Blandine Insler

Je suis une fille de la terre, mes racines sont agricoles. Réservée et studieuse, j'ai laissé de côté ma sensibilité littéraire pour intégrer une école d'ingénieur, puis j'ai construit la carrière managériale à laquelle j'aspirais, dans une grande entreprise.

Par sens de l'engagement et par besoin de « se prouver », je l'ai fait jusqu'à l'épuisement. Excès de « faire », besoin d'« être ».

Comment trouver l'apaisement dans la frénésie de nos quotidiens professionnels et personnels ? Comment se sentir légitime, « à sa place », malgré les paradoxes qui nous façonnent ?

Dans un cadre qui est à la fois porteur de sécurité et de contraintes, je cherche à ouvrir des espaces de liberté, de simplicité et de respiration. Un retour à soi.

Ma démarche est expérimentale et sensible. Je peins des instantanés de traces du corps en mouvement, dans un souffle, ancrée dans le moment, avec rondeur et générosité, dans un état de détachement intellectuel porté par la musique.

Par cette pratique, je cherche à faire émerger un geste juste, libre et résonnant, qui se rapproche de « l'essentiel » ; comme une réconciliation entre celle que je suis devenue et celle que je n'ai jamais vraiment cessé d'être.

L'authenticité de la peinture à l'huile, la simplicité du couteau et la rudesse des toiles de lin font écho aux vertus de mes origines.

Mon format de prédilection est le carré, probablement pour ce qu'il évoque en termes de structure et de sécurité.

Dans ce cadre, les fonds de toile blancs sont autant d'espaces d'émancipation et de transgression douces, portées par des compositions légères et aérées, des arabesques spontanées, furtives et imparfaites.

Pleines ou vides, énergiques ou calmes, vives ou sobres, rondes ou indisciplinées, mes toiles invitent chacun à s'offrir une parenthèse de contemplation, de ressourcement et d'exploration de ses propres aspirations.