Art d'Asie de l'École de Paris d'Après-Guerre.
Post-War École de Paris of Asia.
Galerie Lise Cormery, Paris.

« Contrairement aux idées reçues, l'art d'Asie n'est pas uniforme ; il recèle des trésors d'originalité, certes moins vendeurs et faciles à appréhender qu'un art stéréotypé. Qu'ils soient voués à l'abstraction ou à la figuration, le plus souvent ils maîtrisent encore magnifiquement la technique de la main levée qui permet de dessiner les formes les plus complexes et les plus régulières que l'on puisse imaginer sans s’aider d’un quelconque outil, seule la main, le cerveau, le pinceau ou le crayon sont à l’œuvre. Nous voici bien loin de la désaffection de l'Occident pour l'art des maîtres, quand les jeunes peintres ou sculpteurs s'imaginent que le Balzac de Rodin ne nécessitait pas une myriade de dessins pour transmettre à nos regards la force et la majesté du personnage.
On peut s'interroger sur le pourquoi de ces aventuriers de l'art qui quittèrent leur pays lointain pour rejoindre Paris. Ils choisirent Paris pour des raisons le plus souvent politiques et économiques, mais aussi artistiques. Ces lettrés orientaux sont venus d'Asie à la quête d’un savoir artistique occidental et d’un marché de l’art alors foisonnant et dynamique, qui n'était pas encore ‘marchandisé’ dans des jeux du pouvoir économique intimement liés au politique le plus bas. Ces chercheurs d'art sont venus aussi attirés par l’aura de Paris et son accueil généreux envers les artistes, que ce soit les galeristes qui ne monnayaient pas leurs services et faisaient confiance pour vivre à leurs fidèles amis les collectionneurs, alors érudits et férus d’art qui adoptaient les œuvres des nouveaux venus pour orner les murs de leurs maisons.
De même le gouvernement inaugurait avec Malraux en 1964 une politique généreuse avec une Sécurité Sociale qui n’était pas en fonction des revenus et leur ouvrait des ateliers pour des sommes modiques, ainsi Akagi bénéficiait d’un magnifique atelier avec terrasse qui surplombait le XVe arrondissement de Paris même s’il écrivait « misère ». Mais « 1984 » coupera cours à cette manne. Cependant, travailleur acharné avec son épouse, bientôt un appartement rue Croix Nivert lui servait à stocker ses tableaux.
Exposé en permanence à la Galerie de Lise Cormery qui lui écrit son Catalogue Raisonné ils allaient y choisir les nouvelles peintures pour leurs « Biennales Akagi » de 1990 jusqu’en 2005, où Jean-Marc Léri, Conservateur en Chef du Musée Carnavalet lui organisera une magnifique rétrospective au Musée du Parvis de Notre Dame en parallèle à celle de la Galerie de Lise Cormery et, rendons grâce au Directeur Léri si le Musée Carnavelet possède une magnifique collection d’Akagi, constituée de plus de cent œuvres.
Akagi aimait passer Noël en famille avec Lise Cormery et son fils Arnaud qu’il peindra à la mort du peintre Gilles Cormery. Mais nos mémoires s'effacent et l'on a oublié que le Japon était alors dévasté, c'est la raison pour laquelle Kojiro Akagi l'avait quitté pour Paris, dont il deviendra le merveilleux témoin, grand peintre et fin lettré.
Akagi nous a quitté à regret en 2020, mais, bien tristement, de son au-delà, lorsqu’Akagi rejoindra sa si fidèle épouse qui lui avait tant manqué, il verra ses enfants, ses chers tableaux ; même ceux en gestation qui ne quittaient jamais son atelier où il résidait et travaillait jour et nuit ; volés par des bandits de grands chemins, « amis » perfides, qui n’y avaient guère mis les pieds de son vivant. Sa famille japonaise a heureusement alerté l’OCBC qui va bientôt retrouver ses aquarelles et ses huiles qui retourneront dans sa terre japonaise où il est né et décédé, après avoir aimé Paris, passionnément, à la folie.


Tous les artistes présentés dans cette exposition sont dans les collections de musées internationaux. On citera notamment Key Hiraga, Kato Hajime et Kojiro Akagi du Japon avec plus de cent œuvres au Musée Carnavalet de Paris ; Chen Chin et Liu Yang Jer dans la collection du Musée de Taipei à Taiwan ; Zhu Xinjiang, Xu Beihong, Ma Desheng, Li Shuang de la République Populaire de Chine ; Ha Indoo et Riu Min Ja, Moon Chin, Li Jae Yong, Kim Han, présents au MMCA Museum of Modern and Contemporary Art de Seoul, et la Délégation de Corée du Sud des Olympiades des Arts de Paris ; Kam Zin Choon et Min dans la collection du Musée National de Singapour.
Les expositions des Olympiades des Arts de Paris de 1991 et 1992, permirent aussi de présenter durant plusieurs mois l’excellence de l’art de Corée du Sud avec une délégation artistique importante. Cet évènement international sous la Présidence du Président François Mitterrand, du Maire de Paris Jacques Chirac, de Juan Antonio Samaranch, Président du Comité International Olympique, et Nelson Paillou Président du Comité National Olympique et Sportif Français était organisé pour le CNOSF par la Galerie de Lise Cormery.
Il était précédé à Paris dès 1990 et 1991 avec Les Jeux de l’Avenir de Paris organisés par la Galerie Lise Cormery pour le CNOSF avec l’exposition du grand artiste de l’art cinétique et optique de renommée internationale de l’Ecole de Paris du Vénézuela, Asdrubal Colmenarez.
Les Olympiades des Arts de Paris de 1991 et 1992, faisaient suite aux Olympiades des Arts de Séoul de 1988 où la ville crée pour cette occasion un musée de peinture et un musée de sculptures monumentales en plein air, le SOMA, où l'on peut encore admirer une sculpture monumentale de Moon SHIN, qui représentait la Corée du Sud et d’Asdrubal Colmenarez, parmi tous les artistes invités, venus du monde entier pour exposer et représenter l'art du XXe siècle. Cette heureuse initiative permettait ainsi de renouer à grande échelle avec la tradition ancestrale des Jeux Olympiques de la Grèce d'antan où les compétitions artistiques étaient parallèles aux jeux sportifs, ceci conformément aux souhaits de Pierre de Coubertin, son initiateur au XXe siècle.
Tous ces artistes sont alors venus de très loin pour découvrir Paris, alors Ville Lumière, devenue depuis Ville Poussière. Le Phare des Arts qu'était Paris n'est plus, le jeu des pouvoirs a fait son œuvre même si quelques passionnés résistent encore. Cependant, la Corée du Sud et la Chine sont désormais les nouveaux Eldorados pour les artistes en quête de collections muséales.
Taiwan n'est pas oublié avec Chen Chin, maître de la calligraphie herbeuse qui peint les chevaux littéralement vivants sur le papier oriental. En 1987, ils couraient sur des rouleaux de plusieurs mètres le long des murs blancs de la galerie de Lise Cormery. Liu Yang Jer, plus retenu, plus géométrique, joue sur l'innovation et la tradition comme les nombreux artistes chinois exposés dès 1986, qui feront partie de l’exposition « Tradition et Innovation » au Musée Beaubourg Centre Pompidou et parallèlement à la Galerie Lise Cormery en 1987 avec le critique d’art et expert sinologue Christophe Comentale. »
« L’exposition de 2024 de la galerie de Lise Cormery présente les œuvres des artistes d’Asie, la plupart faisant partie des expositions des Olympiades des Arts de Paris en 1991 et 1992, dont Boong Hyun Choi, Corée du sud | 1941 ; Chen Chin, Chine | 1930 ; Choi TAI SHIN, Corée du sud | 1940 ; Chung Ha MIN, Corée du sud | 1938 ; Cui ZHENG ZHI, Corée du sud | 1950 ; Deok Hyu Choi, Corée du sud | 1922 ; Dhali Al-Mamoon, Bangladesh | 1958 ; E. X Jing, Singapour | 1920 ;
Geeta Dass, Inde | 1963 ; Guang Jun, Chine | 1938 ; Ha In-Doo, Corée du sud | 1930 ; Hajime Kato, Japon | 1925 ; Ho Sook, Corée du sud | 1940 ; Ikage, Japon | 1950 ; Jeong kyu lee, Corée du sud | 1940 ; Joung Soo KIM, Corée du sud | 1940 ; Jun Myung Ja, Corée du sud | 1942 ; K. Nakata, Japon | 1950 ; Kam Zin Choon, Singapour | 1931 ; Katsunori Hamanishi, Japon | 1949 ; Kenji, Japon | 1958 ; Key Hiraga, Japon | 1936 – 2000 ; Kim Han, Corée du sud | 1938 ; Kim Han Chang, Corée du sud | 1945 ; Kim Joo-young, Corée du sud | 1948 ; Kim Young joo, Corée du sud | 1940 ; Kojiro Akagi, Japon | 1934 ; Kong Ok Sim, Corée du sud | 1950 ; Kuk-Jin Kang, Corée du sud | 1939 ; Kwan Soo Park, Corée du sud | 1950 ; Li Ja-gyong, Corée du sud | 1943 ; Liu Yang Jer, Taïwan | 1944 ; Lu Chong Min, Singapour | 1933 ; M. Sakai, Japon | 1940 ; Ma Desheng, Chine | 1952 ; Man Soo Park, Corée du sud | 1942 ; Ruy Min Ja, Corée du sud | 1942 ; Min Park, Corée du sud | 1940 ; Minoru Kano, Japon | 1930 ; Moon Jang chull, Corée du sud | 1945 ; Moon shin, Corée du sud | 1923 ; Myung Ja chun, Corée du sud | 1939 ; Oh Choon ran, Corée du sud | 1938 ; Oh Kyung hwan, Corée du sud | 1941 ; P. Chang, Corée du sud | 1930 ; Park Hang do, Corée du sud | 1939 ; Ryu Hu rial, Corée du sud | 1940 ; Shim sang ok, Corée du sud | 1940 ; Song Jiha, Corée du sud | 1939 ;
Sung Soo Kwak, Corée du sud | 1950 ; Surk Wham Park, Corée du sud | 1961 ; Tetsuo Araki, Japon | 1937 ; Utagawa Kunisada Toyokuni III, Japon | 1800 ; Wu Biduan, Chine | 1926 ; Xu Beihong, Chine | 1895 – 1953 ; Y CHOO, Corée du sud | 1938 ; Y Kumanda, Japon | 1938 ; Yo Ichikawa, Japon | 1929 ; Yoo Ha song, Corée du sud | 1939 ; Young-Joo KIM, Corée du sud | 1920 ; Zhu Xinjian, Chine | 1953. »

Extrait de « L’École de Paris d’Après-Guerre (1945-1999) Histoire artistique et politique », Lise Cormery, Michelangelo publications, Paris 2021, Réédition 2024.