Laurent Thérèse

Laurent Thérèse est né à Nice où il vit et travaille. Après avoir effectué des études d'Histoire Ancienne à l'Université Sophia-Antipolis, il découvre la photographie au retour d'un premier voyage au Proche-Orient. Une première série « Urban Western », inspirée de l'univers de John Ford lui permet d'être remarqué à Arles en 2009. Parallèlement à cette série, il entame un travail sur le littoral de la Riviera française et italienne qui tend à faire voir l'autre côté de la Riviera, celui d'une réalité moins clinquante et touristique. L'itinéraire qu'a choisi Laurent Therese n'est pas des plus aisés, images classiques en noir et blanc, de petit format, bien loin de celles qui nous sont généralement proposées sur le bord de mer. « C'est ainsi que je vois les paysages, de manière décalée, j'aime mettre en évidence ce qui est sous nos yeux et que personnes ne voit.

"Dans cette nouvelle série Time, réalisée à Nice entre 2011 et 2016, il pose là encore un regard différent sur sa ville natale et l'un de ses lieux les plus emblématiques Rauba-Capeu. A l'opposé de l'image lissée de la carte-postale et d'une Promenade des Anglais, inondée de soleil et haute en couleurs, il préfère affronter les embruns et le mauvais temps. Il traque les failles de ces moments bien réels qui font aussi la beauté de ce patrimoine pour réaliser ce qui lui parait être la photo au plus juste. Pas de ciel ni de mer bleus, plage vide, ciel tourmenté et menaçant, peu de personnages, seules quelques silhouettes emmitouflées, difficiles à identifier, photographiées à la manière d'un plan-séquence. La matière se reflète grâce à un jeu simple d'ombres et de lignes. Le noir cache les formes mais la lumière résiduelle en accentue les contours et les masses et confère une atmosphère particulière, presque inquiétante. Seul est mis en avant au premier plan un pylône portant une caméra de sécurité, qui, telle l'aiguille du cadran solaire, mesure le temps. Authenticité au-delà de toute idée préconçue ces clichés touchants témoignent d'une grande sensibilité et contribuent à exprimer une émotion, une sensation voire une nostalgie naissante de la part de l'auteur. Ils sont livrés comme une plongée au plus près de la vie des Niçois et confèrent à cette ville - qu'il aime profondément - une dimension nouvelle et poétique. 

Marie-France Bouhours Directrice Artistique du Musée de la Photographie à Nice