Les projets d'Estudio MMX : « CVC house » © Rafael Gamo and « FNO pavillion » © Yoshihiro Koitani

Le cabinet d'architecture Estudio MMX a vu le jour en 2010 à Mexico, d'où il tire son nom. Ses 4 fondateurs, Jorge Arvizu, Emmanuel Ramírez, Ignacio del Río et Diego Ricalde, ont chaleureusement accepté la proposition d'Artsper de faire visiter leur studio. La spécialité de ce cabinet à huit mains ? Une approche unique des propriétés résidentielles. Ils ont redéfini le concept de maison familiale en une construction en forme d'origami, semblable à une enveloppe ouverte, qui est devenue l'une des signatures du studio aux côtés d'autres projets dans l'espace public.

1. Bonjour Jorge, Emmanuel, Ignacio et Diego ! Comment décririez-vous votre style architectural et où puisez-vous votre inspiration lorsque vous commencez un projet de design ?

Nous ne recherchons pas un style préconçu, et nous n'essayons pas non plus d'en suivre un ou de l'établir. Nos conceptions sont le résultat d'une observation attentive et d'une compréhension des besoins de nos clients, du site où l'architecture prendra place, des systèmes géométriques, des performances structurelles, des restrictions budgétaires et des processus de construction. Nos projets varient donc en fonction de chacune de ces situations. Nous nous intéressons à la géométrie et à l'architecture en tant que systèmes. Quant à notre « inspiration », elle se nourrit de différentes origines, telles que la nature, les techniques de construction traditionnelles et même nos observations quotidiennes.

Pour chaque nouveau projet, entre en jeu notre analyse des différents éléments et variables, qui sont spécifiques au site et au contexte. Nous nous appuyons sur nos connaissances et les traditions locales, tant sur le plan matériel que spatial. Il en résulte des bâtiments et des espaces publics facilement reconnaissables et naturels par rapport à leur environnement.

Les fondateurs d'Estudio MMX : Diego Ricalde, Ignacio del Río, Jorge Arvizu, and Emmanuel Ramírez

2. Quels ont été vos projets passés préférés à tous les quatre ?

Chaque projet a ses propres caractéristiques, il est donc difficile de répondre à cette question car nous avons réalisé des projets de taille variée et dans des lieux différents. Celui qui nous vient à l'esprit est peut-être celui du premier concours que nous avons remporté, le pavillon de l'ECO Museum conçu par Mathias Goeritz à Mexico. Nous avons pu créer un espace fort malgré une intervention minimale. Nous avons eu l'occasion d'utiliser des matériaux non conventionnels, tels que des cordes et des chaînes, d'une manière contemporaine afin de créer un espace éphémère, fluide, flexible et sans obstacles.

3. Diriez-vous que l'art joue un rôle important dans vos créations ? Comment son influence se manifeste-t-elle dans votre architecture ?

L'art joue un rôle central dans notre pratique, puisque l' architecture elle-même est une quête artistique. Toutes les différentes expressions artistiques, discursives, formelles et géométriques sont des supports de base pour penser notre point de départ conceptuel.

4. Comment Estudio MMX voit-il le dilemme architectural entre la création d'un espace public et la quête d'une indépendance privée ?

La relation entre les espaces ouverts et fermés a toujours été un intérêt dans notre pratique. Nous cherchons à brouiller cette ligne dans des espaces non déterministes, qui permettent une connexion entre l'intérieur et l'extérieur, que ce soit en ville ou à la campagne. Récemment, nous avons exploré l'idée d'un continuum spatial qui ne repose pas sur la dualité entre le public et le privé. Il s'agit d'un système spatial qui peut créer progressivement différents degrés d'intimité et d'exposition, d'intimité et d'ouverture. Les espaces publics devraient avoir une certaine échelle d'intimité, afin de permettre à chaque individu de bénéficier de son propre espace tout en faisant partie d'un lieu commun. C'est un sujet que nous explorons encore.

À gauche : « CBC house » et à droite « CAB house » © Rafael Gamo

5. Quels sont les artistes contemporains, célèbres ou émergents, qui sont pour vous une source d'inspiration ?

Nous avons tous les quatre des intérêts artistiques différents. Nous sommes cependant unis par notre amour de l' art mexicain. Nous sommes constamment inspirés par des artistes mexicains tels que González Gortázar, Vicente Rojo, José Clemente Orozco, Damián Ortega, Yoshua Ocón, Abraham Cruzvillegas, Francisco Toledo, Rufino Tamayo, Pedro Reyes, Carlos Mérida, Mario García Torres, Javier Marín et beaucoup d'autres, qui ont imprimé leur vision sur des questions locales et mondiales.

Les artistes de renommée internationale qui nous inspirent également sont Olafur Eliasson, Ai Weiwei, Anish Kapoor, Damien Hirst, Jenny Holzer, Barbara Kruger, Banksy, Rafael Lozano-Hemmer, Christo, Yayoi Kusama et Francis Bacon. Ces artistes sont capables de nous faire voir d'autres réalités dans différentes parties du monde à travers un prisme singulier.

6. Comment la scène mexicaine du design a-t-elle évolué au cours de la dernière décennie ? Quelles sont vos prévisions quant à son avenir ?

Depuis quelques décennies, la collaboration a été un facteur très important dans la croissance de l'architecture mexicaine. Celle-ci est appelée à se développer à mesure que la profession s'éloigne du concept de l'individu, de la « figure de génie » de l'architecte, pour privilégier davantage le travail d'équipe. Nous avons vu de nombreux studios présenter des résultats importants et intéressants grâce à des collaborations tout au long du processus architectural. Nous espérons que cela continuera, car nous pensons que le travail d'équipe permet d'obtenir une architecture meilleure et plus réfléchie.

Quant à l'orientation de la scène mexicaine du design, il y a encore beaucoup de travail à faire concernant la dynamique de la ville et sa relation avec sa géographie. Nous espérons que les interventions dans les espaces publics et la prise en compte des complexités de notre vaste paysage et de nos ressources naturelles continueront à se développer. Nous aimerions également que le gouvernement et les bailleurs de fonds privés se coordonnent pour s'attaquer aux multiples obstacles auxquels le Mexique est actuellement confronté afin de trouver ensemble des occasions d'encourager les programmes publics, qui bénéficient aux petites villes du Mexique et au pays dans son ensemble.

« CAB house » © Rafael Gamo