Une rencontre avec Pauline Loeb d'artfairmag : Experte en foires d'art

Pauline Loeb, Art Basel © Pauline Loeb

Cette semaine, Artsper a le plaisir de vous présenter Pauline Loeb, la fondatrice d'artfair Magazine ! Cette publication, également connue sous le nom d'artfairmag, est un guide des foires d'art locales et internationales à travers le monde, et nous sommes ravis de découvrir le parcours de Pauline, qui est passée du statut de chercheuse en art à celui d'entrepreneuse. Bienvenue dans le monde de Pauline Loeb !

1. Bonjour Pauline ! Votre parcours est intéressant : vous avez travaillé comme chercheuse dans le domaine de l'art avant de créer votre propre publication. Qu'est-ce qui vous a poussée à créer artfairmag ?

J'ai grandi entourée d'art. Mon père était commissaire priseur à Drout et nous allions tous les week-ends à l'Hôtel des Ventes, déambuler de salles en salles à la recherche de trésors, au milieu de cet inimitable désordre savamment orchestré. Toutes les vacances étaient ponctuées de longues visites de musées et notre maison regorgeait de meubles anciens, tableaux de famille et bibelots en tout genre. C'est donc très naturellement que j'ai fait des études d'art qui m'ont menées à travailler à la Galerie Kugel, pour moi les plus grands antiquaires au monde. J'ai eu la chance d'y travailler 8 ans, au contact de personnes et d'objets fantastiques. 

En 2018, j'ai suivi mon mari à Londres, avec notre petite fille de 5 mois. Je voulais travailler dans le monde des foires d'art et j'ai rapidement constaté l'absence d'un site de référence. J'ai lancé artfairmag fin 2019, base de données unique en son genre pour les foires internationales. Le Covid est clairement mal tombé ! Mais c'est précisément à ce moment qu'a débuté ma collaboration avec le Dr Clare McAndrew pour l'écriture de son Art Basel & UBS Art Market Report. J'ai également pu profiter de cette longue pause pour lancer un cycle d'interviews de directeurs de foire et de galeristes. C'est à la reprise des foires que j'ai commencé mes vidéos sur les stands. Depuis quelques mois, je réalise en parallèle des interviews à distance avec des acteurs divers du marché de l'art et je travaille également sur un rapport mensuel sur les foires, très factuel, qui viendra compléter ma newsletter au ton très personnel et qui reflète ma propre expérience des foires.  

2. Votre magazine présente des foires d'art qui se déroulent dans le monde entier. Comment choisissez-vous les foires sur lesquelles vous vous concentrez ?

Alors déjà il y a une foire que j'aime particulièrement c'est la TEFAF Maastricht car pendant presque 10 ans, j'ai été de l'autre côté du miroir en y participant avec la Galerie Kugel. Y retourner chaque année pour y admirer toutes les œuvres de qualité muséale, découvrir la composition florale du hall, y retrouver mes amis galeristes et évidemment voir toute l'équipe Kugel, c'est mon incontournable à moi ! 

Après, j'essaye de trouver un juste équilibre entre les foires majeures, les foires plus régionales et les foires locales. Évidemment, impossible de ne pas se rendre à Art Basel ou Frieze London quand on tient un magazine sur les foires. Mais ce qui est formidable dans le fait d'avoir créé mon propre magazine est que je suis libre de mettre en avant les foires qui me plaisent, quelles que soient leur taille et leur renommée, simplement pour la qualité des galeries, la direction artistique de la foire ou l'engagement de son directeur. 

Un des biais de certaines grosses foires et d'y retrouver les mêmes galeries que l'on soit en Asie, en Europe ou en Amérique. Ainsi, j'essaye de me rendre dans des foires où la sélection des exposants varie pour pouvoir faire de belles découvertes. Mon maître mot est de me faire plaisir !  

À gauche : Pauline en train d'interviewer Suzanne Marivoet, directrice de Underdogs Gallery, à Urban Art Fair 2023 © Pauline Loeb / À droite : La chambre de Pauline avec les œuvres de François Malingrëy, Jean Cocteau et Alméry Lobel-Riche © Pauline Loeb 

3. Quelles sont les foires d'art à ne pas manquer en 2023 ?

Une bonne foire c'est pour moi une synergie entre un thème inspirant, une équipe motivée et engagée, de bons exposants évidemment et aussi l'énergie que l'on ressent en tant que visiteur. 

Entre septembre 2022 et juillet 2023, j'ai visité 29 foires dans 9 pays différents ! La taille n'a pas vraiment d'incidence sur la qualité d'une foire. Par exemple cette année, j'ai particulièrement aimé les œuvres présentées au géant Art Basel tout en étant très admirative de la qualité d'une très petite foire en taille, artmonte-carlo. Pour ce qui est des foires régionales, j'aime beaucoup Art Paris, dont je salue l'ascension de ces dernières années et leur engagement écologique, ainsi qu'Art Brussels. En foires locales, j'ai été charmée par la sélection très pointue de NADA Miami et agréablement surprise par The Treasure House Fair, qui remplace Masterpiece London. Enfin, j'ai une affection particulière pour les foires très spécialisées comme AKAA pour l'art africain, Urban Art Fair pour l'art urbain ou Drawing Now Art Fair pour le dessin contemporain.

4. Vous interviewez de nombreux marchands d'art. Pourriez-vous nous raconter un moment mémorable de l'une de ces conversations ?

Le format de ces micro-interviews avec les galeristes m'amuse beaucoup. Il est venu très naturellement car je voulais donner un aperçu des foires que je visite mais le jour du vernissage, les marchands sont toujours dans le rush, d'où ce format très court, moins de 90 secondes. L'avantage est que je peux en faire un certain nombre en une journée et que ça se regarde facilement, c'est très ludique. 

Quelque chose de mémorable... Je commencerai surtout avec mon plus gros raté quand, à artgenèvre, j'ai réalisé 5 ou 6 vidéos avec de belles galeries avant de me rendre compte que mon micro était mal branché et qu'aucune n'avait de son ! 

Dans un registre plus sympa, j'ai adoré parler avec Sean Kelly à Art Basel Miami Beach. C'était la première fois que je rencontrais ce marchand que j'admire de longue date et, alors que son stand était bondé, il m'a consacré plusieurs minutes après l'interview pour me parler de l'artiste Kehinde Wiley, dont il venait de présenter une peinture en vidéo. Par la suite, j'ai eu la chance de l'interroger sur le boom du marché de l'art contemporain à Los Angeles, dans le cadre de mes « In Conversation With ».

À gauche :  La bibliothèque de Pauline avec les œuvres de Henri Bargas, Esther Imard et Samuel Yal © Pauline Loeb 

À droite : La cuisine de Pauline avec l'œuvre d'Igor Mitoraj, Persée, 1988 © Pauline Loeb

5. Artsper est une place de marché entièrement numérique et nous avons remarqué une augmentation de l'art numérique sur le marché actuel. Quelles sont les tendances récentes qui vous enthousiasment ?  

En effet, on a constaté un enthousiasme croissant pour l'art digital qui représentait en 2022 5% des ventes globales des galeristes (contre 1% en 2021). 

L'art digital interroge de bien des manières. Un point qui m'intéresse particulièrement est l'unicité de lieux d'une œuvre originale. Une même œuvre ne peut par essence pas être vue à plusieurs endroits en même temps. Je ne parle évidemment pas d'une œuvre à plusieurs tirages ou de reproductions. Dorénavant, l'art digital rend cela possible. Une galerie peut exposer simultanément la même œuvre originale dans ses différents espaces. Un musée peut faire un prêt à une autre institution, rendant l'œuvre visible dans les deux endroits. Dorénavant plusieurs originaux peuvent coexister simultanément c'est tout à fait fascinant !

6. Enfin, lequel des grands maîtres de l'art inviteriez-vous à dîner ?  

J'organiserai un dîner de filles ! Imaginez une seconde une grande tablée où Frida Khalo et Rosalba Carriera confronteraient leur vision du portrait, où Sonia Delaunay et Yayoi Kusama disserteraient sur la couleur, où Camille Claudel, Jeanne-Claude et Claude Lalanne (que de Claude !) parleraient d'amour, pendant qu'en bout de table, Louise Bourgeois et Artemisa Gentileschi évoqueraient la violence dans leur art, un verre de vin à la main… Un dîner nécessairement haut en couleurs !


Sélection d'œuvres d'art

Édition, Les Amants (The Lovers), René Magritte

Les Amants (The Lovers)

René Magritte

Édition - 45 x 60 cm Édition - 17.7 x 23.6 inch

Vendue

Sculpture, Asclépios, Igor Mitoraj

Asclépios

Igor Mitoraj

Sculpture - 38 x 28 x 8 cm Sculpture - 15 x 11 x 3.1 inch

16 000 €

Édition, Automne, Sonia Delaunay

Automne

Sonia Delaunay

Édition - 91.3 x 65.9 x 0.2 cm Édition - 35.9 x 25.9 x 0.1 inch

Vendue

Peinture, The Kid, Jef Aérosol

The Kid

Jef Aérosol

Peinture - 41 x 78 x 0.3 cm Peinture - 16.1 x 30.7 x 0.1 inch

Vendue

Édition, Constellation III, Joan Miró

Constellation III

Joan Miró

Édition - 84 x 62 x 0.2 cm Édition - 33.1 x 24.4 x 0.1 inch

Vendue

Peinture, They Were in Llandudno, Zena Blackwell

They Were in Llandudno

Zena Blackwell

Peinture - 100 x 135 x 3.5 cm Peinture - 39.4 x 53.1 x 1.4 inch

2 174 €

Peinture, La rivière bleue (Nouvelle Calédonie), Jean-Pierre Al Courty

La rivière bleue (Nouvelle Calédonie)

Jean-Pierre Al Courty

Peinture - 92 x 73 x 2 cm Peinture - 36.2 x 28.7 x 0.8 inch

2 700 €

Sculpture, Bras monumental, Christophe Charbonnel

Bras monumental

Christophe Charbonnel

Sculpture - 197 x 53 x 52 cm Sculpture - 77.6 x 20.9 x 20.5 inch

40 000 €

Dessin, Nu. Dessin à l'encre, André Derain

Nu. Dessin à l'encre

André Derain

Dessin - 25 x 18 cm Dessin - 9.8 x 7.1 inch

Vendue

Peinture, The Rose Vases, Bea Sarrias

The Rose Vases

Bea Sarrias

Peinture - 50 x 61 x 4 cm Peinture - 19.7 x 24 x 1.6 inch

2 700 €

Design, Vintage folding chair Ninfea, Gio Ponti

Vintage folding chair Ninfea

Gio Ponti

Design - 71 x 66 x 46 cm Design - 28 x 26 x 18.1 inch

2 500 €

Peinture, Library 2, Sophie Dumont

Library 2

Sophie Dumont

Peinture - 81 x 65 x 2 cm Peinture - 31.9 x 25.6 x 0.8 inch

3 900 €

Peinture, The more I see, Aba Linus

The more I see

Aba Linus

Peinture - 86.4 x 63.5 x 2.5 cm Peinture - 34 x 25 x 1 inch

2 444 €

Peinture, Portrait of Bukunmi, Damilola Ilori

Portrait of Bukunmi

Damilola Ilori

Peinture - 121.9 x 91.4 x 2.5 cm Peinture - 48 x 36 x 1 inch

Vendue

Sculpture, Violon Persistance, Arman

Violon Persistance

Arman

Sculpture - 61.5 x 27.5 x 12 cm Sculpture - 24.2 x 10.8 x 4.7 inch

28 000 €