Diane Corbin

Artiste dessinatrice philosophe, je m'intéresse particulièrement au besoin actuel de faire sens pour trouver sa place. 

L'ensemble de ce processus dépend de la capacité à ressentir une sensation agréable que l'on a nommé « plaisir », premier indicateur de l'alignement intérieur.

Malgré la mauvaise presse dont il souffre, le plaisir est autant central qu'indispensable au bien-être et au développement humain. Je m'intéresse ainsi à la place que l'on donne aujourd'hui au plaisir, avec le désir de l'extraire du collimateur de la culpabilité. 

Pour partager, avec force et poésie, mon envie de construire ensemble le monde qui nous attend, j'utilise le dessin et le récit pour comprendre et raconter l'humain paradoxal du XXIe siècle afin de redéfinir le plaisir et sa place.

Mon parcours de vie peut faire miroir avec une grande partie des citoyen·ne·s occidentaux·ales : née dans une grande ville, j'ai eu une enfance très exigeante axée sur la réussite scolaire. J'ai grandi avec le sentiment de ne pas être à ma place et de suivre un cursus tout tracé sans avoir l'espace d'exprimer mes besoins. Une fois majeure, malgré mes convictions et mes divers engagements (nuit debout, désobéissance civile, zadiste à Notre Dame des Landes à l'époque), je me suis détournée de ma pratique artistique pour suivre une formation en publicité et graphisme. Les conflits de valeur et mon incapacité à dire «non» m'ont conduit droit au burn-out à l'âge de 23 ans, que j'ai identifié bien plus tard. Après mon diplôme et en pleine quête de sens, j'ai tout quitté pour me former en Économie Sociale et Solidaire. Je découvrais enfin un univers passionnant aux valeurs humanistes et aux rêves porteurs. Cependant, malgré les perspectives enthousiasmantes des projets que j'ai accompagnés, j'ai régulièrement fait face à la présence de conflits au sein des équipes de travail. J'ai pu observer diverses problématiques entre mauvaise communication et manque de connaissance de soi...

L'appel à « penser de nouveaux imaginaires » lancé par Cyril Dion ainsi que mon travail aux côtés de la chercheuse Isabelle Delannoy, m'ont inspiré l'envie de créer un outil de médiation facilitant la communication et la traduction de concepts parfois rébarbatifs. J'ai pour cela choisi de m'appuyer sur l'art / le dessin et ce que j'aime appeler la «philothérapie». 

auPlaysir Imaginaire est le résultat de l'ensemble des interrogations qui m'ont traversées au gré de mes expériences. 

Un sujet récurrent m'a cependant régulièrement interpellé : mon sentiment d'inconfort face au plaisir: si je me l'autorise sans l'avoir mérité, je culpabilise. Si je ne me l'autorise pas, je suis malheureuse… et de surcroît, l'avenir s'annonce sans plaisir entre l'hyperfonctionnalisme technologique ou la « menace » du retour à l'âge de pierre… Quelle place donner au plaisir dans le monde de demain ? Sommes-nous voué·e·s à subir notre existence ?

Pour amorcer un élan de changement, ce conte philosophique reprend le parcours d'une thérapie (connaître son histoire afin de faire des choix conscients). Je l'illustre avec des œuvres réparties en 3 peuples :

> les «DitOus» racontent notre histoire, je dessine en m'intéressant à la question «comment en sommes-nous arrivé·e·s là ?»

> les «DipatOus» et les «DinoutOus» incarnent nos conflits intérieurs et/ou la radicalisation de la société actuelle. Je m'intéresse à rappeler que derrière nos désaccords nous avons toutes et tous les mêmes besoins ainsi que des rêves similaires.

Grâce à la poésie, l'humour et l'esthétisme, je questionne l'imaginaire collectif en racontant ce que l'on nous raconte afin de questionner nos croyances et de les repenser.

Mon objectif : ouvrir et accompagner le dialogue là où la méconnaissance de soi et de son histoire est source de conflit et, dans le pire des cas, de guerres (ô royaume des déplaisirs). Avec auPlaysir, je porte le rêve d'un monde valorisant le plaisir, le retour à la sensualité et le soin du vivant. J'œuvre pour l'espoir d'un monde en paix conscient de son histoire qui accueille et respecte la différence, la singularité de la multitude de formes de vie.