Guennadi Vassilkov

Guennadi VASSILKOV est né en 1947 en Ukraine. Il se forme entre 1962 et 1973. Il étudie ainsi à l'Ecole artistique de Vijnitsy, à l'Ecole Supérieure des Arts et Industrie de Kharkov et à l'Académie de Beaux Arts de Tbilissi.
Jusqu'en 1980 il se spécialise dans le design au Studio expérimental de Design et d'Architecture de Senej (Moscou).
Il cherche à concilier dans son œuvre toutes ces tendances artistiques : le design, la peinture et le théâtre.
Depuis 1989, il vit en France. Il partage aujourd'hui son temps entre le sud de la France et le Maroc.


Héritier de Malévitch, de Kandinsky, de la vieille et nouvelle Russie, Guennadi Vassilkov construit son oeuvre entre chien et loup, entre nuit et petit matin, comme un long poème où la lumière du Nord et la lumière du Sud émergent tour à tour.
Séries, je dirai plutôt suites, car on entre dans ses peintures comme dans la musique. On entend Les barrières invisibles de Bach ou encore le violon de Mikoel Galasso, tant il ressort de certaines toiles une allégresse, celle de la vie montante, avec en arrière fond les larmes d'émotions fugitives, de souvenirs extraits de son histoire individuelle. J'y vois le retour d'une neige ancienne d'où émergent les signes d'une mémoire vivace, aiguë. L'écriture toute en griffures, cordes de violon, barbelés, tend vers la litote. Qui est, comme on le sait, l'art d'exprimer le plus en disant le moins.
Comme la musique de Bach, les toiles sont à la fois très structurées et il s'en échappe la quintessence de l'émotion. Dans la série noire, le peintre laisse apparaître son goût pour l'architecture, la sculpture de l'espace. Le signe devient volume, la nuance couleur, le bleu, le rouge explosent en bouquet. Et en arrière plan la lettre se retire dans le blanc. Dans le voyage dans l'atelier, la série gris-bleu comme la série grise, interviennent comme une zone de turbulences fragi­les, où la part onirique et fragile du peintre vient en contrepoint de la série noire. On la regarde comme une confidence. Le fond blanc grisé balayé par des touches de gris, de bleu, de pointes de rouge, de vert est un enchantement au sens premier. La couleur parle de renaissance, d'espoir, de la fraîcheur des sentiments. Les notations demeurent allusives, ce sont des coups de pinceaux légers, des lignes dont l'origine et la destination restent impénétrables. Le vocabulaire de Guennadi Vassilkov a la capacité de dresser un état des humeurs du monde, de celles de l'artiste, au gré de fulgurances jaillies dans le secret du tête-à-tête entre la toile et l'artiste. Confidences jamais appuyées. L'artiste parle de lui-même certes, mais aussi de la peinture, de sa capacité à révéler la face cachée des êtres et du monde, sans pathos, sans autre bruit que celui du silence des blancs bleutés, du tonnerre des noirs, du rire cristallin du jaune et du rose Comme dans l'évolution d'un orage, le peintre suit le cours de sa recherche, interrogeant les états de son âme, comme la capacité de la peinture à produire du sens, de rassembler dans le langage des couleurs et des formes, les perceptions du monde et les sentiments personnels.
Le tableau naissant de ce va-et-vient incessant entre soi et les matériaux à disposition, une palette de couleurs, la main qui trace et les battements de l'émotion charriant un fleuve intérieur riche des moments d'une vie de voyageur avec des bagages, discret, secret, intense.
Nicole de Pontcharra Puygiron 2010