Artiste exigeante et engagée, Carmen Selma expose pour la première fois à l’Atelier Pièce Unique. Dans ses peintures, elle explore le passé pour déchiffrer le présent.

Les toiles de Carmen Selma dégagent une force impressionnante. Personnages à l’allure altière, couleurs acidulées, touches énergiques, dans une veine expressionniste, l’artiste peint son pays, l’Espagne. Elle évoque la guerre civile, la dictature de Franco, mais aussi les événements familiaux, les traditions qui jalonnent la vie, comme les baptêmes, les mariages… Pour sa première exposition personnelle à l’Atelier Pièce Unique, Carmen Selma présente principalement des œuvres de sa série La grande fête de l’Espagne. « Ce sont des peintures sur la tauromachie, les fêtes religieuses.

De nombreuses œuvres sur l’enfance complètent la sélection de la galerie. » L’artiste explore le passé pour mieux comprendre qui nous sommes, ce qui nous construit. Elle ne cherche pas l’anecdote. « La mémoire est l’un des piliers fondamentaux de mon travail. Je m’intéresse particulièrement à la découverte du passé, dans lequel je me plonge pour tenter d’appréhender le présent. Ma peinture pose des questions politiques et sociales. Les revendications actuelles de nos sociétés rejoignent celles d’hier. Je m’interroge ainsi beaucoup sur la place des femmes. »

Carmen Selma travaille à partir de photographies anciennes, personnelles ou anonymes, qu’elle réinterprète librement. Elle imagine l’histoire, les émotions des personnes saisies par l’objectif, en s’appropriant leurs expressions et leurs gestes. Si elle réfléchit à ses compositions à l’avance, elle se laisse aussi guider par son pinceau. « J’aime la spontanéité. J’instaure un dialogue entre la toile et moi. » L’artiste peint à l’huile, privilégiant souvent les grands formats. « J’utilise une technique du passé avec une perspective contemporaine. » Passé et présent se rejoignent ainsi dans la forme et dans le fond. « Mon intention est d’éveiller l’attention, d’appeler à l’observation et la réflexion dans un contexte où l’immédiateté, vertigineuse, semble vouloir tout ! »