis de poupées russes... avant d'acheter ma première œuvre en 2008, à l'âge de 17 ans. Des études aux États-Unis et à Paris m'ont donné accès à une vague artistique qui n'a fait que croître depuis.

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À gauche : la Voodart Collection, Douala, à droite : la maison de Diane © Diane Audrey Ngako

3. Qu'est-ce qui t'a poussé à fonder la Douala Art Fair en 2018 ?

Depuis mon retour au Cameroun en 2016, je me suis rendue compte que le secteur de la culture est négligé. En effet, tous les investissements, qu'ils soient le fait d'étrangers ou de Camerounais, se font dans l'agriculture, la santé ou l'éducation. Pourtant, j'ai toujours pensé que c'est par la culture que notre pays allait se structurer. Le Cameroun compte 27 millions d'habitants mais seulement une poignée d'espaces dédiés à l'art à Douala. En réponse à cela, nous avons décidé de créer une foire pour présenter 25 à 30 artistes camerounais et inviter des galeries.

Douala Art Fair est née de du désir d'offrir un espace, un marché, dans un cadre qui ne s'y prête pas vraiment. Nous voulons que les habitants comprennent ce qu'est l'art, qu'ils s'y intéressent et développent des émotions, en espérant que dans cinq ou dix ans, ils se retrouvent à acheter des œuvres. Prenez des artistes comme Jean David Nkot, Ajarb Bernard ou encore Boris Anje, par exemple. Il y a quelques années, leur œuvre coûtait moins de 1 500 €. Aujourd'hui, elle vaut 20, voire 30 fois plus. Si les Camerounais avaient investi dans ces artistes à l'époque, leurs œuvres auraient beaucoup plus de valeur aujourd'hui. Nous voulons montrer aux entreprises locales que le soutien aux artistes n'est pas seulement une question d'action civique, mais qu'il peut aussi apporter des affaires lucratives.

4. Parlons maintenant de tes inspirations ! Quels sont les artistes, établis ou émergents, qui t'inspirent en ce moment ?

En ce moment, j'aime Roméo Mivekannin, représenté par la galerie Cécile Fakhoury. Les œuvres de Deborah Segun, Nuits Balnéraires, Carine Mansan, Charlotte Yonga m'intéressent également. Le dernier œuvre d'Ajarb Bernard Ategwa est incroyable. J'aime aussi le travail d'Elladj Lincy Deloumeaux, il fait partie de ma collection.

Je préfère me concentrer sur les jeunes artistes, sinon j'aurais parlé de Barthelemy Toguo ou de Bili Bidjocka. En ce moment, j'aime découvrir de nouveaux artistes dans mes galeries préférées comme DIDA à Abidjan, la Galerie MAM au Cameroun ou Marianne Ibrahim à Paris.

5. Quels sont les trois points que tu recherches lorsque tu choisis une œuvre d'art pour ta collection ?

1. J'achète des œuvres qui me plaisent et qui racontent une histoire. Je n'achète pas ce qui est à la mode. Je recherche la poésie dans mes œuvres d'art.

2. Je suis très attentive à la technique de l'artiste et à son sujet.

3. Je vis au Cameroun, donc la question de la conservation de l'œuvre est très importante lorsque j'en achète une, surtout lorsqu'il s'agit de photographie, un médium que j'achète de plus en plus ( Malick Sidibe, Joana Choumali, Angèle Etoundi Essamba...).

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À gauche : la Voodart Collection, Douala, à droite : photographie de Diane à la Voodart Collection © Diane Audrey Ngako

6. Comment envisages-tu l'avenir de l'art africain ?

Je ne sais pas si nous parlons « d'art européen », de la même manière que nous parlons « d' art africain » ? Je pense que nous disons « art en Europe » ou « artistes européens ». À l'avenir, j'aimerais que nous arrêtions de dire « art africain », et que nous nommions plutôt des artistes africains spécifiques et, idéalement, que nous fassions la différence entre l'art de chacun de nos 54 pays. Ensuite, je voudrais que les gens gardent à l'esprit que l'art contemporain du continent africain n'est pas émergent.

Les artistes africains sont le présent. L'ancienne et la nouvelle génération d'artistes posent chaque jour de grands jalons. Prenez par exemple Barthelemy Toguo au Musée du Louvre. Ou encore Amoako Boafo. Les artistes africains sont là pour rester et nous n'avons pas l'intention d'abandonner tant que nous sommes en tête, le monde est global.

J'espère surtout que nous aurons plus de lieux dédiés à l'art sur le continent, plus de galeries, plus de musées, d'historiens de l'art ou encore de commissaires d'exposition. Le marché de l'art doit prendre en compte les collectionneurs africains. Nous ne devons pas rater le train.

7. Enfin, quel conseil donnerais-tu à ceux qui commencent leur propre collection d'art ?

Prenez le temps de faire des recherches et d'explorer (livres, galeries, musées, Instagram et bien sûr des sites tels que Artsper !)

Réfléchissez à votre rôle de collectionneur. Au départ, avec Voodart Collection, je voulais simplement collectionner des artistes africains. Mais il y a deux ans, j'ai évolué. L'un de mes collectionneurs d'art préférés est Alain-Dominique Perrin et, comme lui, je pense que nous devons collectionner ce que nous aimons. Je me concentre actuellement sur un éventail d'artistes internationaux vivants. Ma collection d'art est composée à 70% d'œuvres africaines et à 30% d'œuvres d'ailleurs. Mes dernières acquisitions concernent des artistes français : Juliette Barthe, Marianne Herjean et Violette Malinvaud.

Assurez-vous que l'œuvre que vous achetez s'adapte à votre vie. L'art vit avec vous, vous devez donc vous assurer, au moment de l'achat, que vous serez à l'aise avec l'œuvre tout au long de votre vie.


Sélection d'œuvres d'art

Photographie, Bagadadji, Malick Sidibé

Bagadadji

Malick Sidibé

Photographie - 40 x 30 cm Photographie - 15.7 x 11.8 inch

4 050 €

Photographie, Faceless - Hidden Identities, Ebuka Michael

Faceless - Hidden Identities

Ebuka Michael

Photographie - 90 x 60 x 0.1 cm Photographie - 35.4 x 23.6 x 0 inch

3 310 €

Peinture, Muhammad Ali vs George Foreman in Kinshasa Zaire, Dumisani Karamanski

Muhammad Ali vs George Foreman in Kinshasa Zaire

Dumisani Karamanski

Peinture - 150 x 180 x 3 cm Peinture - 59.1 x 70.9 x 1.2 inch

2 500 €

Photographie, Bon Rire v2.0, Derrick Ofosu Boateng

Bon Rire v2.0

Derrick Ofosu Boateng

Photographie - 90 x 67 x 1 cm Photographie - 35.4 x 26.4 x 0.4 inch

2 300 €

Photographie, Diamond I, Justin Dingwall

Diamond I

Justin Dingwall

Photographie - 84.1 x 56 x 4 cm Photographie - 33.1 x 22 x 1.6 inch

Vendue

Édition, Rien, Guy Ferrer

Rien

Guy Ferrer

Édition - 70 x 50 cm Édition - 27.6 x 19.7 inch

700 €

Photographie, Music that makes the fade, Derrick Ofosu Boateng

Music that makes the fade

Derrick Ofosu Boateng

Photographie - 40 x 30 x 0.2 cm Photographie - 15.7 x 11.8 x 0.1 inch

1 300 €

Photographie, Ascension, Thandiwe Muriu

Ascension

Thandiwe Muriu

Photographie - 120 x 120 x 0.2 cm Photographie - 47.2 x 47.2 x 0.1 inch

17 000 €

Photographie, Discord, Thandiwe Muriu

Discord

Thandiwe Muriu

Photographie - 120 x 120 x 0.2 cm Photographie - 47.2 x 47.2 x 0.1 inch

13 000 €

Peinture, Une pour la route, Samuel Dallé

Une pour la route

Samuel Dallé

Peinture - 119.4 x 119.4 cm Peinture - 47 x 47 inch

Vendue

Photographie, Sunday Best, Thandiwe Muriu

Sunday Best

Thandiwe Muriu

Photographie - 90 x 60 x 1 cm Photographie - 35.4 x 23.6 x 0.4 inch

10 000 €