Juliette Marie Regnier

"Contraste, symboles, trace, apparition et effacement..." "S'engager dans le mouvement de l'abstraction lyrique. Le langage de l'abstraction étant pour elle, le langage de la liberté et de l'auto-libération. Fascinée par la texture des surfaces, elle décide pour construire ses propres expériences avec la matière picturale. "La butineuse" collectionne donc différentes matières qu'elle intègre dans ses couleurs. Elle débute souvent ces créations en recouvrant des oeuvres réalistes qu'elle peint au préalable. Comme gommer pour recommencer une histoire. Elle pratique aussi la technique du "frottage" et à l'image des hiéroglyphes "incise" sa toile de repères et de codes personnels : croix, portes et échelles.De ces débuts, études et réalisations sur le sujet du handicap et des corps féminins stigmatisés, elle décide d'en garder des traces, manque sur la toile comme une manière de leur rendre hommage, à travers des formes décevantes et abîmées. Une pause artistique, un voyage intérieur, a provoqué une sorte de choc pour laisser place maintenant à plus d'abstraction n laissant place aux gestes, aux mouvements, aux couleurs, aux prolongements du corps sur la toile en jouant sur les couches de matière, les médiums, sur les sens, avec des outils improbables, moins conventionnels. Elle travaille principalement avec des "matériaux pauvres" et utilise des techniques de collage, de grattage, de lacération, de déchirure, associant la peinture à la poussière, au sable ou à d'autres médiums. "La butineuse" qui ramasse ça et là en a fait son nom d'artiste. Elle collectionne comme pour constituer un cabinet de curiosités avec des éléments symboliques qui apparaissent sur les toiles comme une forme de jeux auxquels on se prête facilement : gribouillages, croquis , des mots en écriture miroir, des lettres, de la calligraphie, des chiffres, des motifs...des signes graphiques dans lesquels chacun peut trouver sa propre histoire, qui nourrit son style, son maître mot : "laisser des traces, des salissures, un chaos ordonné…" et qui "séduisent à leur petite-fille intérieure".