Portrait photographe : Lolita Charlet

La Française Chloë Collin, alias La Saint Glinglin, est la commissaire-priseur qui fait bouger le monde de l'art. Dans le but de rendre plus accessible ce domaine souvent élitiste, Chloë partage des aspects de son travail sur les réseaux sociaux à travers des vidéos amusantes et intéressantes. C'est parti pour un échange passionnant avec Chloë sur les coulisses de l'univers des ventes aux enchères !

1. Bonjour Chloë ! Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel et de ce qui t'a amenée à devenir commissaire-priseur ?

Lorsque j'ai quitté le lycée et ma ville natale de Rennes pour venir étudier à Paris, j'ai tout de suite su que je voulais travailler dans l'art. Depuis petite j'aime les œuvres d'art, les  livres d'art, et les musées… J'ai tout d'abord commencé par étudier une double licence en lettres classiques avec une spécialité en grec ancien, et une licence d'Histoire de l'art. Puis, j'ai poursuivi l'histoire de l'art avec une Maîtrise en art contemporain, avec pour sujet de mémoire « l'institutionnalisation de l'art urbain ». J'ai terminé mes études par une licence en Droit pour pouvoir passer l'examen de commissaire-priseur. C'est un examen très sélectif qui a lieu à l'École du Louvre à Paris. Après avoir eu cet examen, il y a deux années d'apprentissage au sein d'une maison de ventes aux enchères ponctuées de cours à l'École du Louvre et à l'ESCP. Après ce long chemin, j'ai enfin obtenu ma baguette magique de commissaire-priseur !

2. En quelques mots, peux-tu nous expliquer le métier de commissaire-priseur et en quoi consiste ta spécialité ?

Le métier de commissaire-priseur consiste à expertiser et estimer des œuvres d'art et tout autres objets de collection. Je suis un peu comme un médecin qui examine un patient. Sauf qu'ici mon patient c'est l'objet. Je le diagnostique de près avec ma loupe, je lui donne un prix. J'essaye de le faire parler en retraçant son histoire. Ensuite, je l'adjuge avec mon marteau au plus bel offrant. L'objet est alors adopté au sein d'une nouvelle collection.

3.  Pourquoi as-tu décidé de partager ton métier sur les réseaux sociaux, et comment l'idée t'est-elle venue ?

Lorsque j'ai été diplômée, j'ai tout de suite eu envie de faire des vidéos autour des ventes aux enchères sur ma page instagram et TikTok intitulée « La Saint Glinglin ». Je trouve que les ventes aux enchères sont encore trop peu montrées au grand public, que cet univers n'est pas assez mis en avant. Alors qu'en fait, tout le monde peut enchérir ou même visiter gratuitement et librement les salles des ventes. Nous sommes aussi à un moment où le  vintage a de plus en plus d'importance, notre génération consomme davantage des habits ou objets qui ont déjà vécus et je suis persuadée que la seconde main est l'avenir !

Gauche a droite : Dessin femme devant tableau de Jonone, Chloë Collin © Chloë Collin, Bijoux René Lalique © Lalique 

4. Au-delà de l'aspect instructif de ton compte, tes contenus sont aussi très dynamiques et visuels. Avec toi, on est bien loin du cliché du commissaire-priseur… Penses-tu que l'image que tu transmets est représentative de ce milieu, ou au contraire, essaies-tu de faire bouger les choses dans le monde des ventes aux enchères ?

J'adore le côté très traditionnel de notre profession. C'est un métier qui a une histoire forte, des règles et des codes très marqués. Mais j'aime aussi l'idée d'y apporter ma petite touche de fantaisie. Je pense que l'un peut aller avec l'autre. Il y a le côté Saint et le côté Glinglin ! 

5. Comment trouver la maison de ventes aux enchères adaptée à ce que l'on souhaite acheter ?

Aujourd'hui, vous pouvez vraiment trouver n'importe quel objet que vous recherchez sur internet. Vous avez juste à rechercher sur Interenchères ou Drouot. Ces sites sont vraiment bien faits, j'adore aussi utiliser l'application de Drouot, je scrolle des heures à regarder tous types d'objets… D'ailleurs ce matin, je viens d'acheter un lot de quatre cravates Hermès à 50€ pour le cadeau de noël de mon père. Vous pouvez aussi vous rendre sur place. Je vous invite vraiment à aller à Drouot, c'est un lieu magique foisonnant d'objets. Vous pouvez aussi venir me voir chez FauveParis, nous exposons les objets que nous passons en vente tous les samedis. C'est un petit  musée gratuit qui change chaque semaine.

6. L'objet le plus inédit que tu as eu à expertiser ?

C'était un petit carnet rempli d'autographes dans lequel il y avait un merveilleux dessin de Walt Disney. Ce carnet appartenait à une professeure de chant à l'opéra Theatre Colon dans les années 1950 à Buenos Aires, il y avait des mots et des dessins des plus grandes stars. Ce carnet était incroyable, un vrai témoin d'une époque.

Gauche a droite : L'architecture Rose © Antoni Gaudí, Peinture Francis Bacon

7. Et l'objet que tu as eu le plus de mal à expertiser, et pourquoi ?

Ce sont les diamants ou les pierres précieuses, nous les faisons souvent expertiser par des laboratoires comme le LFG (Laboratoire Français de Gemmologie) à Paris.

8. Ton meilleur conseil pour celles et ceux qui veulent se lancer dans les enchères ?

Si vous n'êtes pas vraiment familier avec le fait d'enchérir en salle des ventes, vous pouvez commencer par télécharger l'application Drouot, ou aller sur le site de Drouot et le site Interencheres. Choisissez  un objet à petit prix et enchérissez sans risques !

9. Et enfin, as-tu des projets à venir dont tu souhaites nous parler ?

Je vous concocte de jolies surprises pour l'année 2023 ! Si vous aimez les objets d'art et que vous êtes curieux, on se retrouve à… La Saint Glinglin !